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par René Berthier le 1 mars 2021

L’insurrection de Cronstadt, moment charnière de la Révolution russe (1e partie)

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Parler de Cronstadt après Alexandre Skirda me semble une tentative vaine. Il a consacré plusieurs ouvrages à cet événement, qui furent des étapes successives vers la version finale publiée en février 2017 aux éditions Spartacus. Ce dernier ouvrage met selon moi un point final à la question, du moins pour un bon moment, jusqu’à ce que de nouvelles sources primaires soient trouvées. Alexandre a eu accès à des sources russes originales qui permettent de balayer tous les mensonges qui ont été diffusés par le mouvement communiste sur les causes de l’insurrection des marins de cette base navale qui réclamaient des soviets libres et l’égalité des rations alimentaires entre communistes et non communistes. Dans le présent texte je n’ai pas l’ambition d’ajouter quoi que ce soit à ce que Skirda a déjà écrit mais de dresser un rapide tableau général du contexte politique et économi que qui a conduit à l’insurrection de mars 1921, en m’attardant sur le point de vue interne au mouvement communiste.


La révolution russe a longtemps été un enjeu politique ; elle a été instrumentalisée, utilisée par les propagandes diverses, chacune ne retenant que les aspects qui confirmaient sa propre optique de l’histoire, ou qui convenaient à sa propre perspective du présent. Le mouvement libertaire n’échappe pas à cette tendance, dans la mesure où il axe son discours sur la révolution sur deux événements portés à un statut quasi mythique, le mouvement makhnoviste et l’insurrection de Cronstadt. Pourtant l’insurrection de Cronstadt, en 1921, n’est que la conclusion d’un processus de plusieurs années de contre-révolution et ne saurait donc expliquer cette contre-révolution.

Les libertaires ont vécu avec des images d’Épinal de héros vaincus, dans le souvenir de la répression de Cronstadt (ou dans celle du mouvement makhnoviste), comme si la liquidation de ces deux mouvements était la seule manifestation de la contre-révolution bolchevique. La répression de l’insurrection de Cronstadt a eu tendance à occulter d’autres révoltes ouvrières qui ont été réprimées dans des bains de sang, notamment celle d’Astrakhan en mars 1919. Il y a eu beaucoup de « Cronstadt »

Pour comprendre cette situation, il faut avant tout comprendre quelle était la situation sociale et économique de la Russie à la veille de l’insurrection de Cronstadt. Il faudra également faire un « audit » sur la nature du parti communiste à la veille du Xe congrès qui décida la répression de l’insurrection. Nous verrons quelles furent les réactions des différents courants communistes face à l’insurrection.

L’approche que j’ai choisie pour aborder ce centième anniversaire de l’insurrection de Cronstadt consiste à considérer cet événement dans son contexte global.


La situation sociale en Russie

Les années de guerre civile sont souvent mentionnées comme une des causes de la dégénérescence bureaucratique de la révolution, pour les destructions qu’elle a causées, pour l’effort inouï qu’elle a exigé du prolétariat russe et le laminage qu’elle a effectué auprès de l’avant-garde de la classe ouvrière. Les destructions et les sacrifices ont effectivement été considérables. Cependant il faut considérer que l’état de délabrement de l’économie n’a pas été provoqué par la guerre civile elle-même : cette dernière a simplement accéléré un processus commencé déjà bien avant, dès le début de la guerre impérialiste.

Le laminage des effectifs du parti, des militants les plus conscients et expérimentés doit être considérablement relativisé. Non pas qu’il n’ait pas eu lieu, mais il faut garder à l’esprit que les effectifs du parti bolchevik en 1916 sont, selon Pierre Broué [note] , de 6 000 ; ils passent à 15-17 000 en février 1917, à 115 000 en octobre 1917, 250 000 fin 1918 pour atteindre 600 000 fin 1920. Si on peut parler d’un « laminage » de « l’avant-garde », cette « avant-garde » était de toute façon extrêmement restreinte. Lorsqu’on lit que dans les années 20 il ne restait que 8 % des militants du début de la révolution, 8 % de 15 000 donnent 1200 si on prend les effectifs de Février 1917, 9200 si on prend les effectifs d’Octobre 1917. Le raisonnement est absurde.

