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Littérature
par Patrick Schindler le 27 septembre 2024

Le rat noir fera craquer les pages blanches, octobre tiendra sa revanche

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Octobre grec avec Louna l’invisible de Rika Benveniste ; Un été grec avec Camus de Dimitris Stefanakis et Complot artistique de Eurydice Trichon Milsani. Des révolutionnaires français en Irlande : La dernière invasion de Maxime Reynaud ; Science-fiction : le magnifique Demain les chiens de Clifford D. Simak. Et pour conclure, La pieuvre nucléaire du Réseau Makhno.

« Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage » Henri Michaux





Rika Benveniste : Louna



Rika Benveniste est née à Thessalonique. Après des études à Jérusalem et Paris, elle devient professeure d’histoire médiévale à l’université de Thessalie, à Volos. Ses travaux portent sur les rapports entre juifs et chrétiens, la conversion et l’historiographie juive.
Ses recherches sur la Shoah et les premières années de l’après-guerre ont fait l’objet de plusieurs livres.



En introduction de Louna (éd. Signes et Balises, traduction Loïc Marcou), Annette Wieviorka nous explique comment l’historienne Rika Benveniste est partie sur les traces de Louna Assael, une femme « pauvre, illettrée et juive née en 1904 à Salonique, une invisible en somme… ».
Comment sortir alors Louna de cette invisibilité ? Comment la faire entrer dans l’histoire avec les si peu d’indices qu’elle a laissés, mis à part quelques témoignages oraux.
Louna a pourtant pratiquement traversé le siècle et connu la déportation.
Rika Benveniste prend alors la plume pour nous expliquer le sens de sa démarche, s’appuyant sur : « La micro-histoire des mémoires individuelles et des souvenirs privés à défaut d’écrits qui n’apparaissent que rarement dans les discours sur la Shoah, notamment sur les années d’après-guerre vécues par les rares survivants grecs ». Ainsi, l’auteure de cette biographie a commencé à rassembler les morceaux du « puzzle Louna », à partir des lieux que celle-ci avait habités dans la ville de Salonique ainsi que des souvenirs qu’en avaient gardés ses rares voisins (dont la mère de Rika et une de ses cousines), avant et après la Shoah. Nombre de documents, photos, témoignages, récits historiques, etc. les complètent.
Cette « enquête » s’ouvre dans une Salonique qualifiée par certains en 1870, « de Jérusalem juive des Balkans ». Nous allons y vivre les deux guerres balkaniques, le grand incendie de 1917, l’arrivée des réfugiés de la Grande Catastrophe en 1922 et subir la paupérisation des populations pauvres saloniciennes, notamment juives.
Au fil des quelques témoignages rassemblés, nous pénétrons un peu dans l’intimité de Louna et de son quartier, décrit par l’un de ses habitants pauvres et où elle a passé son enfance. Analphabète, s’exprimant uniquement en judéo-espagnol, couturière à domicile et mariée à un docker juif du Port.
Nous traverserons encore la crise de 1929 ; le pogrom antisémite de 1931 ; la montée de l’antisémitisme et ce, jusqu’à l’arrivée de la Wehrmacht allemande et la déportation massive des juifs de Salonique.
Rika Benveniste aborde ensuite, les deux années d’enfer que Louna passa, d’abord à Auschwitz dans le funeste Block 10, où de nombreuses femmes juives et tziganes furent stérilisés. Passage éminemment édifiant, corroboré par une soixantaine de témoignages et documents. Rien ne nous sera épargné du parcours de Louna, de son transfert à Bergen-Belsen à l’approche des troupes alliées russes, ni sa participation à une « marche de la mort ». Comment a-t-elle réussi à se sortir de tant de cauchemars dont elle parla peu ? Son retour à Salonique en septembre 1945, nous réservera bien d’autres déconvenues tout comme aux 2.000 rescapés des camps, ou sauvés et cachés par la résistance. Nous accompagnerons encore notre « triste héroïne » dans un dortoir communautaire où malgré toutes les catastrophes subies, elle tentera avec les réfugiés de l’apocalypse de réapprendre à vivre ou à minima à survivre. Là encore, de nombreux commentaires, témoignages et autres documents nous donnent une description détaillée du contexte socio-politique en Grèce.
Après tant de pérégrinations, en 1960, Louna parviendra enfin à s’installer dans un appartement à elle, avant de rejoindre l’hospice Saül Modiano. Elle en sera une des premières pensionnaires avant d’être rejoint par certaines de ses anciennes compagnes du Block 10.
Ne subsiste qu’un seul témoignage détaillé et émouvant de la vie quotidienne dans ce lieu « préservé ». Rika Benveniste se demande alors, comment Louna pouvait bien passer ses journées ? Vivait-elle dans le présent ou dans ses souvenirs ? Pour toutes réponses, l’auteure nous décrit quelques photos d’époque dont elle a hérité (qu’elle se refuse à diffuser) et s’appuie sur les rares visites qu’elle ou sa mère lui rendirent à l’hospice.
En conclusion, Rika nous offre « Yorando entre Mozotros » (en pleurant entre nous), un texte poignant que nous vous laissons le soin de découvrir.

