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par Francis Pian • le 29 avril 2023

Des idées et des luttes : Parasites

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Ils se nourrissent de nous !

Dès la couverture de son livre Parasites publié aux éditions Les liens qui libèrent, Nicolas Framont démarre fort ! le ton est donné, pas de cadeaux ! « Les classes bourgeoises sont des parasites qui se nourrissent de notre travail, de nos impôts, de notre vie politique, de nos besoins et de nos rêves… »

L’habilité de ces mêmes classes bourgeoises consiste à se cacher derrière l’immatérialité et ce depuis de nombreuses années. Ce ne sont plus des personnes mais des systèmes. S’appuyant sur Les Raisins de la colère de Steinbeck, Nicolas Framont explique, démonte, dénonce des processus, des entités mais aussi des individus qui usent et abusent du pouvoir de l’argent pour disposer du pouvoir tout court. Évidemment, vous aurez les « bons élèves », ceux qui réussissent, à qui tout sourit, ceux-là se sentent à l’aise dans notre société, ils sont macroniens ou d’une sensibilité proche, de classes supérieures ; les lois servent ces nantis. Dans la dénonciation, vous aurez les conspirationnistes qui soupçonnent des groupes de dominants cachés, les réseaux sociaux sont submergés de leurs délires. Il y a aussi ceux qui dénoncent tout simplement la réalité d’une lutte des classes. A ceux-là la société et les médias répondent par le dédain, la moquerie, le concept paraît ringard puis qu’il faut faire passer l’idée que l’ennemi de classe devient un ami. Il n’y a plus de patrons mais des dirigeants qui souffrent pour reprendre la formulation d’Emmanuel Macron. Il n’y a même plus d’ouvriers, d’employés mais des collaborateurs. La langue, le vocabulaire cachent la réalité.

Les dynasties économiques s’allient avec les pouvoirs publics, les aides de l’État proviennent des impôts et malheur à celui qui critique ces aides, il remet en cause le soutien à l’emploi (sic).

Qu’est-ce qu’un bourgeois ?
Un bourgeois, c’est une personne qui fait partie de la classe dirigeante de notre système capitaliste. Cette classe « cumule direction du travail via les entreprises, direction de l’État et direction des médias ». Elle se regroupe sur des lieux spécifiques, dans des clubs fermés, dans certains quartiers de Paris ou de villes chics. « On naît bourgeois, on ne le devient pas. » Les études des Pinçon-Charlot le démontrent amplement. L’intégration dans le monde politique de haut niveau, celui des décideurs rend bourgeois. Une forme de mépris de classe s’instaure (cf Des idées et des luttes du 14 novembre 2022). La presse est au service de cette classe dominante et déverse cette condescendance sur les ondes, dans les médias, il suffit d’écouter des chroniqueurs tels Thomas Legrand ou Dominique Seux. Parfois, on invite sur les plateaux télé des « experts » pour jouer à l’économiste de service. Au service de qui sont-ils ? Nous pourrions estimer que les classes intermédiaires se distinguent des « grands ». C’est faux, elles vont dans le même sens, croyant recueillir la reconnaissance de ceux qu’elles tentent d’imiter. Ridicule petite bourgeoise… Balzac aurait encore de quoi écrire !

Les puissances d’argent
Nicolas Framont démonte plusieurs opérations de l’appareil économique public pour le plus grand profit du secteur privé. Le cas d’EDF est criant. Les liens entre le ministère de l’économie et des finances et l’Agence française des entreprises privées le sont tout autant. Celle-ci ne cache pas de pratiquer un lobbying de haut vol auprès des pouvoirs publics. Le plus étonnant est sans doute que le libéralisme invite à multiplier les procédures, la règlementation, la bureaucratie si bien dénoncée par l’ami Graeber dans son livre éponyme (cf Des idées et des luttes du 24 avril 2022). Dans l’administration, nous le savions mais aussi dans l’entreprise, les travailleurs sont contrôlés car méprisés, les relations du travail féodalisées. Face à cette absurdité, une grande démission s’opère, le sens de la responsabilité se dilue, l’individualisation et la dépolitisation semblent régner pour la plus grande satisfaction des dirigeants. Les récents évènements sociaux démontrent le contraire mais jusqu’à quand ?

Alors, on laisse tomber ?
Nicolas Framont invite à retrouver la fierté sociale, à sortir de la défiance mutuelle. Il faut reconnecter le militantisme et l’amour des autres. Une personne ne peut s’engager que si elle est proche des individus. Pourquoi croire dans la supériorité des dirigeants ? Et si nous cultivions le mépris de classe à l’envers en nous rappelant les leçons d’Étienne de la Boétie dans son Discours sur la servitude volontaire ? En positif, il faut créer l’espoir, apprendre le rapport de force. Pouget n’est pas loin dans le raisonnement de Framont, tout comme la vieille formule, « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
Cette classe parasite n’est ni gentille, ni méchante. Elle est parasite, tant qu’on l’y autorise.

Francis Pian

Parasites, Nicolas Framont. Ed. Les liens qui libèrent, 2023

PAR : Francis Pian
groupe Commune de Paris

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