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par Francis PIAN • le 19 octobre 2024

Des idées et des luttes : Sociologie des Gilets jaunes

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Ronds-points et solidarité

Le mouvement des Gilets jaunes a commencé le 17 novembre 2018, initialement pour protester contre l’instauration d’une taxe sur le carburant diesel : un évènement historique en raison de sa diversité, de sa complexité et de son caractère inattendu. Les ronds-points, les barrières de péage, les rues de grande ville, occupés par ces femmes et ces hommes ont dérouté les politiques et autres politologues. Pour Antoine Bernard de Raymond et Sylvain Bordiec, auteurs du livre Sociologie des Gilets jaunes, reproduction et luttes sociales publié aux éditions Le Bord de l’eau en 2024, ce mouvement « ne se laisse pas facilement appréhendé par les catégories usuelles de la politique, par les catégories de la politique instituées. Aussi, ceux qui ont tenté précipitamment de le rabattre sur les catégories toutes faites (« gauche », « droite », « populisme ») en ont été pour leurs frais. »

Une forme d’énigme pour les rationalistes de la vie politique. Elles et ils sont d’origine populaire, faiblement diplômés, avec peu d’expérience politique, sans organisation formelle, ni leaders et ces individus créent une mobilisation collective. Ils s’attaquent à l’organisation étatique, plutôt qu’au patronat. Ils s’intéressent au phénomène de la reproduction sociale et des inégalités intergénérationnelles. Et elles, ils se mobilisent sur les ronds-points, les auteurs développent la symbolique de ces lieux. Le rond-point, dispositif de rencontre et de mobilisation pour « oser ». De plus, l’hétérogénéité de l’ensemble tient grâce à la constitution de petits groupes qui se fédèrent, se transforment, construisent leur réflexion autour de leur statut social.

Le poids des dépenses contraintes
La vie quotidienne impulse l’engagement. Un fait qui crée un déclic, la question de la voiture en l’espèce, du carburant qui conditionne la vie sociale de la famille. La parole dans l’ouvrage est souvent donnée aux femmes qui soulignent la hausse du budget des ménages, celle des dépenses contraintes. Le cri de protestation contre l’injustice fiscale. « Il faut limiter le MAX de rentrée d’argent pour l’Etat. » Un parallèle pourrait s’établir entre le carburant considéré comme un bien essentiel tout comme le pain sous l’Ancien régime, toute proportions gardées. Tous les produits de base sont touchés, Que reste-il comme « reste à vivre » ? Les jeunes ne peuvent pas s’en sortir et la solidarité intergénérationnelle joue. Comment répondre au désir d’ascension sociale ?

Une « crise de gouvernementalité » ?
Face à cette crise sociale, le mépris du pouvoir qui n’a de cesse encore aujourd’hui, les « élites » sont totalement déconnectées de la société. Au fil des pages, les témoignages recueillis par les auteurs étayent la réflexion. Comment vivre en cas d’accidents de la vie, ceux du travail ? Comment construire une solidarité locale ? Entre les gens du coin et les déracinés, il existe peu de relations sociales. Finalement le rond-point par sa fonction de passage crée des liens, « une assemblée fraternelle » de gens qui ne se connaissaient pas. On discute, on délibère, on décide des actions à mener. Des stratégies d’évitement des clivages politiques, la lutte contre le leadership de « grandes gueules » dessinent des perspectives lors du démontage des ronds-points. L’Appel de Commercy a suscité des débats intenses tout comme la charte des Gilets jaunes. Rappelons-nous les exigences de mécanisme de contrôle populaire des dirigeants. Ils traduisent une « crise de gouvernementalité ». Les débats permanents, les échanges sur des thématiques éclatées déroutent les médias qui cherchant toujours la simplification ont contribué au mépris institutionnel. « Au-delà de l’éloignement des réalités vécues, les discours officiels sonnent aux oreilles des Gilets jaunes comme une langue étrangère incompréhensible. »
Ils s’en prennent à l’Etat et plus précisément au régalien. Leurs réflexions affrontent le dilemme entre justice sociale et écologisation des pratiques. Quelques années après, les modes d’action exprimant la protestation sociétale ont changé mais pas les questions sociales et les injustices. Rappelons-nous le cri des Gilets jaunes : « On n’est pas là pour nous, on est là pour nos enfants ! »

• Antoine Bernard de Raymond, Sylvain Bordiec
Sociologie des Gilets jaunes, reproduction et luttes sociales
Ed. Le Bord de l’eau, 2024,

PAR : Francis PIAN
Groupe Commune de Paris
Emission Au fil des pages sur Radio libertaire

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1	le 20 octobre 2024 21:05:28 par jean jean de garrigue

Ne cherchez pas ...les gilets jaunes, c’est le peuple, c’est "gilet jaune un jour, gilet jaune toujours", c’est tout simplement la révolution libertaire un jour pour tous et toutes et pour toujours, la famille, la fraternité.
Les gilets jaunes, c’est demain. Nul besoin de plus de mots, nous n’avons même plus de haine pour vous, nous laisserons la guillotine à l’ère de vos rancœurs, nous, nous ferons la révolution dans la joie !!!

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