Publico n’est pas qu’une librairie...

Rencontre à Publico autour de Jean Meckert/Amila ( l’Ami anar ) au travers la réédition illustrée de Le Boucher des Hurlus aux Éditions Ronces

Saint Molotov, l’illustrateur, Hervé Delouche, l’un des postfaciers, et Quentin Ganteil, l’éditeur seront présents lors de cette rencontre pour présenter l’œuvre de Jean Meckert et évoquer la construction de cette réédition.

Jean Meckert (1910-1995) exerce une multitude de petits métiers avant de se mettre à écrire les romans rageurs que l’on connaît. Son histoire personnelle et celles de ses personnages s’entrechoquent souvent. Écrivain prolétarien et libertaire passé au roman noir, il écrit plusieurs dizaines de récits sous de multiples pseudonymes, le principal étant de John/Jean Amila. Trente ans après sa mort, son œuvre [note] , éloignée de toute forme de complaisance, reste celle d’un auteur révolté par la bassesse de ses contemporains et qui exprime, à travers ce style oral qui lui est si particulier, un besoin viscéral de liberté.

Jean Meckert est devenu en 1950 le deuxième écrivain français de la Série Noire après Terry Stewart ( Serge Arcouest ) sous le pseudo américain de John Amila [note] pour les cinq premiers romans des vingt et un publiés à la Série Noire mais devenu Jean Amila pour les suivants.
Le Boucher des Hurlus y est publié initialement en 1982, ce qui fait d’Amila « une sorte de vieux tonton » du Néo Polar social et engagé de l’époque. Sa place incontournable dans le roman noir français est d’ailleurs consacrée par la réédition de Y a pas de bon dieu ! dans le label Série Noire-Classique [note] positionnant Amila au coté notamment de Raymond Chandler « fondateur historique » du roman noir.

Bien que publié initialement à la Série Noire [note] , Le Boucher des Hurlus est un roman très personnel relevant plus (et encore plus que ses autres Série Noire), de la veine prolétarienne et sociale de Jean Meckert que du roman policier et même plus largement du roman noir.

Les Éditions Ronces le rééditent donc sous cette signature dans cette belle version illustrée.

1918. Michou, huit ans, est à la tête d’une bande d’orphelins de guerre. Rongé par l’esprit de vengeance, il part à la recherche du boucher des Hurlus, le général-massacreur qui fit fusiller son mutin de père, afin de lui rendre la monnaie de sa pièce.

- Des fois, je fais des dessins avec un grand mec plein d’étoiles, et moi je le pointe avec un pétard…
- Veux-tu te taire !
- … que c’est tellement lourd, que je le tiens à deux mains. »

Servi par un style décapant, Jean Meckert s’attache de nouveau à montrer la dégueulasserie de la guerre à travers la cruauté d’une poignée d’officiers et la lâcheté des gens de l’arrière. Cette fois-ci, tout passe par les yeux de l’enfance et c’est ce qui contribue à la force du récit. Incarnés avec justesse, les dialogues prennent littéralement aux tripes.

Jean Amila a fait l’objet d’articles dans le Monde Libertaire notamment en 2012 à l’occasion de l’exposition qui lui a été consacré à la Bilipo et de la parution de Comme un écho errant, texte autobiographique où le côté très personnel du Boucher des Hurlus est abordé.
https://www.monde-libertaire.fr/?page=archives&numarchive=15949