Un professeur d’histoire du collège du Bois d’Aulne (Yvelines, France) faisant un cours non magistral, à savoir fondé sur des documents à étudier par ses élèves pour les faire réfléchir et s’exprimer de façon libre et donc autonome, au lieu de leur dicter sa propre version de l’histoire, a été assassiné pour le faire taire, le 16 octobre 2020.

Quand le ministre de l’intérieur déclare dans un communiqué que "C’est la République qui est attaquée" avec "l’assassinat ignoble de l’un de ses serviteurs", il fait passer un discours idéologique. En tant qu’anarchiste, je préfère déclarer que c’est à nouveau la liberté de s’exprimer librement qui est attaquée. Hier dans le cadre de la liberté de la presse, aujourd’hui la liberté d’enseignement. Et c’est un homme libre qui a été tué, pas un "serviteur" de l’État. Un enseignant a été assassiné dans le libre exercice de ses fonctions dans un espace de l’école publique.

"Notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosité du terrorisme islamiste", dit encore Jean-Michel Blanquer, un discours idéologique autoritaire appelant à se ranger derrière l’État en un seul bloc. "Notre unité et notre fermeté" signifient pensée unique et répression. Et parler de "la monstruosité du terrorisme", ça suffisait bien, de tout terrorisme, y compris le terrorisme d’État.

"Nous ferons face", conclut le ministre, mais, dans une démocratie, on ne fait pas face en faisant abattre un suspect par les forces de l’ordre, on fait fonctionner la Justice. Où sont aujourd’hui en France la justice et l’indépendance des pouvoirs ?

Monica Jornet
Groupe Gaston Couté FA