Dimitris Stefanakis : Un été grec avec Camus



Dimitris Stefanakis est né en 1961, sur l’île de Kéa et a fait ses études à Athènes. Il est l’auteur de plusieurs romans dont Film noir et Jours d’Alexandrie qui a obtenu le Prix Méditerranée en 2011. Il est venu en mai dernier présenter son nouveau livre Un été avec Camus, à la librairie Lexikopoleio d’Athènes.



Un été grec avec Camus (éd. Emmanuelle Collas, traduction Vasiliki Loukou) : En juillet 1998, (ne demandez pas pourquoi !), Albert Camus se retrouve dans le bras de mer séparant l’île de Délos de celle de Mykonos. En ce lieu où, quarante ans auparavant lors de son premier voyage en Grèce, il prenait ses premières notes en vue d’écrire son nouveau roman qu’il intitulerait Le Premier homme.
« Mais combien d’années s’étaient écoulées depuis ce temps-là ? Il lui semblait qu’un événement, dont il n’arrivait pas à se souvenir, avait brutalement coupé le cordon ombilical qui le rattachait à la vie et l’avait plongé dans cet état onirique qui le laissait errer, ou plutôt flotter dans un univers constellé d’ombres, que les hommes appellent la mort. Et si, en réalité, il était vraiment mort ? » …
Or, en ce mois de juillet 1998 Ariane Dariva, une jeune journaliste grecque accueille le prix Nobel français pour l’accompagner durant son séjour sur l’île de Mykonos. Quel est le but caché d’Ariane ? Et surtout, comment Camus va réagir devant ce qu’est devenu ce petit bijou d’île des Cyclades ? Devant les téléphones portables et autres inventions mercantiles ? Camus « ce jouisseur de la vie se laissera-t-il diluer dans les délires nocturnes de la nouvelle Sodome » ? Il aura comme premier refuge, le petit restaurant du port tenu par la famille d’Ariane et fréquenté par de nombreux amis et habitués.
Une sorte de petit voyage ré-initiatique dans le temps !
Dès lors, Camus va nous gratifier de considérations et notes prises au jour le jour dans son carnet. Retours sur son passé, son enfance pauvre en Algérie. Considérations sur le sens de l’histoire, le journalisme, l’amour, la littérature. Enfin, la vie quoi ! Quel plaisir d’entendre réincarnée, la voix d’un homme tel qu’Albert Camus !

Interview de Dimitris Stefanakis par le Rat noir :
Dimitris, d’où vous vient cette admiration pour l’œuvre et l’homme Albert Camus ? Et quel a été votre premier rendez-vous avec les œuvres d’Albert Camus ?
J’ai lu L’Etranger à l’âge de 17 ans. Ce fut pour moi une « apocalypse » (dans le sens de révélation). C’est ce livre qui m’a poussé à écrire. Camus a été mon maitre et mon ami, il me semblait qu’il me poussait à continuer.

Que représente Camus pour vous ?
Il est avant tout pour moi, un grand styliste de l’avant-garde du roman français, oublié par l’intelligentsia (d’ailleurs au même titre que André Malraux et André Gide) et ce n’est qu’en 1994, avec Le premier homme que l’on a commencé à réhabiliter l’œuvre de Camus, mais surtout son discours si marqué sur l’amour et la pauvreté.

Avez-vous entendu parler du livre diffamatoire de l’américain Olivier Cloag « Oublier Camus » ?

