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Chroniques du temps réel
par Jean-Claude Lénervé • le 21 mars 2022
Dans leur malheur, les réfugiés ukrainiens ont la chance de ne pas être syriens
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Si la guerre que la Russie livre à l’Ukraine devait se prolonger, en plus d’une pénurie de gaz, nous pourrions rapidement souffrir d’un manque de réfugiés ukrainiens provoqué par un manque de sobriété caritative et une surenchère dans les propositions d’accueil.
A condition qu’il soit ukrainien et qu’il rentre rapidement chez lui, l’exilé sera tendance ce printemps.
Sur les tee-shirts et les pancartes, j’écris courageusement ton nom "ukrainien" pour soutenir celles et ceux qui dorment sous les bombes, à la belle étoile. Dans une belle unanimité, les chiennes info déclinent la solidarité et la fraternité de ces formidables français sans oublier l’incroyable courage des ukrainiens et de leur président. Jusqu’à Cnews, la chaîne facho de référence qui ose dénoncer les mensonges de Poutine, son invasion d’un pays souverain et pousse l’outrecuidance à évoquer des crimes de guerre russes que nuance heureusement un "soi-disant" lourd de guillemets.
On s’autorisera à interroger la complaisance pour ne pas dire la complicité dont monsieur Poutine a bénéficié depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Rien n’y a fait, ni les guerres, ni les annexions auxquelles il s’est livré, pas davantage que la corruption et le népotisme érigés en modèle de gouvernance, ni les droits humains sur lesquels il s’est confortablement assis ou la répression sanglante et les crimes commis sur des opposants qui faisaient rien qu’à l’embêter.
Un gouvernement a-t-il apporté la plus petite aide à ces opposants ?
Enfoncé Billy Wilder, c’est vingt-deux ans de réflexion qu’il leur aura fallu aux dirigeants des démocraties occidentales avant de lui jeter des pierres et des insultes. Tu vas me dire, vingt ans, c’est court. Au contraire le ci-devant et jusque là clown, bateleur et corrompu Zelinsky s’est vu instantanément coiffé d’une auréole de courage.
Y a pas, c’est des bons nos dirigeants ! A moins qu’ils se soient livrés à de sordides calculs.
Une désorganisation du planning médiatique, voilà le principal reproche qu’on puisse formuler à l’encontre de monsieur Poutine. Après la pandémie, ses graphiques, ses experts, ses peurs et ses espoirs, ses discours contradictoires, ses états d’urgence et ses conseils de défense qui ont occupé les écrans pendant deux bonnes années, on déroulait peinards jusqu’à la campagne électorale, profitant d’une respiration olympique qui tombait à pic.
Un timing au petit poil. Histoire de se mettre en jambe, les télés avaient programmé à l’automne un galop d’entraînement sous la direction de l’écurie Bolloré, un canter où maître Zemmour qui aime se faire mousser, son jockey rejoint par d’autres concurrents qui s’étaient distingués en faisant les pitres aux islamistes sur le thème "Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine". Le succès obtenu avait conforté les diffuseurs dans l’intérêt qu’ils avaient à retransmettre la compétition. Tout était paramétré, le prix de la minute de pub’, les comme ils disent, punch lines écrites et stockées dans les mémoires des téléphones avant d’occuper [note] celles des téléspectateurs, les taxis des invités réservés, pas un bouton de guêtre ne manquait. Il a fallu qu’un Poutine qui ne respecte décidément rien, vienne chambouler cette belle mécanique avec une déclaration de guerre intempestive et en pleine "trêve olympique". Faut pas qu’il s’étonne d’avoir énervé son collègue Xi et le baron qu’on sait.
Félicitations aux logisticiens des médias. Ils ont su s’adapter dans l’urgence au comportement fantasque de l’Ours moscovite [note] qui savait pourtant qu’au même moment devait débuter une élection présidentielle vitale pour la survie de son couchsurfer de Bregançon qui l’avait reçu un été avec les égards dûs à son rang. Malgré l’insistance de son hôte obligeant et les conversations quotidiennes entre les deux compères [note] , l’ami de notre Gégé national [note] n’a rien voulu entendre.
