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Nouvelles internationales
par Monica Jornet • le 20 mars 2020
LE CHILI À L’HEURE DE LA RÉVOLTE. Deuxième volet.
Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=4606
8 MARS ¡LA REVOLUCIÓN ES FEMINISTA!
Rassemblement pour la manif
Très tôt le matin, des colleurs et colleuses d’affiches s’activent, des groupes finissent de composer ou accrocher leur banderole, des peintres exécutent des fresques murales, des drapeaux mapuches ondoient. Aucun drapeau de parti politique mais le drapeau chilien, souvent endeuillé, noir avec son étoile blanche, en hommage aux victimes mortelles de la répression de la révolte. On se retrouve et on converge vers le point de départ Plaza de la Dignidad, depuis les multiples lieux annoncés pour une ultime rencontre territoriale féministe par quartier. Je vois sur le trottoir d’en face un groupe de femmes carabiniers, les « pacas » honnies.
Sur la place Baquedano (Dignidad), deux bonnes heures avant le départ, c’est une explosion de créativité, dans les costumes, les mises en scène, les slogans, les arts sollicités (peinture, tissage, sculpture, théâtre, chanson) où se mêle la culture mapuche. Aucun folklore cependant, une expression authentique, hors clichés. L’expression des revendications se veut très personnelle. « Devenir une femme », comme le dit une immense banderole, est pour beaucoup une création qui ne se fera pas avec les mots et dans les moules existants.
Autre caractéristique, les stands de produits dérivés du 8 M et de la révolte sociale. Sur des draps à terre, on trouve divers modèles de foulards, autocollants, etc. Et en particulier l’emblème de la Révolte sociale, le negro Matapacos, un chien noir avec son foulard rouge, dont on a fait jusqu’à des porte-clés. Vous imaginez, un 8 mars à Paris, une vente de foulards avec l’inscription « Saint noir Tue-Flics, saint patron de la révolte ? » Et ce n’est pas tout, on peut acheter des frondes et des billes d’acier, le stand est certes illégal mais vous l’imaginez à Paris, place de la République, pendant trois heures avant le démarrage de la manif, sans intervention de la police ? Bref, nous en sommes venus à avoir moins de libertés que le Chili qui pourtant demande encore à changer la Constitution de Pinochet en vigueur et dénonce la néo-dictature de Piñera...
Les manifestant.e.s
Les manifestantes se caractérisent par l’audace de la libération des esprits et des corps, des femmes le torse nu, les seins peints de couleurs guerrières, le ventre nu avec des inscriptions provocatrices : « Je n’invite pas au viol ». « Ça c’est pour le porno ». Au point de départ de la manifestation, telle une amazone, l’une d’elles chevauche la statue du général Baquedano, torse nu et agitant un drapeau noir. La plus belle image du 8 mars ! Bravo les Chiliennes !!!
Chacun son rôle, la Primera Linea feminista sont des femmes, habillées de noir, venues en découdre, provoquer la police et résister à l’ordre de dispersion, dix heures du soir et elles résistaient encore. Derrière elle, voici les très combatives et applaudies « Mamis de la capucha » (mamans cagoulées) avec leurs boucliers, la génération des mères : « Vive celles qui luttent. Nous sommes les mamans cagoulées ». La sororité nous unit tou.te.s, un homme arbore fièrement sa pancarte « Vous avez les balles, nous femmes avons les émotions ». Tou.te.s , à l’exclusion des femmes de l’appareil de répression qui sont l’une des cibles de prédilection des manifestant.e.s : « La Paca n’est pas notre sœur ». A l’exclusion des femmes du gouvernement, comme la ministre de la condition de la femmes Isabel Plá, contrainte à la démission le 10 mars, considérée comme traîtresse : « Avis de recherche : Isabel Plá, pour complicité et recel ». La révolte sociale avait déjà obtenu celle de Marcela Cubillos, ministre de l’Éducation fin février. La moyenne d’âge des manifestants, est très jeune parmi les adultes, beaucoup d’enseignant.e.s d’écoles primaires, lycées et universités, par exemple cette banderole : « Ecole d’Anthropologie Présente dans la lutte les droits des femmes. Université du Chili ». A Valparaiso, le 11, je verrai même professeurs et élèves en uniforme quitter ensemble un lycée pour rejoindre la manifestation quotidienne de la révolte. Parmi les slogans : « Nous exigeons une éducation non sexiste ». On va manifester avec des enfants jeunes, y compris en poussette, certains restent jusqu’à recevoir les premiers jets de lacrymogène. Mais il y a aussi des femmes très âgées ne craignant pas les gaz lacrymo.