Oui bien sûr, hélas ! Et j’en ai été atterré comme tous les amoureux de Camus. Mais je ne souhaite pas m’y arrêter plus que ça. Je préfère redire que L’Etranger est avant tout un poème et surtout que Camus était avant tout un littéraire, pas un polémiste. Ses romans n’ont rien de politique, ils relèvent pour moi du pur plaisir esthétique. Le Camus « journaliste politique engagé » (il faut bien le dire également motivé par l’aspect financier) et le Camus philosophe sont il me semble, deux autres Camus, d’ailleurs tout aussi respectables. Cela dit, je comprends que l’on puisse reprocher à Camus certaines omissions dans ses romans, mais je le répète ce n’étaient pas leur but. De plus, il est idiot presque trois quart de siècles après, de ne pas tenir compte du contexte colonial français. Camus s’en est, il me semble, assez expliqué. Pour terminer, le nouveau slogan de la librairie Lexikopleio d’Athènes, initié par Odile et Patrick n’est-il pas : « Oublier Camus : Jamais » !

Deux cadeaux aux lecteurs du Rat noir
La dédicace de Dimitris Stefanakis :



Et ces photos de la tombe de Camus, prise par notre ami Justhom, en aout 2024 :




Eurydice Trichon Milsani : Complot artistique



Erydice Trichon Milsani à Athènes. A sa droite, son traducteur, Nassos Kyriazopoulos. Photo Patrick Schindler, juin 2024.

Eurydice Trichon Milsani est docteur en Histoire de l’art moderne et contemporain. Elle est membre de l’Association des Auteurs grecs. Elle a enseigné l’art à la Sorbonne et à l’INALCO et a travaillé 35 ans au Musée national d’Art moderne du Centre Pompidou.



Ariane, l’héroïne de Complot artistique (éd. L’Harmattan), est diplômée d’art pour son étude sur l’œuvre de Giorgio de Chirico (son peintre préféré). D’origine Grecque dans la région où le peintre a passé son enfance, elle prétend au poste d’assistante du célèbre conservateur Simon Berthier au Centre Pompidou, qui prépare une rétrospective de l’œuvre de Chirico. Il l’installe sur une petite table dans un coin de son bureau en attendant mieux.
C’est là qu’elle est témoin involontaire d’une discussion animée entre son nouveau chef et le responsable du prestigieux MOMA de New-York. Celui-ci refuse, pour des raisons assez floues, de prêter à Paris ses œuvres de Chirico, ce qui afflige profondément Simon et sa nouvelle jeune assistante. Pour un premier jour d’embauche « c’est réussi » !
Loin d’être découragé, Simon Berthier n’en démord pas, contre vents et marrées : « L’exposition aura lieu, quoi qu’il arrive, quand bien même une rétrospective met en exergue tous les défauts et les erreur qu’un artiste a commis dans sa carrière ».
Aussi, allons-nous plonger dans la vie trépidante de Chirico, « véritable personnage de roman ». A découvrir. Mais, malheureusement on dirait que tout va se liguer contre le conservateur Simon Berthier, afin de nuire à son projet. Œuvre d’une conjuration de collègues jaloux ? De faussaires, galeristes machiavéliques, vendeurs, acheteurs, intermédiaires dealers ?
C’est ainsi que nous pénétrons par l’intermédiaire « d’Ariane et son fil », dans le « petit monde » de Beaubourg. Jalousies entre collègues, statut spécial des agents d’accueil, des éclairagistes, etc. Trésors cachés et restaurés dans ses sous-sols. Mais surtout, que se passe-t-il exactement dans le musée une fois la nuit venue ? Un polar à multiples facettes dont l’action merveilleusement orchestrée qui va nous entrainer dans une course folle dans le monde « très spécial » de l’art …
Quelques mots d’Euridyce Trichon Milsani recueillis par le Rat noir :
« Ce livre a été pour moi l’occasion de dire au revoir au Centre Beaubourg dans lequel j’ai eu le plaisir de travailler pendant plusieurs décennies. Un personnel dévoué qui semble y être comme chez lui, tellement ces lieux lui semblent familiers. Ce roman reflète le Beaubourg de mes années 80, durant lesquelles a eu lieu le fameux vol d’un tableau de Picasso : comme quoi parfois, le réel dépasse le roman ! Mais j’ai aussi tenu à mêler la Grèce à cette histoire, par le biais de Giorgio de Chirico et une de mes héros » ...