Cyniques comme vous êtes, je vous entends murmurer qu’au contraire, la date du déclenchement de l’offensive pourrait devoir quelque chose aux demandes répétées du petit télégraphiste de l’Otan à son ami le kagébiste. Pour en avoir la confirmation, iIl faudra attendre le déclassement des archives "secret défense ", n’empêche, cette invasion qui lui garantit une victoire facile tout en lui signant des mots d’excuse pour sécher les meetings et les débats électoraux tombe rudement bien.
Quoiqu’il en soit, le moindre des savoir-vivre aurait imposé de retarder cette annexion de quelques mois (penser aux législatives ). On en fait quoi maintenant des tee-shirts "les jeunes avec Macron" et les affiches "Avec larem tu rames". On les compte quand même dans les frais de campagne ? Dommage de les jeter alors qu’ils participent de la défense d’une espèce menacée de disparition à cause du changement politique habituel au printemps (on peut rêver) ?
Les exemples de l’engagement remarquable des européens et le comportement courageux de nos compatriotes foisonnent. Le croisiériste italien MSC, probablement averti par un personnage proche des plus hautes sphères du pouvoir, s’est mis lui aussi sur les rangs. Désireux de contribuer à apaiser les souffrances des malheureux, il propose un séjour "la croisière s’amuse", animations comprises. A la télé, la charte de bonnes pratiques du C.S.A. demande à ce que les débats et les émissions de variétés abordent la question de l’Ukraine. La présence d’un réfugié apporte 5 points qui sont doublés si la personne est sur le plateau et triplés si elle parle notre langue. Un français parti monter un commerce donnera droit et c’est bien normal, au super bonus. Le "printemps de la mode" impose le dress code bleu et jaune dans les défilés et les manifestations. Il se murmure que Karl Lagerfeld sortirait de sa tombe, feutre bleu en main pour rajouter une bande de cette couleur à ses paletots fluorescents. Cette dépense supplémentaire fait râler quelques gilets jaunes mais leur participation semble acquise. Paris... après la tour Eiffel, madame Hidalgo envisagerait de repeindre la Seine aux couleurs de l’Ukraine. Plus remarquable encore, avec un sens du sacrifice inattendu, elle aurait décidé de décliner l’organisation des jeux olympiques de 2024, demandant qu’elle soit confiée à Kyi (appellation consacrée par les résistants de nos plateaux télé) pour permettre de lancer un programme de reconstruction "Sport de maçon". Ce qu’entendant, monsieur Bouygues a contacté dans la foulée [note] son ami monsieur Hollande.
Quai Conti, le vert sert et soutient l’héroïsme ukrainien, nos courageux résistants à la sénilité imposent le remplacement de "Kiev" par "Kyiv" dans le dictionnaire de l’institution et en interdisent l’usage dans l’émission "des chiffres et des lettres. En consultant la rubrique "décès " du Figaro, on saura rapidement jusqu’où l’ignominie conduit Poutine.
Enfin, le toujours discret E. Macron, invite des familles de réfugiés (ukrainiens only) à planter leur tente dans le parc de l’Elysée. A propos, il reste une tente (TBE - peu servie) que monsieur Kadhafi a laissé sur la pelouse. Cette désinvolture pourrait expliquer pourquoi le Csarkozy qui n’est pas une couille molle [note] , n’a pas hésité à faire tuer le malappris dans son propre pays, et ce malgré qu’il ait pu être un généreux donateur.
Pour la garden party post-défilé du 14 juillet 2022, ce qui restera d’armée ukrainienne sera l’invitée d’honneur (dépense minime), le chef de L’État a exigé des chaises aux couleurs du drapeau ukrainien.