Est-ce seulement un mouvement lycéen et estudiantin ? Non, non seulement il y a une participation des classes populaires, dans un pays où la première discrimination est celle de la classe sociale, mais aussi une adhésion populaire à la révolte sociale : « Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion », « Nous sommes les sans visage », « La révolution se fera avec nous. Femmes des classes populaires, nous sortons dans la rue construire ensemble la chute du patriarcat et du capital ». On entend des sifflets et des insultes fuser anonymement au passage des fourgon de pacos, la veille de la manifestation. La haine de la police est énorme. Des inscriptions disent que l’exploitation est devenue insupportable et que l’heure de la lutte a sonné : « Puisque nos vies ne valent rien, rendons-les indispensables ».
La Journée Internationale des Femmes
La journée présente, de nombreux points communs avec d’autres 8M que j’ai vécus, en particulier celui de Rome en 2018, qui fut historique. Je sais là aussi qu’à Santiago, ce sera une marée, il y a cette joie d’être ensemble nous les femmes et de pouvoir partager notre expérience de discrimination ou de souffrance -et rare est la femme qui n’a pas une histoire à raconter- et trouver de l’empathie. Il y a aussi des différences : la détermination et la rage sont beaucoup plus fortes au Chili, ces femmes demandent le droit à l’avortement libre et gratuit pour ne pas mourir en avortant (« Avortement libre pour ne pas mourir »), à ne pas subir d’humiliations en accouchant, à ne pas subir les comportements machistes dans la rue, elles dénoncent la banalité des viols, exigent la liberté de circuler sans peur. Et de décider de leur propre vie. Tout est à faire en matière de droits des femmes, elles dénoncent les viols à la maison, dans la rue, au commissariat et elles ont à demander tout ce que nous demandons, comme l’égalité salariale, mais aussi tout ce que nous avons déjà obtenu, et tout de suite. Les pancartes disent que les machistes n’obtiendront plus de la jeune génération silence et soumission : « No es no ». « Je serai la femme que j’aurai envie d’être » proclame une petite fille. « Je viens pour ma maman » dit son petit frère.
Sous une température caniculaire, en cette journée d’été dans l’hémisphère sud qui obligeait à un déploiement de parasols et parapluies colorés, la manifestation démarre vers 11h en ordre non pas dispersé mais libre. Un parcours jusqu’à la place Echaurren un peu après le Palacio de la Moneda, au Métro Republica. Peu de bannières syndicales, pas d’ordre convenu ou s’imposant aux autres pour prendre la tête de la manif, aucun mégaphone, pas de partis venus pour leur paroisse avec un drapeau par tête et, enfin, pas de slogan éculé répété comme à la messe. Un collectif démarre avec sa banderole puis un autre puis rien, des femmes s’arrêtent pour écrire sur la chaussée à la peinture blanche, Históricas, de nombreuses pancartes reprennent le jeu de mots reprenant et refusant les stéréotypes machistes, « Non pas hystériques mais historiques ». Un drap rouge est porté comme un linceul, y sont brodés les noms des 582 victimes de féminicides de 2010 à février 2020.
Les groupes crient des slogans contre le machisme, le féminicide, le viol, pour l’avortement avec une force qui ne s’embarrasse pas du politiquement correct sans que cela doive être pris au pied de la lettre, « Piñera, dommage que ta mère n’ait pas avorté », « J’avorte pour éviter qu’il soit flic ». « Le flic mort ne viole pas ». « Je ne mettais pas cette robe pour toi, petit mâle violeur » porte une jeune fille en minirobe rose à dentelles. Je ne suis pas peu vêtue, c’est toi qui as eu d’éducation dit une autre en maillot de bain. Deux autres ont le ventre nu l’une avec l’inscription « Je ne suis pas disposée à être violée », l’autre « Pour le porno ».
Le slogan le plus fréquent, outre « Paco violador » est « Piñera dictador igual que Pinochet » (Piñera, dictateur comme Pinochet). On lit aussi « Au Chili on torture comme sous la dictature ». Cette génération est née après la dictature, qui s’est achevée en 1990. Mais les ministres pinochetistes sont là, la Constitution de Pinochet est encore en place, les droits humains sont encore violés dans les commissariats, alors ceci explique cela.
