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par FAI. Federación Anarquista Ibérica le 8 mars 2021

Contre la politique des

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traduction Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA




CONTRE LA POLITIQUE DES "SAUVEURS"
Pour qui veut changer le monde, mais pour de vrai ; pas en réformant le capitalisme.
Septembre 2020.

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Pendant de nombreuses années et avec beaucoup d’efficacité, les principales armes des travailleuses ont été grèves et manifestations. Deux activités aujourd’hui en perte de crédibilité et d’efficacité pour la plupart d’entre nous.

Mais en quoi consiste la grève ? Si l’on part du principe que le travailleur est le seul producteur de toutes les richesses, il est clair que s’il ne produit pas, il est impossible de créer de la richesse, c’est-à-dire que le chef d’entreprise n’engrange pas de bénéfices. En cas d’arrêt du travail, le patron se retrouve avec une entreprise à gérer, des dettes à honorer et des commandes à livrer, ce qui ne lui est pas possible dans les délais impartis. Le patron sans travailleurs devra fermer l’entreprise parce qu’il ne pourra pas poursuivre l’activité, et perdant tous ses clients, se ruiner en frais. Qui contrôle la production, contrôle la situation. Mais, bien entendu, la grève doit être illimitée. Elle se caractérise par l’union des travailleuses pour l’arrêt de la production jusqu’à ce que le patron n’ait d’autre choix que de céder aux demandes ou aux intérêts des travailleuses. Le patron ne doit pas savoir quand la grève prendra fin, une grève d’un jour ne sert à rien, on ne peut pas céder tant que les objectifs ne sont pas atteints.
Nous pouvons encore constater que les ouvriers unis et avec un vrai projet de grève illimitée sont en mesure d’atteindre des objectifs. La grève est l’un des outils les plus utiles du syndicalisme révolutionnaire.
Fin XIX siècle et début XX, la grève a été un outil fondamental pour l’obtention de droits et acquis pour les travailleuses. Nous pouvons voir à présent que le capital a trouvé une fois de plus des méthodes pour rendre ces luttes inefficaces. La plupart des syndicats, pour beaucoup associés à des partis politiques, sont bien loin d’être d’un grand secours pour le peuple.
Le syndicalisme révolutionnaire (aussi appelé plus tard anarchosyndicalisme) a été créé pour faire pression sur les entreprises afin qu’elles cèdent aux demandes des travailleuses. Avec un objectif clair, les syndicats révolutionnaires prenaient le chemin de l’émancipation du peuple, de la révolution sociale. La bonne organisation et les modèles de production faisaient que le patron devait par force accepter ce que les travailleuses exigeaient. Ainsi, peu à peu, ont été acquis les droits du travail que nous connaissons.
On a beau nous dire que les droits du travail dont nous disposons aujourd’hui étaient le but ultime et représentent le triomphe final de la lutte syndicale, ce n’est pas la réalité. Même si en surmontant et en esquivant différentes attaques du patronat et de l’État, la lutte ouvrière, au début du XX siècle, a atteint de nombreux objectifs, tels que les huit heures ou des accords de ce type -qui étaient en effet des acquis-, elle n’en finissait pas avec "l’exploitation de l’homme par l’homme". C’étaient des avancées mais on n’a pas obtenu la grande victoire et aujourd’hui ils veulent que nous ne nous en souvenions jamais plus.
Les plus grandes conquêtes syndicales ont eu lieu au siècle dernier. Le patronat et l’État étant les victimes de l’efficacité de la grève et du syndicalisme, employèrent des méthodes comme la torture, l’emprisonnement, et les hommes de main engagés pour abattre des syndicalistes (le pistolérisme), l’armée dans les rues, la tristement célèbre "loi du délit de fuite" grâce à laquelle ils pouvaient tuer n’importe qui en arguant fallacieusement d’une tentative d’évasion. Les mouchards er les vendus facilitèrent beaucoup le travail de la police.
Nous pouvons constater que le syndicalisme révolutionnaire qui a tant obtenu n’a pas grand-chose à voir avec la plus grande partie du syndicalisme actuel.
Les revendications des syndicats entrent dans les paramètres du capitalisme, ils négocient des horaires ou des salaires, mais sont très loin d’une conduite véritablement syndicaliste. Le syndicalisme révolutionnaire a été créé pour la révolution sociale, pas pour la négociation avec le patronat.
L’intérêt de faire disparaître l’idée de révolution sociale est puissant et il nous est difficile de changer la mentalité que l’on nous a inculquée dès l’enfance. Nous ne remettons pas en cause le travail, c’est-à-dire que nous ne remettons pas en cause le capitalisme.
