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par Francis Pian • le 30 mai 2023

Des idées et des luttes : Justice !

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Justice, un cri !

Oui, Justice ! C’est un cri que lance Frédéric Borgella, un officier d’artillerie de l’armée de Paris. Un petit opuscule à la couverture rouge, les lettres en noir. Un texte écrit en 1871 consacré à l’épouvantable Semaine sanglante du 21 mai au 28 mai 1871, issue fatale de la Commune de Paris.

Justice pour qui ? pour quoi ? Pour les morts de la Commune. Il y a du Vallès dans le ton et le verbe, il y a de la Louise Michel dans le cri.

Les éditions du bas du pavé, ont retrouvé grâce à Pascal Baumer, de l’Association des Amies et des Amis de la Commune de Paris, ce petit texte publié une première fois à Londres. Sylvie Braibant, coprésidente de l’association en réalise une préface bien menée. On y reconnaît la journaliste de conviction. Elle souligne que « les mots employés [par Borgella], excessifs sont à la hauteur de la douleur collective. Une souffrance dont à ses yeux, un homme, plus que tous les autres est responsable. Ce coupable c’est Adolphe Thiers. […] Ce meurtrier qui ne fut jamais jugé malgré l’appel de justice lancé par ses victimes ». Elle relève aussi que Borgella, aide de camp de Louis Rossel, veut réhabiliter celui qu’il avait côtoyé aux pires heures de la répression, celui dont le gouvernement de Thiers voulait faire un exemple en le condamnant à mort et en l’exécutant en quelques semaines.

Frédéric Borgella insiste d’entrée de jeu sur la violence de la répression. « Mais, chez aucun peuple, en aucun temps, cette raison du plus fort, n’a eu les proportions immenses que lui ont données, que donnent, encore, les Versaillais à Paris. »

La bataille des chiffres bat son plein aussi dans ce texte. La municipalité de Paris parle de 18.000 morts, c’est sans compter pour Bargella les hommes tombés en combattant derrière les barricades.

La froideur du témoignage
Parmi les passages les plus durs de l’ouvrage, relevons cette lettre d’un chef de bataillon versaillais : « Quand nous en avions un tas, de ces voyous, que l’on trouvait dans les greniers er les caves, on creusait pour eux un énorme trou de 5 mètres de diamètre, sur 1 mètre 60 de profondeur. Nos gendarmes, alors, les poussaient à coups de crosse dans le trou, où ils en empilaient tant qu’il en pouvait tenir. Puis, reculant de deux pas, ils faisaient feu à volonté dans le tas. Tant que ça grouillait, nous tirions ». Cet extrait fait songer au livre de P.O. Lissagaray, Histoire de la Commune de 1871.

Un autre fait est beaucoup plus rarement rapporté, un voile pudique était jeté sur ces agissements, le viol d’une jeune fille. Oui, « un des soldats la viole avec une rage féroce, tandis que ces camarades l’excitent par mille gestes inénarrables. La scène finit par un coup de sabre-baïonnette qui mit à nu les intestins la victime ».
N’oublions pas les exécutions isolées, non comptabilisées dans l’horreur et la violence incitée, cautionnée par les officiers. « Combien de scènes pareilles nous faudrait-il décrire encore, pour donner seulement une faible idée des massacres de Mai. »

La référence au général Gallifet particulièrement odieux pendant cette répression fait un sinistre écho à sa nomination comme ministre de la Défense d’un gouvernement, dit de gauche, de la 3e République.

Foutriquet et la vile multitude
Le texte devient puissant dans la dénonciation de Thiers. Nous savons qu’il a refusé toute discussion avec la Commune, préférant le massacre soutenu en cela par une bonne part de la classe politique et des intellectuels dont un certain Emile Zola (cf. Les écrivains contre la Commune, Paul Linsdky, Ed. La Découverte, 2021). L’auteur devient pamphlétiste dans sa description de Thiers, dit « Foutriquet », « ce bout d’homme, large et court ». Il dénonce les manœuvres de ce triste sire pour accéder au pouvoir, le massacre accompli.
Soulignons que les plus hautes autorités de la République, aujourd’hui, valorisent ce personnage et estiment que la République, en 1871, était à Versailles. Pour nous, la République démocratique et sociale, il y a 152 ans, se défendait à Paris.

Francis Pian

Justice ! Frédéric Borgella. Ed. Le bas du pavé, 2022

PAR : Francis Pian
Groupe Commune de Parisz

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