Lorsque nous approchons de la Moneda, le temps se gâte, toujours un soleil de plomb mais les blindés sont de sortie pour empêcher les manifestant.e.s d’approcher le palais présidentiel. Toute l’Alameda est bordée de hautes barrières métalliques que les manifestant.e.s renversent. Les bouteilles de soda et les cailloux fusent vers les policiers sur tout le parcours, ils répondent par le canon à eau et visiblement entendent que la manifestation se disperse. Les manifestants avancent, quand la police anti-émeutes recule, ce sont cris de joie et applaudissements Les charges commencent aussi. Résister, faire durer la manif, faire durer la lutte, jusqu’à obtenir la dignité pour les femmes et pour tous, une Assemblée constituante. Et les manifestant.e.s résistent à la dispersion des heures durant, les parents sont encore là aux premiers gaz avec leurs enfants de 7 ans, ils sont les premiers à reculer et quitter la manif. Je vois des ados insulter les flics à 5 m, j’ai pris en photo une collégienne en uniforme, criant à un flic « Paco Culiao » (Salaud de flic). A 17h, 19 policiers blessés et 16 détentions selon la générale des carabiniers Berta Robles. Mon compagnon et moi résistons encore deux heures mais, trop gazés, nous devons être quelque peu secourus par les médics. Nous rentrons par des rues parallèles également investies mais il est possible de trouver peu à peu l’issue de la souricière. Comme à chaque manif, la Primera Linea (Première ligne), hommes et femmes (et j’ai lu sur les murs « Merci Primera linea »), tiennent encore alors que la nuit est tombée. La manifestation s’achève 12 bonnes heures après le début du rassemblement. Aucun pillage, aucune vitrine brisée. Et ils/elles reviendront jour après jour car la Révolte sociale continue.
Le sens de la lutte
Contre le patriarcat
Les slogans de dénonciation du système patriarcal mettent en cause l’État, la sphère politique, le capitalisme dans les discriminations faites aux femmes : « Estado asesino, Vidas patriarcadas » (Etat assassin, vies soumises au patriarcat). « Contre le fascisme et le patriarcat ». La fin du patriarcat est également la condition pour que la Révolte aboutisse à une société juste et égalitaire pour tou.te.s. : « Lutter contre toutes les violences patriarcales ». « Contre le pillage et la violence coloniale patriarcale”. Et, inversement, sans lutte anticapitaliste et antiétatique, point de fin du patriarcat, il ne s’agit pas seulement comme on l’entend trop souvent en Europe de bien élever à la maison et bien éduquer à l’école, la discrimination des femmes est partie intégrale d’un système politique et économique (« Féministes combattantes contre le patriarcat. Éducation de marché »). Auquel est asservi le système éducatif : “Nous avons été élevé.e.s avec des mensonges ». Sans les femmes, pas de révolution et pas de changement de société possibles. Il n’y a pas de « Despertar » (réveil) du Chili comme le proclament les slogans depuis le 18 octobre, « le Chili se sera réveillé quand le patriarcat sera mort ». Les femmes et hommes crient le 8 mars leur détermination dans le cortège : « Dites adieu au patriarcat, le féminisme est arrivé”, « Le patriarcat n’éteindra pas la flamme de la révolte féministe”.
Pour la lutte comme nouvelle attitude féminine
Les femmes des collectifs du 8 et 9 mars rejettent un retour à l’ordre établi, qui est de fait l’ordre patriarcal, et refusent d’accepter, sous couvert de paix sociale, le retour à la soumission, à la loi du silence pour les femmes victimes opprimées et à l’impunité pour les violeurs et assassins protégés par le pouvoir et sa police, comme on peut le lire sur les murs : « Retourner à la normalité sera notre défaite ». La seule paix qu’elles revendiquent est « Le droit de respirer en paix ». Les femmes revendiquent l’abandon du rôle de passivité et de soumission qui leur a été assigné par l’État et l’Église, par la société patriarcale et revendiquent l’action. Face à la paix des cimetières, les femmes appellent à la « guerre au machisme ». Elles revendiquent la lutte, la guerre, le cri, l’action, la vie contre la soumission, l’oppression, le silence, la mort à travers de nombreux slogans : « Rebelle toi ». « Lutte comme une louve”. « Nous n’avons plus peur”. « Je crains davantage l’esclavage que les flics », « Jamais soumise, toujours déterminée ». « Nous avons la rage », « Dans un monde de vers, il faut avoir du courage pour être papillon », « Femmes et enfants en rébellion », « Eduquer c’est combattre ».