Si on peut parler de laminage, c’est plutôt de celui de la classe ouvrière qu’il s’agit. Le prolétariat industriel en 1917 était de 3 millions ; il tombe à 2,5 millions en 1918, 1,48 million en 1920 et 1,24 million en 1921 (selon Carr). En octobre 1921, Lénine déclare que le prolétariat « a cessé d’exister en tant que prolétariat », « le prolétariat a disparu » [note] . Mais en même temps, il y a 5 millions de fonctionnaires !

La dégénérescence bureaucratique du régime est avant tout la conséquence d’un choix politique : le sureffectif de fonctionnaires qui pourraient être plus utiles en production ; l’incompétence crasse de ces fonctionnaires à organiser l’économie.

En 1922 Boukharine déclara que « la ruine économique, le déclin de la production s’accompagnent indéniablement du déclin de la saine psychologie prolétarienne, ce qui, en faisant tomber le prolétariat au niveau d’une foule en haillons et en transformant des éléments ouvriers de valeur, avec une tradition d’activité productive, en éléments déclassés, crée une situation qui favorise plus ou moins les tendances anarchistes ». La situation semblait suffisamment grave pour que Boukharine soit chargé de rédiger un article contre l’anarchisme« [note] !

En réalité, les effectifs de la classe ouvrière en production ont diminué parce qu’il n’y avait plus grand chose à produire ; La tentative psychologisante faite par Boukharine consistant à déprécier la classe ouvrière sert à masquer le fait que le prolétariat restait extrêmement militant, mais qu’il était mobilisé contre le pouvoir communiste ! La classe ouvrière a continué de mener des actions collectives pendant toute la guerre civile : « chaque vague de protestation fut plus puissante que la précédente, culminant dans le mouvement de masse de la fin de 1920 », écrit Richard Sakwa. Au début de 1921, « des unités de l’armée appelées à intervenir contre des ouvriers en grève refusèrent d’ouvrir le feu et furent remplacées par des détachements communistes armés », qui n’hésitèrent pas à tirer. « Le jour suivant, plusieurs usines se mirent en grève » et certains régiments « furent désarmés et consignés dans leurs casernes par mesure de précaution » par le gouvernement qui craignait de possibles fraternisations. A Moscou, à Petrograd des grèves sauvages éclatent et les mêmes revendications sont posées dans les assemblées d’usine : ravitaillement, politique paysanne, liberté d’expression. Le 23 février 1921, « Moscou fut placé sous la loi martiale tandis que des détachements communistes et des unités fidèles de l’armée montaient la garde vingt-quatre heures sur vingt-quatre devant les usines » [note] . On voit donc que l’insurrection de Cronstadt, qui eut lieu une semaine plus tard, n’est pas un événement désincarné, hors de contexte.

Cette insurrection a quelque peu occulté la grève générale de Petrograd qui en est à l’origine. Le soviet de la ville y répond en fermant certaines usines, dont l’usine Poutilov qui avait donné le signal de départ de la révolution de Février. Les rassemblements dans les usines sont interdits mais le mouvement s’étend à Moscou. Le couvre-feu est instauré, l’état de guerre est décrété.

Les grèves avaient été endémiques pendant toute l’année 1920, montrant une opposition massive de la classe ouvrière au régime : « au cours des six premiers mois de 1920 des grèves se produisirent dans 77 % des grandes usines et des entreprises de taille moyenne », écrit J. Aves [note] .

On comprend très bien que dans la littérature communiste la classe ouvrière, même réduite en nombre, disparaisse comme acteur positif de l’histoire dans la mesure où maintenant elle s’oppose au régime qui la réprime et qui a anéanti toute organisation ouvrière autonome. Le slogan des marins de Cronstadt : « Les soviets sans les communistes » n’avait en lui-même pas de sens dans la mesure même où s’il y avait eu des élections libres, les communistes auraient été balayés : l’opposition au régime communiste est moins le signe de effondrement de la classe ouvrière que celui de sa politisation croissante.


Mais il n’y a pas que la classe ouvrière. Pendant la période 1920-1921, toute une série de soulèvements paysans s’étendit sur le pays. Le mouvement makhnoviste en Ukraine ne fut pas le seul. Des révoltes éclatent à Tambov, Tioumen entre autres, motivées par la protestation contre les réquisitions et les excès qu’elles provoquèrent.

