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par Francis PIAN • le 4 octobre 2025

DES IDEES ET DES LUTTES: La Grande fédération

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« Rien n’est tranché. Tout est à discuter. »

Pierre Bance, dès les premiers mots de son livre La Grande fédération publié aux éditions Noir et Rouge, donne le ton. « Toutes les aliénations, toutes les dominations ont une même origine : le couple symbiotique formé par l’Etat et le Capital. » Trop souvent les gens s’en satisfont. Pourtant Pierre Bance nous propose une autre solution. « Des alternatives politiques, sociales, économiques, écologiques, culturelles et féministes se multiplient, renversent l’évidence et font vivre la Commune dans une floraison extraordinaire d’idées nouvelles. » Il en appelle à « réveiller les consciences pour renouer avec les racines du socialisme de la Première internationale, de la Commune de Paris, et imaginer une société émancipée, de liberté, d’égalité, d’entraide et de solidarité ».

Si un autre monde est possible, il faut le préparer. L’alliance Etat et capital ne va pas s’effondrer brutalement et une autre société ne va pas émerger à partir de rien. « L’ordre utopique se prépare bien avant la révolution. L’intention de ce livre est d’amorcer les institutions et les droits d’une constellation de communes autonomes unies dans une grande fédération de la démocratie directe, auto-administrée et autogérée. »

Ouvrir le débat
Le lecteur va-t-il recevoir des consignes à appliquer ? Au contraire, « éloigné de toute doctrine imposée, il propose d’ouvrir le débat ». Autant le Capital est aisé à définir, matériellement, il s’appuie sur l’argent, le profit, l’exploitation. Il est tout aussi aisément attaquable. Autant l’Etat paraît « utile », il protégerait, créerait les règles de droit garantissant les libertés et en réalité contient l’appareil de domination des individus composant la société, la célèbre violence légitime. Sans oublier une pseudo-légitimité démocratique. Il faut donc l’analyser pour mieux le démonter.
Comment construire une démocratie directe ? Et comment la définir ?
Pierre Bance organise sa réponse autour de quatre théorèmes solidement référencés et ouvrant sur autant de questions pour ne pas fermer le débat.
- Croire que l’Etat peut ne pas être dominateur est comme croire que le Capital peut ne pas être profiteur.
- Sans un mouvement pour la démocratie directe, la commune et le fédéralisme, un autre futur est impossible.
- Faute d’avoir pensé les institutions de la société à venir, la révolution communaliste est vouée à l’échec.
- Faute d’avoir défini les droits et libertés de la société à venir, la révolution communaliste est vouée à l’échec.

Une feuille de route
Le contenu de l’ouvrage se distingue des indignations vaines, de la littérature romantique, voire poétique de la révolution. « C’est, en quelque sorte, une feuille de route qui entend contribuer à l’avancée historique du projet socialiste anti-autoritaire », sans esquiver les questions complexes, dans une démarche universelle. Pierre Bance mentionne ses références : Proudhon, Kropotkine, Reclus, Simone Weil, Pierre Besnard et d’autres plus récents comme Murray Bookchin, Abdullah Ocalan.
Juriste de formation, Pierre Bance avait publié une étude fouillée, La fascinante démocratie du Rojava aux éditions Noir et Rouge en 2021, il revient sur cette expérience en soulignant les difficultés. Sans oublier la Commune de Paris, la révolution russe, l’Espagne libertaire, le Chiapas. Quelles hypothèses de fédéralisme sans Etat sont possibles ? Le syndicat révolutionnaire ouvert à tous, à l’écart des partis, pratiquant l’action et la démocratie directe, le mandat impératif ? Le municipalisme libertaire de Bookchin, fondée sur la notion d’écologie sociale ? Le fédéralisme du confédéralisme démocratique à l’organisation complexe mais fondée sur la notion d’égalité ?

Comment protéger ?
L’auteur n’hésite pas à détailler les institutions et leurs fonctionnements pour éviter l’accaparement du pouvoir par une minorité. Le droit doit permettre la résolution des conflits en se fondant sur la notion de contrat (cf Les Juristes anarchistes, Ed. Classiques Garnier, 2024). C’est lui qui aborde les droits et les libertés. Cette partie de l’ouvrage est particulièrement intéressante. Comment organiser la vie privée ? Comment assurer la sécurité des personnes ? Le rendu de la justice ? Et par-dessus tout, comment garantir la liberté de l’esprit ?
Modeste, Pierre Bance qualifie son livre de « brouillon à critiquer, amender, prolonger pour le finaliser après un débat pluraliste et ordonné. Pour finalement le mettre en pratique sans trop tarder ». Et cette invite bien libertaire dans l’esprit : « Rien n’est tranché. Tout est à discuter. »

• Pierre Bance
La Grande fédération
Démocratie directe et vie fédérale
Ed. Noir et Rouge, 2025

Nous recevons Pierre Bance pour échanger sur son livre mercredi 8 octobre dans l’émission Au fil des pages sur Radio libertaire de 17 h à 18 h 30

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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1	le 6 octobre 2025 15:07:29 par jean-jean de garrigues

Il en faut beaucoup des livres comme ça, ouverts sur le comment gérer une société libertaire, comment ça fonctionne, les différentes pistes de réflexion et de mise en pratique. Nous ne sommes pas des " utopistes", nous sommes les fils et filles d’un mouvement qui a bien les pieds sur terre, qui a plus d’un siècle de passé et d’expérience. Ce ne sont pas comme les petits partis à peine nés, à peine morts! Qui sont les utopistes ?

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