La violence est le fait l’État : « Grève générale féministe contre le terrorisme d’État » , « A ta violence nous répondons par la résistance ». Et si elles sont taxées de violence, cela vaut mieux que la passivité qui les tue : « Je te préfère violente plutôt que violée et morte ». “Nous luttons parce que nous sommes vivantes sans savoir jusqu’à quand”. Elles disent à leurs détracteurs/trices : « La violence c’est ton indifférence », « Le féminisme te dérange plus que les féminicides ». Leur lutte et leur force sont de signe constructif : « Je suis l’eau et je me mobilise pour ma libération ». « Nous sommes l’eau, nous retrouverons notre cours et et nous emporterons tout », « Nous renaîtrons de nos blessures. Toute violence sera transformée ». « Nous résistons pour vivre, nous luttons pour transformer ».
Pour la mémoire et la justice
Il faut se souvenir et faire justice pour créer une nouvelle société. L’oubli, comme le silence, est synonyme d’impunité : « La lutte du peuple contre le pouvoir, la lutte de la mémoire contre l’oubli », «Stop à l’impunité », « Piñera bâtard le peuple n’oublie pas » , « Il n’y aura pas de paix sans justice». « Je ne veux pas que mes morts reposent en paix ». Tous ces slogans renvoient aussi bien aux mortes assassinées de la dictature de Pinochet qu’à celle de la « néo dictature » dénoncée de Piñera.
Les femmes réclament d’avoir une histoire et de s’en souvenir pour un récit personnel et collectif : « Je ne veux pas seulement l’égalité et la justice, je veux pouvoir raconter mon histoire ». Ainsi les femmes disparues d’hier et d’aujourd’hui, les femmes mutilées, ont une voix et des yeux : « Nous sommes le cri de celles qui ne sont plus là », « Leurs yeux, notre mémoire ». Et une inscription d’une beauté anarchiste : « Es mi memoria y no tiene himnos » (c’est ma mémoire et elle n’a pas d’hymnes). Il faut refuser l’injustice (les murs sont couverts de plaintes spontanées pour harcèlement, viol, machisme, féminicide) et faire justice : « Grève générale féministe pour la vérité, la justice et la réparation ». Un mot couvre un mur : « Impardonnables ».
Pour la liberté
La liberté de mouvement, de décider de sa vie, de ne pas déléguer son esprit ou son corps sont très présents : « Je suis là parce que quand mes élèves seront adolescentes, je veux qu’elles soient libres et non courageuses de revenir chez elles ». « C’est moi qui décide ». « Seule ou ivre je veux arriver vivante à la maison. », « Nous nous voulons vivantes, libres et sans peur ». « Je n’appartiens à personne ».
Pour une reconnaissance du féminin.
Les femmes reconquièrent l’estime de soi dans de nombreux slogans : "Très fière d’être une femme ». « Je marche pour tous les Nobel qui nous sont dus ». « Je marche pour une plus grande valorisation du féminin ». Et elles affirment de nouvelles valeurs féministes telles que la sororité, solidarité dans la lutte collective : “Nous sommes des compagnes, pas de concurrence”. « Tu n’es pas seule”. “Quand une femme fait un pas, nous avançons toutes”. “Nous ne sommes jamais trop petites pour faire la différence”. “Vous n’êtes pas seules, mamans cagoulées ». Et signent la fin des stéréotypes imposés par le patriarcat : “Tu es belle et forte avec ta cagoule”. “Ni soumise ni dévote, libre de stéréotypes et folle”. “Brûlons le patriarcat et à son amour romantique”. “A(r)mate mujer » est un slogan qui revient souvent sur les murs : « Femme, aime-toi, Arme-toi ».
Les femmes du 8 M à Santiago veulent un changement de société avec une détermination sans faille : « Nous les femmes nous sommes réveillées et nous veillons ». « Nous sommes une puissance féministe internationaliste ». « La révolution sera féministe » lit-on partout et cette fois ce n’est pas un mot d’ordre à répéter le 8 mars 2021. « Contestation toute l’année ». « Jamais sans nous » . Et les collectifs féminins continuent la Révolte sociale : « Nous, les femmes, sommes en première ligne ». De nombreux slogans associent féminisme et anarchisme. Quelques rares slogans féministes réclamant le pouvoir pour les femmes mais nous ne dénonçons pas le pouvoir patriarcal pour le remplacer par un autre. Et s’il n’y a pas de féminisme sans anarchisme, je pense aussi que le féminisme est l’avenir de l’anarchisme.
