Littérature > En avril, le rat noir ne se découvre pas d’un livre.
Littérature
par Patrick Schindler • le 1 avril 2022
En avril, le rat noir ne se découvre pas d’un livre.
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« Zeno répondit à la question pressante : Est-ce que rien n’est immobile ? – Si, la flèche qui vole est immobile » Franz Kafka
Yannis Ritsos : « Arioste l’attentif »
Son héros, Arioste (Yannis Ritsos) est attentif à tous les détails de la vie. Il pénètre instantanément au plus profond des choses et des gens « Rien qu’un instant, je fixe le silence dans les yeux quand je me promène parmi les hommes. Je me heurte à leurs coudes bien que je rase les murs ». Mais la réalité d’Arioste se confond souvent avec celle de ses rêves. Ses rêves qui de façon récurrente viennent se fracasser sur la figure de son chef de bureau : tandis qu’il rêve qu’il se promène dans le Musée d’Athènes « Que fait-il là ? Devant lui, je déboutonne ma braguette et je pisse entre les cuisses d’Hermès. Nos sexes se touche, ça m’excite » … Arioste, le conteur fait montre d’une tendresse confondante, pudique « C’est à cette époque-là que je me suis mis au tabac, pour dissimuler mes yeux derrière la fumée ». Mais parfois, il peut se transformer en un spectateur d’une acuité glaçante. Quand remarquant dans la rue, un homme à l’oreille un peu rongée, sa machine s’emballe : « Ce ne peut être que par un rat durant son sommeil ». Quand il croise un gamin, il souhaite lui offrir « une tête en guise de ballon ».
Yannis Ritsos excelle dans l’art de placer une phrase isolée du contexte, énigmatique qui tombe, tel un cheveu dans la soupe. « A la grande fenêtre, on aperçoit la tête en pierre de Zeus, sans barbe. Y aurait-il un barbier chez les statuts ? » … « Pourquoi me prend-il par le bras, puisqu’il sait bien que je ne suis pas l’autre, puisqu’il sait bien qu’il n’est pas question que je m’échappe ? ».
Autant de petites phrases qui résonnent en nous. A quoi fait-il allusion ? Réminiscences de ses années de prison ? … Pourquoi les défunts ne portent jamais de chapeau ? Dans le petit logement d’Arioste, les rideaux se transforment en danseuses. Les raisins noirs dans un morceau de cake le fixent « comme les yeux espiègles des enfants ». Il se transforme en moustique. Il qualifie de héros les hommes capables d’entrer seuls dans un magasin pour acheter des caleçons. Pourquoi préfère-t-il les mains aux visages ? Parce que « les mains ne se regardent jamais dans les miroirs ». Se pose des questions. Qu’adviendrait-il des critiques si les poètes décidaient d’arrêter d’écrire ? Il se lamente aussi : « Dans la pauvre chambre en face, il n’y aura plus ce beau garçon qui chaque matin se déshabille et de fait de la gymnastique suédoise ? Il n’y aura plus cette fillette qui passe à l’aube devant chez lui en tenant un panier vide.»Et la terre aussi mourra un jour « comme une vieille dans une chambre vide, plongée dans la pénombre, joignant ses mains osseuses sur son ventre ratatiné ».
Incomparable Ritsos !
