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Dans un sale État
par Monica Jornet le 13 avril 2020

Penser le confinement

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Confinement : oui mais...
Je suis pour le confinement sans y applaudir, c’est quand même une fois de plus la solution zéro coût qui nous a été imposée : pas de masques, pas de tests sérologiques, qui auraient justement pu éviter cette mesure totalisante et donc fatalement totalitaire. Nous sommes confinés parce que notre gouvernement n’a absolument pas prévu de quoi faire face à une crise sanitaire.



De fait tant pis pour ceux dont on considère qu’ils ou elles doivent travailler même sans protection dans l’intérêt général, les inégalités se creusent encore plus pour les précaires. Et si la catastrophe avait été chimique ou nucléaire ? On ne serait probablement même plus là pour en parler. Donc on savait déjà les capitalos méchants, on a découvert avec effarement que l’État était bête et méchant. Quant à l’Armée et l’Église, on leur doit l’arrivée massive du virus, merci le sabre et le goupillon, pas étonnant quand l’obéissance et le dogme remplacent la rationalité. Mais les électeurs/trices étant trop bons trop cons, oublieront bien vite que non la concurrence et la privatisation n’allaient pas permettre un service plus « performant » et se sacrifieront même pour redresser les dividendes des actionnaires, heu, l’économie française.

Que penser du confinement ?
La population a été mise « hors d ‘état de nuire », n’est-ce pas, isolée pour éviter toute contagion comme au temps où les anars étaient relégués par le fascisme à Ventotene [note] . Ce qui me pose problème avec le confinement c’est de penser qu’il était évitable et de ne pas avoir de perspective claire de son terme et son issue ni du point de vue sanitaire ni du point de vue politique. Confinement oui, flicage non : si le confinement est devenu nécessaire en raison de l’incurie de nos gouvernants, et donc je m’y tiens librement, leur méthode coercitive et répressive, absolument critiquable, est politique. Ils pourraient faire encore « mieux » : reconnaissance faciale, bracelet électronique... ils attendent juste notre acceptation et au vu des délations actuelles de voisins ne respectant pas le confinement par appel à la police, ils peuvent être optimistes. Le monde qui se prépare est effrayant, juste comme ils aiment. A Orléans des drones vont surveiller les rues... Il y a déjà des matraqués au seul motif qu’ils étaient sortis sans raison valable ! Est-ce qu’on est encore dans un régime constitutionnel ? Comme avec la militarisation des rues après les attentats sous prétexte de sécurité, il est à craindre que le gouvernement ne revienne pas en arrière. Interdire les manifestations, les regroupements, contrôler notre vie privée, lister nos déplacements, nos contacts, et tout cela accepté socialement : quelle aubaine pour le pouvoir ! A quelque chose malheur est bon, pour eux et pour tous ceux qui se préparent déjà à s’enrichir avec le Covid et l’après Covid.


Plus terrifiant que le Covid
En réalité, il ne faut pas avoir peur du coronavirus qui, somme toute est soignable dans la grande majorité des cas, à condition d’être soigné justement... mais d’un gouvernement qui a cassé l’hôpital au point qu’il n’y a pas de respirateurs pour tous les patients gravement atteints ni de protection pour les personnels soignants. Et ce que j’ai trouvé proprement terrifiant, c’est cette liste officielle des personnes dont il serait acceptable ou pas qu’elles meurent en quatre catégories. Ça a un relent de nazisme. Et j’entends déjà des gens, trouver qu’après tout entre un tel de tel âge et un tel de tel âge, il est normal de choisir ! D’autres se félicitent de résoudre la surpopulation ou le problème des retraites. Les partis fascistes ont de beaux jours devant eux, la société est prête. Le chacun pour soi du néolibéralisme a conduit là ou ramène plutôt là inévitablement.


L’après Covid
Les plus optimistes mais aussi les moins politisés, les mêmes qui croient que nous résoudrons le problème de la pollution en réduisant notre petit bilan carbone individuel, parlent de la prise de conscience incroyable qui est en train de s’opérer, rien ne sera plus jamais comme avant, me disent-ils. Désolée de refroidir leur enthousiasme, mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, eux ils veulent mais ceux qui peuvent, ne voudront pas renoncer à leur système de pouvoir et d’enrichissement. Des réseaux de solidarité se créent, fort heureusement, mais je ne pense pas qu’une dynamique de l’entraide se créera durablement. Bien au contraire. Fermeture des frontières, volonté d’autarcie, justification d’un nationalisme accru. Le post-covid sera aussi le temps de la défiance (à outrance et sans masque au sens figuré, peut-être avec masque obligatoire au sens propre) d’autrui, danger potentiel, le recul de la sociabilité, de la civilité : « Désolée mais je ne fais plus la bise ». « Et si on se faisait plutôt ce petit apéro sur Skype ? Moi je prendrai une Corona sans virus 35cl bien sûr ! »

Monica Jornet
Groupe Gaston Couté



PAR : Monica Jornet
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le 13 avril 2020 11:29:59 par François

Accepter le confinement et refuser le flicage n’est-il pas contradictoire? La simple lecture des chiffres montre clairement que ce Coronavirus n’est pas si dangereux que cela: la pollution de l’air c’est 20 000 morts par jour ( et je ne parle pas des guerres, de la misère, famine etc... ). Il est intéressant de s’apercevoir qu’un petit virus ( en terme de morts ) fait agir nos dirigeants politiques et économiques ( peu de réactions du Medef face au "blocage" de l’économie ) avec autant de détermination. Dommage de ne pas prendre en considération l’exemple de la Suède, qui sans confinement, à un taux de décès et de malades tout à fait comparable aux autres pays et inférieur à celui de la France. Même la Suisse impose un confinement mois sévère. La sociabilité en prend un coup, certes, mais ce manque de solidarité ne vient-il pas du fait qu’on nous apprend dès le plus jeune âge à avoir peur? Le décès des plus anciens est certes cruel mais je préfère encore mourir du covid libre que de ""vieillesse"" en Ehpad institution qui nous sous-traite la fin de vie de nos vieux à notre place et ainsi contribue elle aussi que la vieillesse et la mort n’existent pas.