Monica Jornet
Groupe Gaston Couté de la FA
depuis Santiago du Chili. 12 mars 2020
(A suivre : LE CHILI À L’HEURE DE LA RÉVOLTE. Troisième volet : LA GREVE GENERALE FEMINISTE DU 9 MARS. VERS LE REFERENDUM DU 26 AVRIL). Voir les photos dans un autre article
Très tôt le matin, des colleurs et colleuses d’affiches s’activent, des groupes finissent de composer ou accrocher leur banderole, des peintres exécutent des fresques murales, des drapeaux mapuches ondoient. Aucun drapeau de parti politique mais le drapeau chilien, souvent endeuillé, noir avec son étoile blanche, en hommage aux victimes mortelles de la répression de la révolte. On se retrouve et on converge vers le point de départ Plaza de la Dignidad, depuis les multiples lieux annoncés pour une ultime rencontre territoriale féministe par quartier. Je vois sur le trottoir d’en face un groupe de femmes carabiniers, les « pacas » honnies.
Sur la place Baquedano (Dignidad), deux bonnes heures avant le départ, c’est une explosion de créativité, dans les costumes, les mises en scène, les slogans, les arts sollicités (peinture, tissage, sculpture, théâtre, chanson) où se mêle la culture mapuche. Aucun folklore cependant, une expression authentique, hors clichés. L’expression des revendications se veut très personnelle. « Devenir une femme », comme le dit une immense banderole, est pour beaucoup une création qui ne se fera pas avec les mots et dans les moules existants.
Autre caractéristique, les stands de produits dérivés du 8 M et de la révolte sociale. Sur des draps à terre, on trouve divers modèles de foulards, autocollants, etc. Et en particulier l’emblème de la Révolte sociale, le negro Matapacos, un chien noir avec son foulard rouge, dont on a fait jusqu’à des porte-clés. Vous imaginez, un 8 mars à Paris, une vente de foulards avec l’inscription « Saint noir Tue-Flics, saint patron de la révolte ? » Et ce n’est pas tout, on peut acheter des frondes et des billes d’acier, le stand est certes illégal mais vous l’imaginez à Paris, place de la République, pendant trois heures avant le démarrage de la manif, sans intervention de la police ? Bref, nous en sommes venus à avoir moins de libertés que le Chili qui pourtant demande encore à changer la Constitution de Pinochet en vigueur et dénonce la néo-dictature de Piñera...
Les manifestant.e.s
Les manifestantes se caractérisent par l’audace de la libération des esprits et des corps, des femmes le torse nu, les seins peints de couleurs guerrières, le ventre nu avec des inscriptions provocatrices : « Je n’invite pas au viol ». « Ça c’est pour le porno ». Au point de départ de la manifestation, telle une amazone, l’une d’elles chevauche la statue du général Baquedano, torse nu et agitant un drapeau noir. La plus belle image du 8 mars ! Bravo les Chiliennes !!!
Chacun son rôle, la Primera Linea feminista sont des femmes, habillées de noir, venues en découdre, provoquer la police et résister à l’ordre de dispersion, dix heures du soir et elles résistaient encore. Derrière elle, voici les très combatives et applaudies « Mamis de la capucha » (mamans cagoulées) avec leurs boucliers, la génération des mères : « Vive celles qui luttent. Nous sommes les mamans cagoulées ». La sororité nous unit tou.te.s, un homme arbore fièrement sa pancarte « Vous avez les balles, nous femmes avons les émotions ». Tou.te.s , à l’exclusion des femmes de l’appareil de répression qui sont l’une des cibles de prédilection des manifestant.e.s : « La Paca n’est pas notre sœur ». A l’exclusion des femmes du gouvernement, comme la ministre de la condition de la femmes Isabel Plá, contrainte à la démission le 10 mars, considérée comme traîtresse : « Avis de recherche : Isabel Plá, pour complicité et recel ». La révolte sociale avait déjà obtenu celle de Marcela Cubillos, ministre de l’Éducation fin février. La moyenne d’âge des manifestants, est très jeune parmi les adultes, beaucoup d’enseignant.e.s d’écoles primaires, lycées et universités, par exemple cette banderole : « Ecole d’Anthropologie Présente dans la lutte les droits des femmes. Université du Chili ». A Valparaiso, le 11, je verrai même professeurs et élèves en uniforme quitter ensemble un lycée pour rejoindre la manifestation quotidienne de la révolte. Parmi les slogans : « Nous exigeons une éducation non sexiste ». On va manifester avec des enfants jeunes, y compris en poussette, certains restent jusqu’à recevoir les premiers jets de lacrymogène. Mais il y a aussi des femmes très âgées ne craignant pas les gaz lacrymo.