Les Mauvais anges de Ménis Koumandaréas
Petit aperçu. Séraphin, le héros de la première nouvelle est un garçon « au regard doux, voletant et tournoyant dans le ciel des années d’école. Flottant dans son uniforme militaire comme un ange déguisé en légionnaire », prompt par sa bonhommie et son physique avenant, à séduire les femmes, notamment celles qui environnent sa famille. Mais comment ce jeune homme si séduisant finira-t-il dans l’ennui, poinçonneur dans le métro ? Et comment Saavas le marin, le tout aussi séduisant héros de la seconde nouvelle, frère d’un concierge communiste va parvenir à semer une véritable zizanie en s’installant dans un petit local à côté de sa loge ? L’histoire de Kykélia, la jolie veuve d’un général « dont le chien était le seul être sans doute que sa main avait caressé » tandis qu’elle passait ses journées à peindre sur son joli petit balcon fleuri. Que pouvait-elle donc peindre ainsi avec tant de passion, se demande le narrateur ? Autre petite histoire, celle de Christos, le fil de Penelopi de la bonne de la famille du narrateur. Un peu dévoyé, un peu voyou, il débarque un jour et s’installe dans la petite chambre de sa mère. Mais que peut-il bien trafiquer toutes les nuits dans les lieux louches d’Omonia ? Dans ces cafés qui aux heures pâles de la nuit « se chargent d’une vertu apaisante et pousse les gens aux confidences, à la tendresse » … La succulente histoire de Clémence, l’infirmière du quartier que tout le monde apprécie bien qu’on ne sache rien d’elle et qui « montrait une maitrise inégalable pour les infiltrations et s’infiltrait de même, dans les affaires familiales » …
Koumandaréas nous raconte ensuite sa première expérience sexuelle dans l’ombre d’une salle de cinéma. Polybe est l’histoire d’un Eros déchu, « exhibitionniste habitué des jardins enfouis du Champs de Mars ». Une rencontre avec l’énigmatique et fascinante juive du Théâtre L’Olympia, « dont les yeux brûlaient comme s’ils avaient pris du feu ». Quel peut bien être son secret ? Chérubin à l’histoire d’une banalité confondante, « comme toutes celles qui accompagnent les ombres du quartier ». La fin du volume est magique. Le narrateur, vieilli, voit reparaitre tous les revenants de ce quartier (tellement changé au fil des années), qu’ils lui aient été sympathiques ou antipathiques. Autant de « visages emportés par le vent de l’histoire, mais qui ont tous laissé les empreintes de leur pas ». Dans ces nouvelles, non seulement Kourandaréas fait revivre l’Athènes des années de l’occupation, de la guerre civile dans laquelle « la poussière s’élevait dans une ivresse de robes imprimées, de mousselines, de messieurs en costumes clairs impeccables, tandis que des serveurs vêtus de blanc traversaient la rue du Trois-Septembre, des crèmes glacées plein leur plateau ». Le fils du concierge (traduction Nicole Le Bris, dessins Michel Barzin, éd. Esperluète) est l’histoire de Zissi, un jeune homme « zazou » et d’un vieil homme du quartier qui s’obstine à le prendre pour son fils disparu …
Dimitris Lyacos, Z213 : Exit
La Commune de Rimbaud et Andrieu
Ici, les auteurs confrontent la version peu vraisemblable de Paterne Berrichon (le mari d’Isabelle, la sœur de Rimbaud) à celles déjà plus crédibles de ses professeurs (Georges Izambard) et de ses amis de Charleville. En premier lieu, Ernest Delahaye, l’ami d’enfance. Celui-ci avance que le jeune poète en était arrivé à l’époque de la Commune, à des doctrines que l’on qualifierait de nos jours de collectivistes ou d’anarchistes. Delahaye évoque encore, une « Constitution communiste » que Rimbaud aurait écrit à son retour de la Commune, dès l’été 1871. Si Delahaye en fourni de mémoire quelques détails, difficile à vérifier, puisque le document a été perdu ! Ou peut-être, comme tant d’autres qui paraissaient compromettants à Isabelle Rimbaud pour la postérité de son frère, l’a-t-elle lui aussi jeté au feu ?
Le deuxième chapitre nous propose un portrait du seconde personnage évoqué dans le volume : Jules Andrieu. Communard proudhonien, membre de la Commission exécutive de la Commune et de L’AIT [note] , acteur de la pédagogie libertaire. Comme nous le rappellent Gilles Bounoure et Hugues Lenoir, c’est Verlaine qui fit connaître Andrieu à Rimbaud durant leur premier séjour à Londres après les événements de la Commune, en 1872. Digression intéressantes sur les différents séjours londoniens de Rimbaud. Durant le premier, il y fréquente avec Verlaine le Cercle des études sociales. Celui-ci, justement fondé entre autres, par Jules Andrieu ! Son second séjour londonien, Rimbaud le fait en compagnie du poète Germain Nouveau, qu’il aurait selon les auteurs « enlevé », eux aussi ont des rapports avec Andrieu. Jusqu’à la brouille.