Maxime Reynaud : La dernière invasion



Pour Maxime Reynaud, auteur de La dernière invasion (éd. Passés / Composés) : « On dit en général qu’il n’y a jamais eu de débarquement de révolutionnaires dans les îles britanniques. Or, il y en a eu pas moins de sept de 1793 à 1798 ! Si l’on en retient une, c’est celle de 1798 (une stèle la commémore en Irlande), alors qu’il existe des traces des autres tentatives, mais dont les historiens parlent rarement », a confié Maxime Reynaud au Rat noir.
Ci-fait dans cet essai ! Avant toute chose, Reynaud dresse un tableau des forces armées anglaises et françaises révolutionnaires. La marine anglaise dominant les flottes européennes et l’armée française dominant sur terre, alors que sa marine était en état de délabrement.
L’auteur se demande donc fort justement, ce qui a pu pousser les révolutionnaires français à choisir l’Irlande « ce balcon donnant sur l’Angleterre » pour tenter d’y débarquer ? Quels étaient alors, les liens entre les Irlandais et les Français ? Haine commune contre les Anglais ?
L’auteur entre dans le détail : situation socio-économique et politique entre les Irlandais et les Anglais, tensions religieuses, révoltes et insurrections sporadiques, associations secrètes irlandaises et répression anglaise. Il évoque ensuite le rapprochement de certains Irlandais avec le Directoire, avant de s’interroger sur le pourquoi de l’échec des trois premières tentatives révolutionnaires (1796/97), malgré les quelques victoires remportées, à découvrir dans l’ouvrage. L’occasion de croiser deux généraux, un certain Hoche et un certain Bonaparte … Mais l’action monte en puissance lors des quatre tentatives suivantes.
A déguster au passage, l’incroyable histoire du débarquement Kilcummin en 1798, sur laquelle l’auteur s’arrête encore en détail, ainsi que la tout aussi incroyable narration de la création de la Première république irlandaise (la vraie selon certains historiens), qui dura… 7 jours ! En fin d’ouvrage, nous verrons que seront moins glorieuses les répercussions anglaises sur le peuple irlandais !
Un épisode passionnant de l’histoire de la Révolution très peu abordé, ce qui est tout à l’honneur de Maxime Reynaud.

Clifford D. Simak : Demain les chiens



Clifford Donald Simak est né en 1904 à Millville, au Wisconsin. Les origines modestes de ce fils de fermiers modèleront la plupart des personnages de ses romans. Ses thèmes favoris sont la nature et les robots anthropomorphiques. Son œuvre la plus connue est Demain les chiens. Clifford D. Simak est un des grands écrivains de l’âge d’or de la science-fiction, au même titre que Isaac Asimov, Arthur C. Clarke ou Robert Heinlein.



Après Et si les chats disparaissaient du monde du Japonais Genki Kawamura (voir Rat noir de mai 2024) : Demain les chiens ! de Clifford D. Simak (éd. J’ai lu, traduction Pierre-Paul Durastanti).
Les auteurs de ce livre ne sont autres que des chiens. Et ils s’adressent à nous autres : chiens ! … Les premiers nous préviennent que nous allons découvrir huit contes « qui forment une légende des hommes mythiques, répétée oralement depuis des siècles et des siècles, avant d’être réunis dans un volume ». Ils ajoutent que si certains historiens canins y voient la preuve que les hommes n’ont jamais existé, d’autres pensent pour leur part, que « certains de ces textes controversés posséderaient en partie une origine non canine attestée par le charabia et des idées n’ayant aucun sens ». Aussi lecteurs, lectrices canins, Les auteurs nous indiquent que pour s’en faire une idée précise, le mieux est encore de les lire !
Nous avons décidé de ne rien livrer du contenu de ces huit contes, mais uniquement vous en donner une idée en vous livrant pour chacun d’entre eux, la première phrase introductive.
Pour ce qui concerne le premier : « Ce texte regorge d’un symbolisme dont on a égaré la clé depuis longtemps. Il parle de guerres, de villes par oppositions aux campagnes, bref, des choses inconnues des chiens » …
Pour le second, les auteurs reconnaissent que : « Certaines valeurs morales et éthiques évoquées ci-après, peuvent être appréciées par les chiens ».
Dans le troisième : « Les chiens entrent enfin en scène, même sous un aspect caricatural ».
Le quatrième conte se déroule, lui : « Dans un lieu fantasmé : la planète Jupiter ! ».
C’est au cours du cinquième conte que les lecteurs canins pourront ensuite constater : « L’instabilité des soi-disant humains si mal équipés » !
Concernant le sixième : « Les chercheurs y voient enfin pour la première fois, la marque d’une origine canine ».
Les auteurs reconnaissent que le septième est : « Une pure énigme ».
Le dernier serait, lui : « Un texte apocryphe rédigé par un conteur plus récent avide de reconnaissance ».