A Tambov la révolte démarra en 1920 à la suite de la réquisition forcée du grain par les autorités bolcheviques. En 1920, les réquisitions furent portées de 282 000 tonnes à 442 000 tonnes dans la région. La révolte débuta le 19 août 1920 dans la petite ville de Khitrovo, où se forma une armée paysanne locale, appelée « armée bleue ». Contrairement à la plupart des autres armées de la guerre civile qui avaient essaimé dans toute la Russie, l’armée bleue se basait sur une organisation politique d’inspiration socialiste-révolutionnaire, l’« Union des paysans travailleurs ». Un congrès tenu à Tambov abolit l’autorité soviétique et vota la création d’une assemblée constituante indépendante et la cession de toute la terre aux paysans.

L’un des chefs de la révolte, Alexandre Antonov, avait rejoint les bolcheviks pendant la révolution mais opposé aux réformes agraires de ces derniers, il rejoignit l’aile radicale du parti socialiste révolutionnaire. Les troupes qu’il organisa contre les bolcheviks étaient bien organisées, très efficaces. En octobre 1920, l’armée paysanne comptait plus de 50 000 hommes, renforcée par de nombreux déserteurs de l’Armée rouge. En janvier 1921, la révolte se répandit aux régions de Samara, Saratov, Tsaritsyne, Astrakhan et de Sibérie.

La révolte de Tambov n’était pas terminée lorsque Toukhatchevski fut chargé de la répression de l’insurrection de Cronstadt. Pour mettre fin à la résistance acharnée de la population de Tambov, l’usage de gaz fut décidé. Le général Toukhatchevski ordonna : « Tout doit être calculé pour que la nappe de gaz pénètre dans la forêt et extermine tout ce qui s’y cache. L’inspecteur de l’artillerie doit fournir immédiatement les quantités requises de gaz asphyxiants ainsi que des spécialistes compétents pour ce genre d’opération. [note] »

« L’annonce de l’intention d’utiliser des armes chimiques est intervenue le 12 juin 1921, dans un ordre "opérationnellement secret" signé par Toukhatchevski et son chef d’état-major, N. E. Kakourine. Comme Toukhatchevski, Kakurin était un vétéran de la Première Guerre mondiale avec une expérience de commandement. Leur connaissance des gaz toxiques était probablement intime, d’autant plus que l’armée russe a souffert plus que tout autre belligérant des effets du chlore et du gaz moutarde.L’ordre du 12 juin expliquait que les groupes rebelles restants étaient maintenant effectivement isolés des villages et de la population partisane par les mesures prises depuis l’arrivée de Toukhatchevski à Tambov. » [note]


On peut mesurer la résistance féroce de la population à un aveu que dut faire Toukhatchevski, qui reconnut que la décision d’introduire des armes chimiques dans le conflit de Tambov avait été un d’échec. Lors de la réunion d’une Commission Plénipotentiaire, il fit une déclaration reconnaissant son incapacité à respecter le délai d’un mois que lui avaient donné ses supérieurs politiques à Moscou.

Il fallut toute l’année 1921 pour étouffer le soulèvement. Antonov fut tué en 1922 pendant son arrestation. Les pertes totales parmi la population de la région de Tambov sont estimées à 240 000 personnes au moins. L’ampleur des pertes consécutives à la répression de ce soulèvement sont hors de proportion avec celles de Cronstadt.


L’insurrection de Cronstadt éclate le 1er mars 1921. On connaît la suite : l’échec des négociations, la décision des bolcheviks d’attaquer pendant que la glace n’a pas encore fondu et avant que la mer libérée ne protège à nouveau l’île et la flotte, qui constituerait alors une base possible pour n’importe quelle intervention extérieure. Zinoviev parle de tirer les insurgés “comme des perdreaux".

L’offensive est meurtrière, puisque les canons de la forteresse tirent sur la glace où avancent les soldats de l’Armée rouge : 10 000 (?) tués sur 50 000 hommes. Les vainqueurs sont sans pitié, des milliers d’insurgés furent massacrés, exécutés par la Tchéka ou envoyés en camp de concentration. 7 000 insurgés s’enfuient sur la mer gelée pour rejoindre la Finlande voisine, où les attendent aussi des camps de concentration. De plus, afin d’effacer toute trace du soulèvement, le Soviet fut dissous et on effectua une gigantesque purge pour empêcher que les “microbes” ne se propagent ! Cronstadt va devenir un des symboles (les autres étant l’AIT et la répression stalinienne en Espagne) de l’opposition irréductible entre marxistes et anarchistes.