Si tout cela reste de l’avis général encore très flou et sujet à polémiques, témoin incontestable : la lettre, reproduite en annexe, que Rimbaud adressa à Andrieu à Londres en 1874. Lettre passionnante puisque Rimbaud lui demande son avis sur les Illuminations. Connivence intellectuelle et politique indéniable. Rimbaud qui écrit, telle une prophétie : « La poésie ne rythmera plus l’action, elle sera en avant ». On trouve en annexe du petit volume, une nécrologie (brute et peu flatteuse) de Jules Andrieu écrite par Hector France, autre romancier communard. Enfin, « Jules Andrieu, l’école mutuelle et les militants parisiens de l’AIT », clos le recueil. Outre les photos de documents et portraits, ce travail rigoureux de recherche ne pourra que séduire tant les inconditionnels de Rimbaud que ceux d’Andrieu, ce dernier personnage, trop souvent oublié de la Commune de Paris.
L’ivresse des communards de Mathieu Léonard
Non ! La Commune n’était pas un bateau ivre ! », tente de démontrer avec vigueur, Mathieu Léonard dans la première partie de cet essai. Témoins : nombre de documents, notes de bas de pages et gravures qui illustrent ce passage et nous démontrent que l’alcoolisme n’est pas né de la Commune ! A l’appui encore : les nombreux décrets des dirigeants de la Commune condamnant l’alcool. Certes, à la marge, quelques caves bien remplies furent pillées et vidées, mais pour l’auteur, il est évident que les causes de la défaite de la révolte se situent bien ailleurs.
Mathieu Léonard nous propose ensuite une série d’affiches qui, après la Semaine sanglante ne vont que renforcer le mythe fallacieux. Scènes montrant des églises « transformées en lupanars par une bande de soudards avinés », nombreuses photos truquées aussi, montrant des « pétroleuses hystériques et fortement alcoolisées » (sic). Thèmes repris par certains médecins pro-versaillais qui prétendront que les Communards moururent plus des séquelles de leur alcoolisme que de leurs blessures ! Propos qui révolteront même Geneviève Breton, une femme de la bourgeoisie ayant assisté aux événements et qui niera courageusement de tels propos.
La seconde partie de l’essai s’arrête longuement sur l’attitude des médecins durant les combats. Si certains médecins pro-versaillais négligèrent les soins donnés aux Communards, Mathieu Léonard nous cite le cas d’un certain nombre d’entre eux qui respectèrent le serment d’Hippocrate et soignèrent aussi bien les blessés des deux camps. L’auteur analyse ensuite le rôle parfois ambigu joué par la Croix-Rouge lors des combats et la compare aux actions de « l’Union des femmes pour la défense de Paris et des soins aux blessés ».
Suit un exposé sur la responsabilité de certains médecins dans la montée des discours hygiénistes et anti-communards qui fleurirent après la Semaine sanglante. Certains allant jusqu’à dénoncer leurs collègues ayant soigné des Communards… D’autres dénonçant les grandes figures de la Commune (Théophile Ferré, Louise Michel, Nathalie Le Mel, Raoul Rigault, Emile Eude, Jules Allix, etc.) de « dégénérés atteints de troubles mentaux héréditaires ».
Puis les écrivains anti communards qui les relayèrent, au premier rangs desquels, Victor Hugo et Emile Zola. Tout ceci menant, sous le gouvernement Mac Mahon, à de véritables « croisades hygiénistes » et à une répression féroce contre les débits de boissons (considérés comme les « repères de révolutionnaires avinés, anticléricaux, de socialistes et d’anarchistes fomenteurs de grèves et de troubles » !) et à une floraison de ligues antialcooliques aux motivations souvent purement anti prolétariennes.