En revanche, plus surprenant, à vingt heures, aucun applaudissement ne se fait entendre des balcons. Il suffisait peut-être de lancer l’idée.
Même les propriétaires d’Ehpad sont touchés par la grâce. Pour se refaire une réputation, ils proposent d’accueillir des ukrainiens dans leurs structures ; le délégué des réfugiés a décliné l’invitation en déclarant "merci mais faut pas nous prendre pour des imbéciles". La porte-parole du groupement d’actionnaires leader sur le marché de l’or gris-blanc explique les raisons d’un intérêt aussi soudain que surprenant mais qui reste, selon elle, dans leur "coeur de métier" [note] : "Avec eux, on est tranquilles. Les familles ne leur rendront pas visite, elles ne nous chercheront pas noise, d’ailleurs question hébergement, alimentation, maltraitance, ils ont connu pire. Alors de quoi pourraient-ils se plaindre ? Nous sommes confiants dans le sort que les organismes de tutelle réserveront à nos demandes de financement".
"Adopte un ukrainien" oui mais pendant combien de temps ? Ce mot d’ordre de la semaine et peut-être même de l’année devrait tarir le flot de réfugiés et il est urgent de prévoir les réponses à apporter aux demandes des municipalités, des centres d’hébergement et de familles qui souhaitent accueillir des victimes de cette guerre. Même les établissements scolaires suivent le mouvement dans une dynamique d’autant plus remarquable qu’on sait les difficultés rencontrées habituellement dans l’intégration des élèves handicapés.
Serait-ce dû à une situation dramatique savamment entretenue par le poids des mots et le choc des images, les conversations autour de la table familiale apportant le supplément de légitimité nécessaire ?
Gamin, je ne me souviens pas que nos parents qui vivaient à une heure de la capitale, aient jamais manifesté le moindre intérêt bienveillant à la présence même temporaire de nos camarades "du voyage". Peut-être parce qu’ils savaient que les adultes volaient nos sœurs et frères et qu’ils chouravaient ensuite les animaux de la basse-cour.
Cette empathie mêlée au minimum d’humanité obligée ne devrait heureusement pas dépasser les premières conséquences des sanctions économiques. Qu’on la qualifie de pragmatique ou de munichoise, cette attitude ne saurait se prolonger, les limites et l’aspect temporaire de ces mesures d’une bienveillance insensée ayant été clairement fixées par monsieur Zemmour, l’influenceur bien connu des zéros asociaux et des plateaux télé.
Néanmoins, une pénurie de réfugiés ukrainiens s’annonce qui fait craindre qu’on accepte les resquilleurs, les métèques paresseux, même pas chrétiens en provenance de pays aux coutumes exotiques, du genre à armer des bateauxj [note] pour affronter [note] les dangers de la mer et les files d’attente interminables aux frontières afin de profiter des largesses de la république.
Par chance, c’est le sous-brigadier Zemmour qu’on a chargé de faire le tri entre le bon grain orthodoxe et l’ivraie musulmane.
Tant pis pour les syriens, les irakiens et les afghans qui ont accepté de naître à quelques centaines de kilomètres de Kiev. C’est bien la preuve que ces gens-là ne méritent pas de bénéficier d’un accueil dans un enthousiasme solidaire et fraternel. Contrairement à nos quasi-frères ukrainiens, ils n’ont pas été assez malins pour éviter la dictature d’un autocrate, les bombardements des avions de Poutine, les commandos russes, les armes chimiques, la destruction des hôpitaux et celle des villes. Si c’est pas une preuve.
Pour résumer, si les réfugiés ukrainiens, avaient été syriens, irakiens ou afghans auraient-ils bénéficié de la même solidarité unanime ? On connaît la réponse et ils l’ont bien cherchée.
Conclusion, c’était vraiment pas la peine de gâcher autant de papier et de mobiliser [note] votre attention sinon pour prendre conscience que nous pourrions nous aussi, rejoindre la liste des réfugiés mais nous et nos chefs de gouvernement qui vantons le courage de la population ukrainienne et de son président suivrions-nous leur exemple ?
