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par Francis PIAN • le 27 juillet 2024

Des idées et des luttes : Géopolitique du Grand Paris

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Le nettoyage social et le grand mépris en guise de politique publique
En tant que francilien, en tant qu’auditeur, téléspectateur, vous avez subi, vécu ou simplement constaté les travaux supportés par les habitants de cette région, l’Île-de-France. Des chantiers aux adjectifs disproportionnés. Philippe Subra, géographe, introduit le numéro 193 de la revue Hérodote consacré à une géopolitique du grand Paris. « Tunneliers géants creusant le sous-sol, forêts de grues ; centrales à béton, ouvriers et ingénieurs en chasuble orange et casques de chantiers, norias de camions évacuant des gravats… le Grand Paris est d’abord cela, un gigantesque chantier ou plutôt une collection impressionnante de chantiers. »

Certes le cluster scientifique de classe mondiale, Paris Saclay accueillera 20 000 chercheurs et 30 000 étudiants, en 2030, mais la principale réalisation de ce Grand Paris, c’est bien ce nouveau métro, le Grand Paris Express (GPE) sur 200 kilomètres dont la réduction des temps de parcours intrigue les réalistes usagers subissant les incidents techniques, les malaises voyageurs, les personnes sur les voies et autres excuses démontrant les incertitudes des temps de parcours. Si certains s’enthousiasment, surtout les élus. D’autres contestent le « nettoyage social », la destruction de l’environnement, des pollutions plus fréquentes (cf Anne Clerval, Laura Wojcik, Les naufragés du Grand Paris Express, Ed. Zones, 2024, chroniques du temps réel du 14 avril 2024 site du Monde libertaire). Pour les franciliens, une question émerge, celle de leur identité et surtout vers qui se tourner ? Sont-ils de Paris, du grand Paris, d’une ville ? Les élus locaux contribuent largement à entretenir la confusion. Les rivalités, les enjeux de pouvoir excitent les maires autonomes en raison de la puissance de leur ville. 100 000 habitants dans une région de 12, 5 millions, ça commence à peser, surtout en raison des proximités avec le pouvoir de l’Etat. Et justement lui que fait-il ? Quelle est sa marge de manœuvre ? Certes les finances publiques sont rares, mais il lui reste la prérogative régalienne par exemple, celle de créer le droit et de limiter le pouvoir des collectivités. Ainsi, lorsque les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines, par leurs présidents, ont souhaité fusionner, l’Etat ne l’a pas accepté.

Confusions et inégalités des territoires ?
Au-delà de cet enjeu politique très bien expliqué dans les articles de Simon Ronai et de Tanguy Pennec, d’autres questions rendent particulièrement complexes les choix politiques, la place de la voiture et donc la question de la mobilité que le GPE ne va pas résoudre, celle de cet équipement métropolitain qu’est l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Celle du logement. En ce domaine, 2,7 millions d’habitants sont mal logés, sans oublier 100 000 à 150 000 personnes sans domicile. On rase les immeubles mais où sont logées les personnes expulsées, les élus refusent la densification, hormis autour des gares du GPE. Les inégalités du territoire sont clairement analysées par Anne Clerval et Laura Wojcik, la gentrification uniformise les catégories sociales malgré les affirmations de Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis. La banlieue bleue, celle de droite grignote celle dite rouge. Il ne reste dans les anciennes communes ouvrières que les noms de rues ou des stations de métro pour évoquer le passé socialiste. L’électorat est manifestement de droite et les dernières élections législatives l’ont bien montré dans les Hauts-de-Seine.

Quelle gouvernance pour ces espaces ?
La gouvernance de ces espaces est livrée aux appétits des élus. Une région, une ville capitale, trois départements de la première couronne, quatre en grande couronne, 130 communes pour la métropole avec Paris, des structures intercommunales qui brassent des millions d’euros dans l’ignorance des habitants. Il y a de quoi se perdre. Récemment les médias et quelques inconséquents ont reproché au maire de Paris le coût de la dépollution de la Seine en oubliant que toutes les collectivités ont participé dont le Syndicat interdépartemental d’assainissement de l’agglomération parisienne au budget dépassant le milliard d’euros. Qui maîtrise ces monstres administratifs et financiers ?
La Métropole est tout aussi méconnue de ses habitants. Qui la préside ? Que signifie la notion d’établissement public territorial (EPT) ? Quel est son budget ? Quelles sont ses prérogatives ? il faut souligner que les rivalités personnelles plus que politiques rendent la situation confuse. Mais pour comprendre cette situation, il faut appréhender l’historique de la construction de Paris et de ses relations avec les collectivités de proximité. Quel intérêt ? N’est-il pas trop tard ? Cette revue permet de comprendre, de mettre en perspective les enjeux, de se doter d’arguments chiffrés, juridiques, techniques fiables pour intervenir dans le débat public et la morgue assurance des technocrates sera nécessairement déstabilisée, les habitants ont le droit de comprendre, de savoir pour intervenir dans leur intérêt qui est l’intérêt public. Il n’y a pas que les JO dans cette Île-de-France, il y a ces femmes et ces hommes qui y vivent.

• Géopolitique du Grand Paris
Hérodote, n°193, 2ème trimestre 2024

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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