Enfin, la troisième partie traite des positions faites par des socialistes face aux dérives hygiénistes et des positions des anarchistes sur les mêmes sujets. Un passage très intéressant relate les dissensions entre les anarchistes « sociaux » et les anarchistes individualistes et « naturaliens ». Ces derniers se réclamant des théories du déterminisme biologique à la sauce Darwin, préconisant la maternité contrôlée à laquelle furent réticents nombres de grandes figures de l’anarchisme (Pierre Kropotkine, James Guillaume, Elisée Reclus). Les féministes Nelly Roussel et Madeleine Pelletier y voyant, elles, surtout un moyen de libérer les femmes de leur statut de reproductrices et leur laissant le « libre choix ». Bientôt, les plus radicaux des individualistes entraineront une évolution négative du néomalthusianisme, pente glissante menant directement aux pires extrémités du « sélectionnisme », voire à une stérilisation des individus dits « dégénérés » - Théories nourrissant les répressions nazies ou staliniennes et qui survivront, par exemple aux Etats-Unis, jusqu’au début des années 1970 !
Dans sa conclusion, Mathieu Léonard revient sur la prédominance de l’alcoolisme dans la destruction de l’image révolutionnaire et fait une comparaison très habile sur l’alcool et les stupéfiants ayant été utilisés dans l’armée des guerres de 1870 à 1914, comme « stimulant patriotique » !
Le tout saupoudré d’un petit focus sur l’évolution du discours antialcoolique de nos jours. Edifiant !
James Baldwin : Retour dans l’œil du cyclone
Le premier raconte la visite qu’il fit en 1961, à l’université de Tallahassee (Floride) « réservée aux Noirs », quelques mois seulement après la répression violente d’un setting étudiant. Il nous raconte ensuite ses deux rencontres avec Martin Luther King. Puis, nous explique en détail les circonstances tragiques pour lesquelles il a quitté les Etats-Unis en novembre 1949. Anecdotes piquantes sur son accueil à Pairs, ses joies et désillusions en tant que « Noir américain et personnalité mal définie » …
Ensuite, Baldwin disserte sur le thème de « l’enfant noir et son image de soi » au sein d’une Amérique à l’histoire tronquée « où le Blanc a inventé le Noir » ! Il essaie ensuite d’expliquer sa démarche littéraire passionnée et passionnante « à la recherche de la vérité ». Le fameux « rêve américain » à deux vitesse, celui des Blancs et celui des noirs, par exemple lors des évènements d’avril 1966, violemment réprimés dans le Harlem occupée par la police. Dans un texte qui aurait du mal à passer aujourd’hui, il essaie avec beaucoup d’intelligence de comprendre « pourquoi les Noirs sont antisémites aux Etats-Unis ». Seraient-ils jaloux des Juifs ?
La fin du livre est bouleversante. Baldwin y fait son outing. Il évoque sa timidité maladive, sa conscience d’être laid, ainsi que les raisons de son court passage religieux. Tout au long de ces pages magiques, il aborde tous les thèmes. Le danger des drogues, sa méfiance envers la psychanalyse, les années McCarthy, ses rencontres avec des musiciens de jazz mythiques, Angela Davis, des leaders palestiniens, ou encore, l’énigme Mickael Jackson ! Et se pose, prophétique, la question : « Pour quand un président Noir aux Etats-Unis ? » !
Claire Etcherelli : Elise ou la vraie vie
Jos Houben et Christophe Schaeffer : Le chien de Bergson
Ainsi s’engage un dialogue badin entre les deux auteurs. D’abord, les fondamentaux : Comment les comédiens et les clowns parviennent à déclencher le rire ? Comment arrivent-ils à oublier leur « moi » ? Quels sont leurs « trucs » ? Quels sont les déclencheurs, les clés du rire ? La perte d’équilibre et les chutes ; le « geste juste » ; la maîtrise de l’espace, de l’éclairage ; les situations ? Quels en sont les ressorts ? La perception ? La curiosité, l’étonnement ? L’intelligence ? L’environnement ? La respiration ? L’attention ? La tension ? La dé-tension ? Et pourquoi les clowns ont-ils de faux nez [note] ? Plus « sérieusement » : l’humour peut-il interrompre un discours sérieux ?