Est-ce seulement un mouvement lycéen et estudiantin ? Non, non seulement il y a une participation des classes populaires, dans un pays où la première discrimination est celle de la classe sociale, mais aussi une adhésion populaire à la révolte sociale : « Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion », « Nous sommes les sans visage », « La révolution se fera avec nous. Femmes des classes populaires, nous sortons dans la rue construire ensemble la chute du patriarcat et du capital ». On entend des sifflets et des insultes fuser anonymement au passage des fourgon de pacos, la veille de la manifestation. La haine de la police est énorme. Des inscriptions disent que l’exploitation est devenue insupportable et que l’heure de la lutte a sonné : « Puisque nos vies ne valent rien, rendons-les indispensables ».
La Journée Internationale des Femmes
La journée présente, de nombreux points communs avec d’autres 8M que j’ai vécus, en particulier celui de Rome en 2018, qui fut historique. Je sais là aussi qu’à Santiago, ce sera une marée, il y a cette joie d’être ensemble nous les femmes et de pouvoir partager notre expérience de discrimination ou de souffrance -et rare est la femme qui n’a pas une histoire à raconter- et trouver de l’empathie. Il y a aussi des différences : la détermination et la rage sont beaucoup plus fortes au Chili, ces femmes demandent le droit à l’avortement libre et gratuit pour ne pas mourir en avortant (« Avortement libre pour ne pas mourir »), à ne pas subir d’humiliations en accouchant, à ne pas subir les comportements machistes dans la rue, elles dénoncent la banalité des viols, exigent la liberté de circuler sans peur. Et de décider de leur propre vie. Tout est à faire en matière de droits des femmes, elles dénoncent les viols à la maison, dans la rue, au commissariat et elles ont à demander tout ce que nous demandons, comme l’égalité salariale, mais aussi tout ce que nous avons déjà obtenu, et tout de suite. Les pancartes disent que les machistes n’obtiendront plus de la jeune génération silence et soumission : « No es no ». « Je serai la femme que j’aurai envie d’être » proclame une petite fille. « Je viens pour ma maman » dit son petit frère.
Sous une température caniculaire, en cette journée d’été dans l’hémisphère sud qui obligeait à un déploiement de parasols et parapluies colorés, la manifestation démarre vers 11h en ordre non pas dispersé mais libre. Un parcours jusqu’à la place Echaurren un peu après le Palacio de la Moneda, au Métro Republica. Peu de bannières syndicales, pas d’ordre convenu ou s’imposant aux autres pour prendre la tête de la manif, aucun mégaphone, pas de partis venus pour leur paroisse avec un drapeau par tête et, enfin, pas de slogan éculé répété comme à la messe. Un collectif démarre avec sa banderole puis un autre puis rien, des femmes s’arrêtent pour écrire sur la chaussée à la peinture blanche, Históricas, de nombreuses pancartes reprennent le jeu de mots reprenant et refusant les stéréotypes machistes, « Non pas hystériques mais historiques ». Un drap rouge est porté comme un linceul, y sont brodés les noms des 582 victimes de féminicides de 2010 à février 2020.
Les groupes crient des slogans contre le machisme, le féminicide, le viol, pour l’avortement avec une force qui ne s’embarrasse pas du politiquement correct sans que cela doive être pris au pied de la lettre, « Piñera, dommage que ta mère n’ait pas avorté », « J’avorte pour éviter qu’il soit flic ». « Le flic mort ne viole pas ». « Je ne mettais pas cette robe pour toi, petit mâle violeur » porte une jeune fille en minirobe rose à dentelles. Je ne suis pas peu vêtue, c’est toi qui as eu d’éducation dit une autre en maillot de bain. Deux autres ont le ventre nu l’une avec l’inscription « Je ne suis pas disposée à être violée », l’autre « Pour le porno ».
Le slogan le plus fréquent, outre « Paco violador » est « Piñera dictador igual que Pinochet » (Piñera, dictateur comme Pinochet). On lit aussi « Au Chili on torture comme sous la dictature ». Cette génération est née après la dictature, qui s’est achevée en 1990. Mais les ministres pinochetistes sont là, la Constitution de Pinochet est encore en place, les droits humains sont encore violés dans les commissariats, alors ceci explique cela.