Le parti bolchevik
Au-delà de l’aspect tragique de la répression organisée par le pouvoir bolchevik contre l’insurrection de Cronstadt, ce qui est en jeu est l’attitude de ce pouvoir par rapport à la moindre dissidence et le refus catégorique d’envisager la moindre alliance politique avec d’autres forces révolutionnaires. Et l’un des principaux arguments pour refuser toute alliance est de considérer que tous les autres courants révolutionnaires sont en fait réactionnaires. Puisque les insurgés de Cronstadt réclamaient la liberté d’élections dans les soviets, ils étaient donc considérés par essence réactionnaires. En 1921, les bolcheviks savaient très bien que l’organisation d’élections dans les soviets en Russie serait catastrophique pour eux. Le refus de toute alliance est consubstantiel au parti bolchevik, bien que nombre de dirigeants aient prévenu Lénine du danger à s’engager dans cette voie.


Après Octobre 1917 une majorité du parti bolchevik avait imposé à Lénine l’entrée des mencheviks dits internationalistes et des Socialistes révolutionnaires de gauche, en dissidence avec leurs partis respectifs, dans les instances du gouvernement. Lénine ne voulait absolument pas de ces alliances. De fait, cette période d’alliance ne dura pas longtemps. Même si les hésitations des représentants de ces courants non bolcheviks ont une part de responsabilité dans l’isolement du parti bolchevik face au pouvoir, il reste cependant vrai que les bolchéviks, et en particulier Lénine, n’ont pas vraiment cherché à construire des coalitions avec les autres forces politiques du pays. Majoritaires dans les soviets des principales villes, ils ne l’étaient pas à la campagne, où les socialistes révolutionnaires étaient largement majoritaires. En outre, les mencheviks, très implantés dans les syndicats, les socialistes révolutionnaires et les anarchistes représentaient ensemble une force réelle.

Pour Lénine, la situation était claire. Il déclara en mai 1918 : « Maintenant le pouvoir est conquis, conservé, consolidé entre les mains d’un seul parti, le parti du prolétariat, (…) parler maintenant d’esprit conciliateur, alors qu’il n’est pas et qu’il ne saurait être question de partager le pouvoir, de renoncer à la dictature du prolétariat contre la bourgeoisie... » [, mai 1918." class="notebdp">note]

Le refus d’une représentation politique pluraliste non seulement isole les bolcheviks mais les contrait à user de méthodes administratives dictatoriales, à avoir recours de plus en plus à la répression et à la terreur contre toutes les autres organisations politiques mais aussi contre toute institution de la société civile qui aurait pu échapper à leur contrôle, telles que les coopératives, qui auraient pu assurer une grande partie de la production et de la distribution alimentaires.

Chaque crise mettant en cause le pouvoir voit une réponse non pas dans l’assouplissement des mesures qui provoquent ces crises mais dans un accroissement de la centralisation, du contrôle étatique et de la répression. Cette situation dramatique est parfaitement illustrée dans les revendications des marins de Cronstadt qui expriment parfaitement la crise globale vécue par la société russe. Cette tendance à l’hyper-centralisation verra son apogée dans l’idée de militarisation du travail et des syndicats, développée par Trotski mais partagée par beaucoup de dirigeants communistes. On peut dire au crédit de Lénine qu’il refusa de s’engager sur cette voie, bien que ce ne fut pas par scrupule humaniste mais parce qu’il percevait parfaitement l’impossibilité de la mise en œuvre d’une telle politique. D’ailleurs Trotski lui-même reviendra rapidement sur cette idée inepte.

Lorsque l’insurrection éclate, la guerre civile est terminée et gagnée sur presque tout le territoire. Se pose donc la question de la sortie du « communisme de guerre » avec ses réquisitions à la campagne et ses milices dans les usines pour contraindre les ouvriers à la production. Pourtant, rien ne semble avancer. Les soulèvements sont nombreux à la campagne, la situation n’était guère meilleure dans les usines où les soviets se survivaient sur le papier. Il fallut le soulèvement des marins de Cronstadt, complétant un tableau catastrophique, pour que des mesures soient prises. Lors du Xe congrès du parti, qui se tint en même temps que l’insurrection, Lénine s’exclama : « C’est l’éclair qui a illuminé plus vivement la réalité que tout le reste ».