Arrivés au bout des contes, les auteurs en arrivent à se demander : « Au fait, et si les hommes avaient seulement existé, alors, que seraient-ils devenus ? »
Chers lecteurs canins : à vous d’en juger !

En fin du volume, Clifford Simak nous gratifie d’un neuvième conte désigné sous la forme d’épilogue. Mais il avoue en introduction avoir longtemps hésité à publier, lorsque ses feuilletons sont devenus un livre. A vous de deviner ses raisons après lecture. Enfin, dans son avant-propos datant de 1976, (situé en fin de volume !), Simak nous explique qu’il a écrit ce livre « par désillusion » et nous explique dans quelles circonstances. En effet, certains contes datant de l’aube de l’ère atomique, d’autres postérieurs au traumatisme d’Hiroshima et Nagasaki ...
Pour sa part, en 1996, Robert Silverberg nous explique combien il trouve réductrice l’idée de voir dans le travail de Simak « L’évocation d’une cause perdue ». Il nous conseille plutôt de nous plonger dans sa vie et sa carrière pour mieux comprendre sa démarche « Issue d’une vision poétique d’une époque imaginaire qu’il ne devait pas sérieusement imaginer advenir ». Vision poétique, certes (mettant en scène, mutants, robots et Horla), mais il faut le souligner, ponctuée de profondes considérations philosophiques, sociologiques et de prémonitions visionnaires !

Réseau Makhno : La Pieuvre nucléaire



Face au discours pronucléaire en cours de réhabilitation, La pieuvre nucléaire du Réseau Makhno (éd. Du Monde libertaire), tombe à pic. Il s’agit en effet d’un contre-discours mettant en lumière l’ensemble des dangers que représente l’industrie nucléaire pour les sociétés humaines et le vivant dans son ensemble. Preuves à l’appui.
En introduction, nous est offerte une édifiante genèse de l’ère atomique, depuis 1945 (Hiroshima) jusqu’à nos jours. Elle résume les conséquences, notamment dues au fait que les nouvelles générations la trouvent « naturelle ».