Lorsque nous approchons de la Moneda, le temps se gâte, toujours un soleil de plomb mais les blindés sont de sortie pour empêcher les manifestant.e.s d’approcher le palais présidentiel. Toute l’Alameda est bordée de hautes barrières métalliques que les manifestant.e.s renversent. Les bouteilles de soda et les cailloux fusent vers les policiers sur tout le parcours, ils répondent par le canon à eau et visiblement entendent que la manifestation se disperse. Les manifestants avancent, quand la police anti-émeutes recule, ce sont cris de joie et applaudissements Les charges commencent aussi. Résister, faire durer la manif, faire durer la lutte, jusqu’à obtenir la dignité pour les femmes et pour tous, une Assemblée constituante. Et les manifestant.e.s résistent à la dispersion des heures durant, les parents sont encore là aux premiers gaz avec leurs enfants de 7 ans, ils sont les premiers à reculer et quitter la manif. Je vois des ados insulter les flics à 5 m, j’ai pris en photo une collégienne en uniforme, criant à un flic « Paco Culiao » (Salaud de flic). A 17h, 19 policiers blessés et 16 détentions selon la générale des carabiniers Berta Robles. Mon compagnon et moi résistons encore deux heures mais, trop gazés, nous devons être quelque peu secourus par les médics. Nous rentrons par des rues parallèles également investies mais il est possible de trouver peu à peu l’issue de la souricière. Comme à chaque manif, la Primera Linea (Première ligne), hommes et femmes (et j’ai lu sur les murs « Merci Primera linea »), tiennent encore alors que la nuit est tombée. La manifestation s’achève 12 bonnes heures après le début du rassemblement. Aucun pillage, aucune vitrine brisée. Et ils/elles reviendront jour après jour car la Révolte sociale continue.
Le sens de la lutte
Contre le patriarcat
Les slogans de dénonciation du système patriarcal mettent en cause l’État, la sphère politique, le capitalisme dans les discriminations faites aux femmes : « Estado asesino, Vidas patriarcadas » (Etat assassin, vies soumises au patriarcat). « Contre le fascisme et le patriarcat ». La fin du patriarcat est également la condition pour que la Révolte aboutisse à une société juste et égalitaire pour tou.te.s. : « Lutter contre toutes les violences patriarcales ». « Contre le pillage et la violence coloniale patriarcale”. Et, inversement, sans lutte anticapitaliste et antiétatique, point de fin du patriarcat, il ne s’agit pas seulement comme on l’entend trop souvent en Europe de bien élever à la maison et bien éduquer à l’école, la discrimination des femmes est partie intégrale d’un système politique et économique (« Féministes combattantes contre le patriarcat. Éducation de marché »). Auquel est asservi le système éducatif : “Nous avons été élevé.e.s avec des mensonges ». Sans les femmes, pas de révolution et pas de changement de société possibles. Il n’y a pas de « Despertar » (réveil) du Chili comme le proclament les slogans depuis le 18 octobre, « le Chili se sera réveillé quand le patriarcat sera mort ». Les femmes et hommes crient le 8 mars leur détermination dans le cortège : « Dites adieu au patriarcat, le féminisme est arrivé”, « Le patriarcat n’éteindra pas la flamme de la révolte féministe”.
Pour la lutte comme nouvelle attitude féminine
Les femmes des collectifs du 8 et 9 mars rejettent un retour à l’ordre établi, qui est de fait l’ordre patriarcal, et refusent d’accepter, sous couvert de paix sociale, le retour à la soumission, à la loi du silence pour les femmes victimes opprimées et à l’impunité pour les violeurs et assassins protégés par le pouvoir et sa police, comme on peut le lire sur les murs : « Retourner à la normalité sera notre défaite ». La seule paix qu’elles revendiquent est « Le droit de respirer en paix ». Les femmes revendiquent l’abandon du rôle de passivité et de soumission qui leur a été assigné par l’État et l’Église, par la société patriarcale et revendiquent l’action. Face à la paix des cimetières, les femmes appellent à la « guerre au machisme ». Elles revendiquent la lutte, la guerre, le cri, l’action, la vie contre la soumission, l’oppression, le silence, la mort à travers de nombreux slogans : « Rebelle toi ». « Lutte comme une louve”. « Nous n’avons plus peur”. « Je crains davantage l’esclavage que les flics », « Jamais soumise, toujours déterminée ». « Nous avons la rage », « Dans un monde de vers, il faut avoir du courage pour être papillon », « Femmes et enfants en rébellion », « Eduquer c’est combattre ».
La violence est le fait l’État : « Grève générale féministe contre le terrorisme d’État » , « A ta violence nous répondons par la résistance ». Et si elles sont taxées de violence, cela vaut mieux que la passivité qui les tue : « Je te préfère violente plutôt que violée et morte ». “Nous luttons parce que nous sommes vivantes sans savoir jusqu’à quand”. Elles disent à leurs détracteurs/trices : « La violence c’est ton indifférence », « Le féminisme te dérange plus que les féminicides ». Leur lutte et leur force sont de signe constructif : « Je suis l’eau et je me mobilise pour ma libération ». « Nous sommes l’eau, nous retrouverons notre cours et et nous emporterons tout », « Nous renaîtrons de nos blessures. Toute violence sera transformée ». « Nous résistons pour vivre, nous luttons pour transformer ».