Dans ce contexte, les marins de Cronstadt décident de s’informer de ce qui se passe à Petrograd et y envoient une délégation. Mais l’insurrection débute vraiment le 1er mars : ce jour-là, une assemblée de plusieurs milliers de marins se tient sur la place de l’Ancre. La résolution qui y est adoptée a été rédigée la veille par les équipages des deux cuirassés. Elle comporte treize points, qu’il faut bien citer pour comprendre les enjeux de la rébellion. S’adressant en gouvernement, les marins déclarent :


« Étant donné que les soviets actuels n’expriment pas la volonté des ouvriers et des paysans, il faut :
1) procéder immédiatement à la réélection des soviets au moyen du vote secret. La campagne électorale parmi les ouvriers et les paysans devra se dérouler avec la pleine liberté de parole et d’action ;
2) établir la liberté de parole pour tous les ouvriers et les paysans, les anarchistes et les socialistes de gauche ;
3) accorder la liberté de réunion aux syndicats et aux organisations paysannes ;
4) convoquer en dehors des partis politiques une conférence des ouvriers, soldats rouges et marins de Petrograd, de Cronstadt et de la province de Petrograd pour le 10 mars au plus tard ;
5) libérer tous les prisonniers politiques socialistes ainsi que tous les ouvriers, paysans, soldats rouges et marins, emprisonnés à la suite des mouvements ouvriers et paysans ;
6) élire une commission chargée d’examiner le cas des détenus des prisons et des camps de concentration ;
7) abolir les « sections politiques », car aucun parti politique ne doit bénéficier de privilèges pour la propagande de ses idées, ni recevoir de l’État des moyens financiers dans ce but. Il faut les remplacer par des commissions d’éducation élues dans chaque localité et financées par le gouvernement ;
8) abolir immédiatement tous les barrages [c’est-à-dire les réquisitions, NDR] ;
9) uniformiser les rations pour tous les travailleurs, excepté pour ceux qui exercent des professions dangereuses pour la santé ;
10) abolir les détachements communistes de choc dans toutes les usines de l’armée et la garde communiste dans les fabriques et les usines. En cas de besoin, ces corps de garde pourront être désignés dans l’armée par les compagnies et dans les usines et les fabriques par les ouvriers eux-mêmes.
11) donner aux paysans la pleine liberté d’action pour leurs terres ainsi que le droit de posséder du bétail à condition qu’ils s’acquittent de leur tâche eux-mêmes, sans recourir au travail salarié ;
12) désigner une commission ambulante de contrôle ;
13) autoriser le libre exercice de l’artisanat sans emploi salarié. »


Et la résolution se conclut par les deux points suivants :

« 14) Nous demandons à toutes les unités de l’armée et aussi aux camarades « élèves officiers » de se joindre à notre résolution ;
15) Nous exigeons que toutes nos résolutions soient largement publiées dans la presse. »



Ce texte fut voté à l’unanimité, y compris les militants bolcheviks, sauf par Vassiliev, Kalinine et Kousmine, des dirigeants bolcheviks qui traitèrent les marins de « vauriens » et les menacèrent.

Une nouvelle assemblée devait désigner un nouveau soviet le lendemain 2 mars mais les choses tournèrent autrement. Une rumeur circulait selon laquelle Cronstadt était encerclée par des détachements de l’Armée rouge.

Trois dirigeants communistes sont arrêtés et un Comité révolutionnaire provisoire est créé à la place du soviet. Selon Henri Arvon, ce comité fut désigné à main levée ; selon Jean-Jacques Marie, auteur trotskiste, il a été désigné par un présidium de cinq personnes. Pour Paul Arvich un comité révolutionnaire élargi de 15 membres a été élu le 4 mars par 200 délégués des usines et des unités militaires de la base navale [note] .
Pour le gouvernement communiste, c’était une provocation qui marqua le véritable début de l’insurrection.

(à suivre)

PAR : René Berthier
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le 6 mars 2021 11:07:02 par François-Georges

Ça y est, ça va recommencer, encore un pensum interminable que personne ne lira. Mais cet individu ne prendra donc jamais sa retraite?