Jean-Claude Lénervé
A condition qu’il soit ukrainien et qu’il rentre rapidement chez lui, l’exilé sera tendance ce printemps.
Sur les tee-shirts et les pancartes, j’écris courageusement ton nom "ukrainien" pour soutenir celles et ceux qui dorment sous les bombes, à la belle étoile. Dans une belle unanimité, les chiennes info déclinent la solidarité et la fraternité de ces formidables français sans oublier l’incroyable courage des ukrainiens et de leur président. Jusqu’à Cnews, la chaîne facho de référence qui ose dénoncer les mensonges de Poutine, son invasion d’un pays souverain et pousse l’outrecuidance à évoquer des crimes de guerre russes que nuance heureusement un "soi-disant" lourd de guillemets.
On s’autorisera à interroger la complaisance pour ne pas dire la complicité dont monsieur Poutine a bénéficié depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Rien n’y a fait, ni les guerres, ni les annexions auxquelles il s’est livré, pas davantage que la corruption et le népotisme érigés en modèle de gouvernance, ni les droits humains sur lesquels il s’est confortablement assis ou la répression sanglante et les crimes commis sur des opposants qui faisaient rien qu’à l’embêter.
Un gouvernement a-t-il apporté la plus petite aide à ces opposants ?
Enfoncé Billy Wilder, c’est vingt-deux ans de réflexion qu’il leur aura fallu aux dirigeants des démocraties occidentales avant de lui jeter des pierres et des insultes. Tu vas me dire, vingt ans, c’est court. Au contraire le ci-devant et jusque là clown, bateleur et corrompu Zelinsky s’est vu instantanément coiffé d’une auréole de courage.
Y a pas, c’est des bons nos dirigeants ! A moins qu’ils se soient livrés à de sordides calculs.
Une désorganisation du planning médiatique, voilà le principal reproche qu’on puisse formuler à l’encontre de monsieur Poutine. Après la pandémie, ses graphiques, ses experts, ses peurs et ses espoirs, ses discours contradictoires, ses états d’urgence et ses conseils de défense qui ont occupé les écrans pendant deux bonnes années, on déroulait peinards jusqu’à la campagne électorale, profitant d’une respiration olympique qui tombait à pic.
Un timing au petit poil. Histoire de se mettre en jambe, les télés avaient programmé à l’automne un galop d’entraînement sous la direction de l’écurie Bolloré, un canter où maître Zemmour qui aime se faire mousser, son jockey rejoint par d’autres concurrents qui s’étaient distingués en faisant les pitres aux islamistes sur le thème "Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine". Le succès obtenu avait conforté les diffuseurs dans l’intérêt qu’ils avaient à retransmettre la compétition. Tout était paramétré, le prix de la minute de pub’, les comme ils disent, punch lines écrites et stockées dans les mémoires des téléphones avant d’occuper [note] celles des téléspectateurs, les taxis des invités réservés, pas un bouton de guêtre ne manquait. Il a fallu qu’un Poutine qui ne respecte décidément rien, vienne chambouler cette belle mécanique avec une déclaration de guerre intempestive et en pleine "trêve olympique". Faut pas qu’il s’étonne d’avoir énervé son collègue Xi et le baron qu’on sait.
Félicitations aux logisticiens des médias. Ils ont su s’adapter dans l’urgence au comportement fantasque de l’Ours moscovite [note] qui savait pourtant qu’au même moment devait débuter une élection présidentielle vitale pour la survie de son couchsurfer de Bregançon qui l’avait reçu un été avec les égards dûs à son rang. Malgré l’insistance de son hôte obligeant et les conversations quotidiennes entre les deux compères [note] , l’ami de notre Gégé national [note] n’a rien voulu entendre.