Pour la mémoire et la justice
Il faut se souvenir et faire justice pour créer une nouvelle société. L’oubli, comme le silence, est synonyme d’impunité : « La lutte du peuple contre le pouvoir, la lutte de la mémoire contre l’oubli », «Stop à l’impunité », « Piñera bâtard le peuple n’oublie pas » , « Il n’y aura pas de paix sans justice». « Je ne veux pas que mes morts reposent en paix ». Tous ces slogans renvoient aussi bien aux mortes assassinées de la dictature de Pinochet qu’à celle de la « néo dictature » dénoncée de Piñera.
Les femmes réclament d’avoir une histoire et de s’en souvenir pour un récit personnel et collectif : « Je ne veux pas seulement l’égalité et la justice, je veux pouvoir raconter mon histoire ». Ainsi les femmes disparues d’hier et d’aujourd’hui, les femmes mutilées, ont une voix et des yeux : « Nous sommes le cri de celles qui ne sont plus là », « Leurs yeux, notre mémoire ». Et une inscription d’une beauté anarchiste : « Es mi memoria y no tiene himnos » (c’est ma mémoire et elle n’a pas d’hymnes). Il faut refuser l’injustice (les murs sont couverts de plaintes spontanées pour harcèlement, viol, machisme, féminicide) et faire justice : « Grève générale féministe pour la vérité, la justice et la réparation ». Un mot couvre un mur : « Impardonnables ».
Pour la liberté
La liberté de mouvement, de décider de sa vie, de ne pas déléguer son esprit ou son corps sont très présents : « Je suis là parce que quand mes élèves seront adolescentes, je veux qu’elles soient libres et non courageuses de revenir chez elles ». « C’est moi qui décide ». « Seule ou ivre je veux arriver vivante à la maison. », « Nous nous voulons vivantes, libres et sans peur ». « Je n’appartiens à personne ».
Pour une reconnaissance du féminin.
Les femmes reconquièrent l’estime de soi dans de nombreux slogans : "Très fière d’être une femme ». « Je marche pour tous les Nobel qui nous sont dus ». « Je marche pour une plus grande valorisation du féminin ». Et elles affirment de nouvelles valeurs féministes telles que la sororité, solidarité dans la lutte collective : “Nous sommes des compagnes, pas de concurrence”. « Tu n’es pas seule”. “Quand une femme fait un pas, nous avançons toutes”. “Nous ne sommes jamais trop petites pour faire la différence”. “Vous n’êtes pas seules, mamans cagoulées ». Et signent la fin des stéréotypes imposés par le patriarcat : “Tu es belle et forte avec ta cagoule”. “Ni soumise ni dévote, libre de stéréotypes et folle”. “Brûlons le patriarcat et à son amour romantique”. “A(r)mate mujer » est un slogan qui revient souvent sur les murs : « Femme, aime-toi, Arme-toi ».
Les femmes du 8 M à Santiago veulent un changement de société avec une détermination sans faille : « Nous les femmes nous sommes réveillées et nous veillons ». « Nous sommes une puissance féministe internationaliste ». « La révolution sera féministe » lit-on partout et cette fois ce n’est pas un mot d’ordre à répéter le 8 mars 2021. « Contestation toute l’année ». « Jamais sans nous » . Et les collectifs féminins continuent la Révolte sociale : « Nous, les femmes, sommes en première ligne ». De nombreux slogans associent féminisme et anarchisme. Quelques rares slogans féministes réclamant le pouvoir pour les femmes mais nous ne dénonçons pas le pouvoir patriarcal pour le remplacer par un autre. Et s’il n’y a pas de féminisme sans anarchisme, je pense aussi que le féminisme est l’avenir de l’anarchisme.
Monica Jornet
Groupe Gaston Couté de la FA
depuis Santiago du Chili. 12 mars 2020
(A suivre : LE CHILI À L’HEURE DE LA RÉVOLTE. Troisième volet : LA GREVE GENERALE FEMINISTE DU 9 MARS. VERS LE REFERENDUM DU 26 AVRIL). Voir les photos dans un autre article
PAR : Monica Jornet
Groupe Gaston Couté de la FA
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