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par Francis PIAN • le 8 octobre 2023

DES IDEES ET DES LUTTES: L’IMPASSE DE LA COMPETITIVITE

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L’impuissance en guise de politique

La compétitivité du pays. Qui ne la défend pas dans la classe politique ? Depuis plus de quarante ans, les gouvernements de gauche, de droite, du centre (donc de droite) défendent ce concept qui devrait garantir à notre pays prospérité et bien-être… On voit le résultat !! Benjamin Brice dans son récent ouvrage, L’impasse de la compétitivité, publié aux éditions Les Liens qui Libèrent, se propose de déconstruire une notion qui loin d’être la solution à nos difficultés, en est l’origine.

Tout un chacun peut constater le chômage, la misère sociale, les déficits commerciaux aux gouffres abyssaux, le creusement des inégalités, la réindustrialisation relevant de l’incantation… Et pourtant pas de réaction des pouvoirs publics ou des cautères sur des jambes de bois. Inefficacité quand tu nous guettes ! Aucun rééquilibrage ne se dessine. Pourquoi une telle impuissance ? la dimension de classe sociale est évidente dans ce constat. Ces pouvoirs défendent les intérêts des classes dominantes. « Dans le débat public, que répond-on systématiquement à celles et ceux qui demandent une révision de nos modes de vie, une meilleure répartition des richesses ou de l’argent pour les services publics ? Que ce n’est pas raisonnable ! Que faute de tenir suffisamment compte des contraintes extérieures, cela mènerait le pays à la catastrophe… » Une fois la compétitivité assurée, tout ira mieux mais cela ne va jamais mieux !
La colère sociale, une réalité
Au contraire, nous constatons l’échec de cette compétitivité, la colère sociale est une réalité, elle couve aujourd’hui après les Gilets jaunes et les manifestations contre la réforme des retraites. Les ¾ de la population s’opposait à cette réforme et le Pouvoir n’en tient pas compte. Drapé dans sa suffisance, sa certitude d’avoir toujours raison, dans sa conscience de ne pouvoir être réélu à l’issue de son second mandat, le président de la République va au bout de sa logique issue des classes sociales et des intérêts économiques qui l’ont soutenu. Nous connaissons aujourd’hui un appauvrissement de la vie civique. Des élus, des corps constitués de plus en plus coupés des habitants.
L’intérêt du livre de Benjamin Brice réside dans sa capacité à exposer les situations, à expliquer les causes et les effets. Il nous livre des chiffres récents qui alimenteront les débats politiques et sociétaux. Il faut dénoncer ce que nous vivons et trop souvent nos interlocuteurs de toute bonne foi, croient qu’il n’y a pas d’autres solutions. La réforme des retraites en est une caricature. On fait croire à la nécessité impérative de la réforme pour constater ensuite le contraire et qu’il y aurait encore un déficit. Le brouillard des chiffres et de la bureaucratie.
Sur le plan économique, les innovations sont rares en comparaison avec d’autres pays, nous perdons des emplois. Les déficits commerciaux s’effondrent. Etonnant pour un président qui fonde sa crédibilité sur l’économie. Alors en parallèle, on attaque l’administration. Les services publics nationaux et locaux se dégradent, le manque de personnel est criant, les ressources insuffisantes. Ça ne marche pas ! En revanche les cadeaux fiscaux aux entreprises se multiplient, les cadres paraissent satisfaits, en tout cas la majorité d’entre eux, tout comme les retraités, a voté pour ce président entonnant le credo de la compétitivité et à l’approche des élections, l’illusion du « bout du tunnel ».
Un déclassement de la France
La population est insatisfaite car elle ne peut accéder à un niveau de vie que la publicité fait miroiter. Le niveau de revenu n’est pas à la hauteur, des zones entières se désertifient économiquement. Les emplois créés dans les métropoles sont de qualité insuffisante et si le chômage baisse, les salaires sont très faibles. Le déséquilibre entre les classes sociales engendre un sentiment d’injustice. Une forme de déclassement de la France se dessine.
Faut-il tout mettre sur le dos du Président de la République ? Certes depuis plus de quarante ans, la situation ne s’améliore guère mais la réalité actuelle est renforcée par un individu qui concentre les pouvoirs, en use sans se remettre en cause. Ne varietur, sans possibilité de changement, sinon les forces de l’ordre interviennent ! Injustice devant l’impôt, réformes contre l’opinion, la pression écologique, une Europe déstabilisée, un monde dangereux ? Emmanuel Macron ne change rien, il bricole et ne sait pas écouter la société. L’actualité le démontre chaque jour.
Pourtant la question de la répartition est essentielle. Pour Benjamin Brice, il faut aller au-delà des arbitrages du marché, cette satanée main invisible toujours illusoire. Alors que nous baignons dans « une paresse de la pensée », il est primordial de répondre à une autre grande question : « Comment voulons-nous vivre ? »

Francis PIAN

Benjamin Brice
L’impasse de la compétitivité
Ed. Les Liens qui Libèrent, 2023

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages Radio libertaire

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