Cyniques comme vous êtes, je vous entends murmurer qu’au contraire, la date du déclenchement de l’offensive pourrait devoir quelque chose aux demandes répétées du petit télégraphiste de l’Otan à son ami le kagébiste. Pour en avoir la confirmation, iIl faudra attendre le déclassement des archives "secret défense ", n’empêche, cette invasion qui lui garantit une victoire facile tout en lui signant des mots d’excuse pour sécher les meetings et les débats électoraux tombe rudement bien.
Quoiqu’il en soit, le moindre des savoir-vivre aurait imposé de retarder cette annexion de quelques mois (penser aux législatives ). On en fait quoi maintenant des tee-shirts "les jeunes avec Macron" et les affiches "Avec larem tu rames". On les compte quand même dans les frais de campagne ? Dommage de les jeter alors qu’ils participent de la défense d’une espèce menacée de disparition à cause du changement politique habituel au printemps (on peut rêver) ?
Les exemples de l’engagement remarquable des européens et le comportement courageux de nos compatriotes foisonnent. Le croisiériste italien MSC, probablement averti par un personnage proche des plus hautes sphères du pouvoir, s’est mis lui aussi sur les rangs. Désireux de contribuer à apaiser les souffrances des malheureux, il propose un séjour "la croisière s’amuse", animations comprises. A la télé, la charte de bonnes pratiques du C.S.A. demande à ce que les débats et les émissions de variétés abordent la question de l’Ukraine. La présence d’un réfugié apporte 5 points qui sont doublés si la personne est sur le plateau et triplés si elle parle notre langue. Un français parti monter un commerce donnera droit et c’est bien normal, au super bonus. Le "printemps de la mode" impose le dress code bleu et jaune dans les défilés et les manifestations. Il se murmure que Karl Lagerfeld sortirait de sa tombe, feutre bleu en main pour rajouter une bande de cette couleur à ses paletots fluorescents. Cette dépense supplémentaire fait râler quelques gilets jaunes mais leur participation semble acquise. Paris... après la tour Eiffel, madame Hidalgo envisagerait de repeindre la Seine aux couleurs de l’Ukraine. Plus remarquable encore, avec un sens du sacrifice inattendu, elle aurait décidé de décliner l’organisation des jeux olympiques de 2024, demandant qu’elle soit confiée à Kyi (appellation consacrée par les résistants de nos plateaux télé) pour permettre de lancer un programme de reconstruction "Sport de maçon". Ce qu’entendant, monsieur Bouygues a contacté dans la foulée [note] son ami monsieur Hollande.
Quai Conti, le vert sert et soutient l’héroïsme ukrainien, nos courageux résistants à la sénilité imposent le remplacement de "Kiev" par "Kyiv" dans le dictionnaire de l’institution et en interdisent l’usage dans l’émission "des chiffres et des lettres. En consultant la rubrique "décès " du Figaro, on saura rapidement jusqu’où l’ignominie conduit Poutine.
Enfin, le toujours discret E. Macron, invite des familles de réfugiés (ukrainiens only) à planter leur tente dans le parc de l’Elysée. A propos, il reste une tente (TBE - peu servie) que monsieur Kadhafi a laissé sur la pelouse. Cette désinvolture pourrait expliquer pourquoi le Csarkozy qui n’est pas une couille molle [note] , n’a pas hésité à faire tuer le malappris dans son propre pays, et ce malgré qu’il ait pu être un généreux donateur.
Pour la garden party post-défilé du 14 juillet 2022, ce qui restera d’armée ukrainienne sera l’invitée d’honneur (dépense minime), le chef de L’État a exigé des chaises aux couleurs du drapeau ukrainien.
En revanche, plus surprenant, à vingt heures, aucun applaudissement ne se fait entendre des balcons. Il suffisait peut-être de lancer l’idée.