Ce qui se passe aujourd’hui avec la grande majorité des syndicats, c’est que leurs dirigeants sont des fonctionnaires de l’État et des valets du pouvoir et du patronat. Le syndicalisme cherche désormais à négocier l’exploitation, pas à l’abolir. Ils négocient des horaires, des salaires, des conventions... Mais tout cela au profit du capital et sans le remettre en question.
Il en va de même avec les manifestations, elles consistent à descendre dans la rue pour exprimer notre mécontentement mais la contestation ne saurait être une promenade ou une batucada. Une manifestation, c’est prendre les rues et exprimer sa colère. Jouer du tambour, envoyer de la musique festive dans la sono, ou fixer une heure de début et de fin, devient quelque chose de peu dangereux pour le pouvoir.
La majorité de la population voyait l’avènement de la démocratie comme la venue de la liberté, or il est indiscutable que peu de choses ont changé depuis et que, ces dernières années, on assiste même plutôt à un retour de l’autoritarisme : il faut bien dire que la démocratie a été le plus gros piège pour les travailleurs, puisqu’ils se croiraient libres avec des partis politiques et des syndicats (vendus) légaux et en allant voter tous les quatre ans.
Ce qu’il s’est passé, c’est que l’État a cessé de se montrer comme autoritaire ou fasciste, mais conservé les mêmes huiles au pouvoir quoiqu’ avec un nouvel habit. L’État démocratique a absorbé les partis politiques. Il a acheté et financé les syndicats en en faisant ses appendices ; ainsi, toute action qu’ils pourraient mener, serait inutile pour le peuple. Le peuple ne verrait pas d’un mauvais œil le financement des diverses organisations politiques et syndicales puisque l’État démocratique leur paraîtrait un bon mode de vie, mais c’est en réalité une autre forme de répression et de contrôle au service des marchés et des grandes fortunes. A l’époque de la dictature, la population se rendait aux manifestations en étant consciente de vivre sous une dictature et de vouloir l’abolir, personne ne demandait de permission, c’étaient de véritables manifestations ; mais en démocratie, l’État a légalisé les manifestations tout en rendant obligatoire de demander la permission d’en faire. L’État exige des responsables de chaque mobilisation de rue et menace de représailles les organisateurs en cas de troubles ou de non-respect de l’horaire. Demander la permission pour contester l’oppresseur ou l’État est illogique. Maintenant le droit de manifester est dans la loi, mais seulement à l’heure et au lieu convenus. Cela est vain. Si vous ne respectez pas l’accord, la gentille police démocratique exercera la violence pour vous expulser des rues, comme sous Franco mais après la représentation.
C’est la même situation pour les grèves ; une grève d’un jour sert juste aux parasites des syndicats pour justifier leur salaire, ceux-là mêmes qui pendant la Transition jouaient la carte de l’humilité et roulent à présent en limousine officielle. Les syndicats pour la plupart sont sans aucun doute devenus une partie de l’État et de son cirque.
Pour beaucoup, être syndicaliste est devenu un travail, ils deviennent permanents syndicaux pour se consacrer au syndicalisme. Mais un syndicat qui fonctionne comme un parti, est incapable d’aller de l’avant. Bon, il avancera en matière de bien-être de ses dirigeants, mais pas de ses adhérents. Participer aux élections syndicales ou payer une cotisation, ne suffit pas pour un syndicat qui recherche l’action ; comme dans tous les domaines, la mobilisation et l’action de ses adhérentes est nécessaire et doit être le premier objectif quand on crée un syndicat.

Nous pouvons constater le déclin du syndicalisme actuel, la ruine du peuple et la richesse de ses chefs. Nous devons toujours nous organiser sans leaders, ni subventions ni permanents.

Il est évident que non seulement nous ne nous organisons pas mais que nous ne connaissons absolument pas celles, dans le passé, qui ont lutté, risqué leur vie et souvent payé de leur vie pour conquérir des droits pour nous. Nous allons vers un oubli historique et idéologique en manifestant et en faisant grève par inertie et non pour un résultat effectif, tout cela est absurde. Aussi absurde et vil que celui qui raille et critique les anarchistes et les organisations ouvrières révolutionnaire mais profite de toutes leurs victoires. Personne ne refuse les améliorations. Même les fascistes profitent des acquis de leurs ennemies ! Eux qui ont tabassé et tué nombre de compagnes en faisant le sale boulot pour le capital. Aucune salariée de droite, fasciste et passive ne continue à travailler quatorze heures par jour et ne dit à son patron qu’elle continuera à travailler aux anciennes conditions.

PAR : FAI. Federación Anarquista Ibérica
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