Les six auteurs rassemblés ici vont chacun leur tour, apporter leur « contre-expertise » pour démonter un par un, « Les mensonges des technocrates nucléaires complices de l’étendue de la pieuvre nucléaire ».
Roland Desbordes, porte-parole de la Commission de Recherche et d’Information indépendante sur la radioactivité [note] , inaugure le dossier. Il démonte au passage, les « fausses promesses du lobby nucléaire, comme gagnantes de la bataille du climat », soit, mais alors, sous quelle gouvernance ? Et quid alors, de la transparence en matière de vieillissement du parc français, des échecs annoncés des EPR (European Pressurised Reactors) et SMR (Small Modular Reactors) et des fantasmes sur l’ITER (réacteur thermonucléaire expérimental international) et de leurs promesses non tenues ?
Bernard Laponche, physicien nucléaire nous éclaire ensuite sur la production d’électricité d’origine nucléaire et ses risques. Plus précisément sur le rôle des réacteurs nucléaires aux nombreux accidents souvent minimisés, et sur les combustibles nucléaires « de la mine au déchets de faible, moyenne et haute activité », le tout à grand renfort de croquis édifiants. Avant de conclure sur la catastrophe industrielle et financière des EPR (1 & 2), il nous donne quelques pistes pour « Réussir une sortie du nucléaire dans les 20 à 30 ans qui viennent, à condition qu’un accident grave ou majeur ne plonge pas le pays dans une crise dramatique » …
Annie Thébaud-Mony, sociologue du travail, nous alerte, elle, sur « L’invisibilité du travail, des travailleurs et des maux du travail dans le secteur nucléaire ». Mais aussi, sur les fausses controverses et les vrais problèmes de santé radio-induits ; le recours à la sous-traitance et à l’intérim et la gestion « désastreuse » des situations post-accidentelles. Passage édifiant sur la novlangue « de ceux qui président aux destinées de l’avenir énergétique en France ».
Philippe Pelletier, professeur de géographie, revient lui, en détail sur « l’instrumentalisation de la question climatique », rappelant les premières oppositions à l’électricité nucléaire à partir de 1958, puis la montée de la contre-attaque du milieu électronucléaire, depuis la fondation du Club de Rome (Bert Bolin, Olof-Palm, Margaret Thatcher, etc.). Résultat à ce jour : 440 réacteurs nucléaires dans 33 pays, et de nouveaux en construction dans quinze autres pays, dont la Chine, l’Inde et la Russie ! Question vraiment essentielle : L’évolution climatique rend-elle si urgent, le recours à l’électronucléaire ? « Une question dont ne s’encombrent pas les conclusions alarmistes des rapports annuels du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ». Focus ensuite sur la situation concernant le CO2 et le niveau des océans.
Yves Lenoir, ingénieur président de l’Association des Enfants de Tchernobyl Belarus, se penche, lui, sur les effets à long terme du déni des effets des radiations (comme par exemple, le cas Tchernobyl) et les faibles doses : dégâts sanitaires dont on parle moins !
Pour sa part, Thierry Ribault pointe la « résilience » comme une technologie du consentement à Fukushima comme ailleurs (voir à ce sujet la critique du Rat noir de mai 2021), ou « Comment gouverner la peur par la peur, culte de l’acceptation et éloge du sacrifice » ?
Enfin, Jean-Marc Roger conclue par un résumé de la triste évolution de « l’ère nucléaire », à partir du projet Manhattan (nom de code de la bombe H) et la mise en scène politique du « négationnisme nucléaire ».
Après une telle lecture, comment rester pronucléaire ou même, à minima « nucléaire-passif » ?!...

Patrick Schindler, individuel FA Athènes

Passager clandestin tombé de la dernière recension...








PAR : Patrick Schindler
individuel FA Athènes
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1

le 6 octobre 2024 18:07:45 par Corinne

NY’a qu’à mettre un peu de peinture verte et du lierre et on y verra plus rien !! ( Sarcloret - La saga des machins et des zinzins ), j’adore !
C’est sympa de mettre tes photos.
Ah oui, Camus, je me demande si les générations à venir le connaîtront ?...
Merci.
C.

2

le 7 octobre 2024 09:35:04 par Maxime

Bonjour Patrick,
Merci pour cette recension – c’est toujours un plaisir de voir qu’un travail que l’on a réalisé a pu apporter de la satisfaction.
Bien cordialement,
Maxime Raynaud

3

le 7 octobre 2024 09:39:52 par Eurdyce

Cher Patrick,
Merci pour votre belle recension et interview ainsi que pour vos bonnes paroles,
Eurdyce Trichon Milsani

4

le 7 octobre 2024 09:43:06 par Dimitris

Cher Patrick,
Merci pour votre article mais surtout pour votre fidèle interview que je viens de faire figurer sur mon blog,
Amicalement
Dimitris Stephanakis

5

le 7 octobre 2024 09:57:30 par Justhom

NCher Patrick,
Tes recensions sont toujours aussi documentées et pertinentes., Je viens de terminer de lire celles du mois d’octobre. Elles donnent l’envie féroce de se procurer tous les livres. Oui, le rat noir est un animal qui fouine dans toutes les éditions et n’est pas égoïste car en retour, il diffuse d’une manière érudite et diluée le contenu de ses découvertes.
Bien sûr que je vais me procurer "Un été grec avec Camus". comme Dimitri ,Stefanakis est pour moi un écrivain majeur et une référence.
Merci à toi,
Justhom

6

le 7 octobre 2024 11:58:10 par Stéphane S.

Merci au Rat noir,
Grâce à tes conseils, je vais lire le Camus en Grèce de Stefanakis, Les chiens de Simak et La pieuvre nucléaire.
Quel programme...
Stéphane