Même les propriétaires d’Ehpad sont touchés par la grâce. Pour se refaire une réputation, ils proposent d’accueillir des ukrainiens dans leurs structures ; le délégué des réfugiés a décliné l’invitation en déclarant "merci mais faut pas nous prendre pour des imbéciles". La porte-parole du groupement d’actionnaires leader sur le marché de l’or gris-blanc explique les raisons d’un intérêt aussi soudain que surprenant mais qui reste, selon elle, dans leur "coeur de métier" [note] : "Avec eux, on est tranquilles. Les familles ne leur rendront pas visite, elles ne nous chercheront pas noise, d’ailleurs question hébergement, alimentation, maltraitance, ils ont connu pire. Alors de quoi pourraient-ils se plaindre ? Nous sommes confiants dans le sort que les organismes de tutelle réserveront à nos demandes de financement".
"Adopte un ukrainien" oui mais pendant combien de temps ? Ce mot d’ordre de la semaine et peut-être même de l’année devrait tarir le flot de réfugiés et il est urgent de prévoir les réponses à apporter aux demandes des municipalités, des centres d’hébergement et de familles qui souhaitent accueillir des victimes de cette guerre. Même les établissements scolaires suivent le mouvement dans une dynamique d’autant plus remarquable qu’on sait les difficultés rencontrées habituellement dans l’intégration des élèves handicapés.
Serait-ce dû à une situation dramatique savamment entretenue par le poids des mots et le choc des images, les conversations autour de la table familiale apportant le supplément de légitimité nécessaire ?
Gamin, je ne me souviens pas que nos parents qui vivaient à une heure de la capitale, aient jamais manifesté le moindre intérêt bienveillant à la présence même temporaire de nos camarades "du voyage". Peut-être parce qu’ils savaient que les adultes volaient nos sœurs et frères et qu’ils chouravaient ensuite les animaux de la basse-cour.
Cette empathie mêlée au minimum d’humanité obligée ne devrait heureusement pas dépasser les premières conséquences des sanctions économiques. Qu’on la qualifie de pragmatique ou de munichoise, cette attitude ne saurait se prolonger, les limites et l’aspect temporaire de ces mesures d’une bienveillance insensée ayant été clairement fixées par monsieur Zemmour, l’influenceur bien connu des zéros asociaux et des plateaux télé.
Néanmoins, une pénurie de réfugiés ukrainiens s’annonce qui fait craindre qu’on accepte les resquilleurs, les métèques paresseux, même pas chrétiens en provenance de pays aux coutumes exotiques, du genre à armer des bateauxj [note] pour affronter [note] les dangers de la mer et les files d’attente interminables aux frontières afin de profiter des largesses de la république.
Par chance, c’est le sous-brigadier Zemmour qu’on a chargé de faire le tri entre le bon grain orthodoxe et l’ivraie musulmane.
Tant pis pour les syriens, les irakiens et les afghans qui ont accepté de naître à quelques centaines de kilomètres de Kiev. C’est bien la preuve que ces gens-là ne méritent pas de bénéficier d’un accueil dans un enthousiasme solidaire et fraternel. Contrairement à nos quasi-frères ukrainiens, ils n’ont pas été assez malins pour éviter la dictature d’un autocrate, les bombardements des avions de Poutine, les commandos russes, les armes chimiques, la destruction des hôpitaux et celle des villes. Si c’est pas une preuve.
Pour résumer, si les réfugiés ukrainiens, avaient été syriens, irakiens ou afghans auraient-ils bénéficié de la même solidarité unanime ? On connaît la réponse et ils l’ont bien cherchée.
Conclusion, c’était vraiment pas la peine de gâcher autant de papier et de mobiliser [note] votre attention sinon pour prendre conscience que nous pourrions nous aussi, rejoindre la liste des réfugiés mais nous et nos chefs de gouvernement qui vantons le courage de la population ukrainienne et de son président suivrions-nous leur exemple ?
Jean-Claude Lénervé
PAR : Jean-Claude Lénervé
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le 26 mars 2022 11:58:50 par Philippe. |
Bel plume noir, je vais en décalquer quelques mots quelques phrases et m en servir comme argumentaire.