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par Francis PIAN • le 29 septembre 2024

Des idées et des luttes: Critique sociale, fragments et notes

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Auguste Blanqui, L’Enfermé!

Qui connaît Auguste Blanqui, aujourd’hui ? Au mieux, à Paris, on vous mentionnera le boulevard Blanqui reliant la place d’Italie à la place Denfert-Rochereau, une longue et large avenue. Pourtant à son décès, 100 000 personne l’accompagnent au Père-Lachaise. Louise Michel y prononce un discours. Sa pensée est-elle à ranger dans les accessoires de la Révolution ? N’oubliez pas qu’il lancera le journal Ni dieu, ni maître dont le titre fait florès dans les milieux anarchistes. Sans être anarchiste. Il nous paraît intéressant de relire ou de découvrir les textes de Blanqui. Gérald Dittmar a pris l’initiative de rééditer l’un d’entre eux, Critique sociale, Fragments et notes. Il n’avait pas été rééditée depuis 1885.

L’ouvrage initial se compose de deux livres, Gérald Dittmar a choisi de publier le premier. « Les pages rares qui suivent constituent, […] des moments on ne peut plus singuliers de la pensée politique, ou pour être au plus près des préoccupations de Blanqui, de la parole politique. » Ses propos sont là pour porter la justice sociale, corriger les difformités notamment économiques du monde.
Etonnants, ces écrits sont d’une particulière modernité. Il aborde toutes les questions sociales et économiques que le lecteur pourrait penser comme dépassées. Vous retrouvez l’épargne, la dette, la misère, l’éducation, le luxe, le travail des enfants.
Penseur, auteur, orateur
Oublié aujourd’hui, Blanqui influença de nombreux responsables du mouvement ouvrier, socialiste : Gérald Dittmar en dresse une liste impressionnante, retenons André Léo, Eugène Varlin, Louise Michel, Jules Vallès, Gustave Lefrançais. Gérald ajoute : « Auguste Blanqui fut par la nature de son engagement le plus grand socialiste de tous les temps et sa place dans l’histoire du socialisme est évidemment la première. » je reconnais bien là le style de notre ami.
Ces textes rassemblés ont été rédigés pour la plupart de 1866 à 1870 fin du second Empire, d’autres proviennent de manuscrits écrits au cours des années 1849-1850. Fréquemment incarcéré, Blanqui en profite pour rédiger ses notes et construire sa pensée pour la présenter tant à l’écrit qu’à l’oral. Le rythme y est soutenu. Il dresse un tableau nourri et amusant de son temps particulièrement les séances du parlement. Le lecteur s’étonnera des échos avec la vie politique actuelle. Il dénonce aussi l’aliénation religieuse et l’économie politique qu’il présente comme « la doctrine de la fatalité des souffrances sociales » sans morale et dépourvue de tout esprit de justice. A noter que David Graeber dans un des textes de son livre Révolutions à l’envers établit le même constat. Les structures sociales produisent les mêmes injustices à cent vingt ans d’écart avec le même cynisme des dirigeants politiques et économiques.
Le lecteur sera aussi interpellé par l’organisation du texte. A savoir des thèmes et ensuite, une réflexion sur chacun d’entre eux. Blanqui aborde des questions très économiques : la caisse d’épargne, la question du crédit, la balance du commerce avec ce propos : « La balance du commerce est une sottise. L’excès des importations sur les exportations n’entraîne nullement une perte du numéraire, et prouve encore moins un appauvrissement. C’est tout le contraire. »
Et cette approche du travail dans les couvents : « L’un des ulcères sanieux du pays, comme tout ce qui vient du christianisme. Les couvents femelles sont les plus odieux. » voilà une formule du domaine de l’oral, on y devine l’orateur.
Et les rapports à l’argent dans les médias : « Le Figaro déblatère contre l’Internationale et refuse d’insérer la réponse à ses mensonges. Voilà le monopole du capital. »
Et cette dernière citation écrite en 1874 : « Le pauvre est un besoin pour le riche. » Rien ne change ?

• Auguste Blanqui
Critique sociale
fragments et notes
Ed. Dittmar, 2018

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages

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