Si oui, dans ce petit livre, nous sommes servis et bien servis : petits jeux avec les mots ; avec les caractères d’imprimerie (lettres moulées, capitales, détachées) ; blancs ludiques qui permettent de se reposer, de respirer. Des fâcheries, aussi, entre le comique et le philosophe. De fausses et vraies disparitions (parfois dans les notes de bas de page !). Et parallèlement, s’enchaînent les interventions de grands penseurs du rire. Pensées de moultes philosophes (Aristote, Rabelais, Spinoza, Nietzsche, etc.) et d’artistes (Jacques Tati, Peter Brook, Grock, Catherine Germain, etc.).
Le dialogue se transforme parfois en « trilogue », voire en « tetralogue », par exemple quand Bergson et son compagnons interviennent directement. Et des questions qui sans arrêt, reviennent. Se bousculent. Tombent comme à Gravelotte. En avalanche. Le rire est-il social ? L’homme est-il le seul animal à rire ? A quel âge commence-t-on à rire ? Se souvient-on de son premier rire ? Pourquoi un individu qui en est isolé, ne rit pas forcément de ce dont rit un groupe ? Pourquoi le beau ne fait-il pas rire ? Les femmes font-elles rire différemment des hommes ? Le rire est-il un signe de bonne santé ? Quels sont les dangers à éviter pour un élève du rire ?
Ainsi, au tout venant. Mais aussi, quelques exercices pratiques ; des notes de bas de pages (parfois totalement déconnectées du contexte, ou l’embrouillant). Bref : tout est fait pour éviter l’ennui. Ce livre est également un spectacle où quelques fois les spectateurs interviennent, commentent. Au point de ne plus très bien savoir où l’on est. Et puis, combien de belles citations. Deux petits exemples. Du maître zen, Shunyu Suzuki : « L’esprit du débutant contient beaucoup de possibilités, mais celui de l’expert en contient bien peu ». Des auteurs : « Parfois, on prend les taxis de la pensée qui nous emmènent dans des endroits aussi éloignés qu’improbables. Si bien que prêter attention devient mission presque impossible » Merci à eux pour ce petit bijou ; merci à leur éditeur, aux philosophes et aux « professionnels » du rire, ainsi qu’à la dessinatrice du compagnon de Bergson qui nous accompagnent durant ce voyage aussi intelligent que ludique. Mais au fait : ce livre m’a-t-il fait rire ? … Ça, je ne vous le dirai pas. Et attends « avec gourmandise », comme disait ce cher Rimbaud, vos commentaires [note] !
Daniel Perron : La forêt française, une histoire politique
Nous voilà lancés à travers la longue histoire de la forêt. De l’invasion de la Gaule par les Francs, à celle des Wisigoths, puis sous le règne des rois Carolingiens et ce, jusqu’au XIIIème siècle et la naissance du mythe de la Quête du Graal. Durant toutes les périodes précitées, la forêt relève en France de la mainmise du « plaisir et du droit du roi, notamment de la chasse ». Cependant, le déclin du domaine forestier déclenche au XIIème siècle, une forte prise de conscience du besoin d’entretenir et de sauvegarder celui-ci. Puis, de la naissance de « l’Etat moderne » au règne de Louis XIV, une seule obsession : unifier le domaine forestier, afin d’en garder le contrôle, ce qui ne se fera pas sans mal... Mais ce contrôle va-t-il générer d’autres contraintes ? Contrôler les contrôleurs ? Embaucher arpenteurs et agents de terrain ? Et quid des seigneuries régionales et de l’emprise croissante du « domaine privé » sur le « domaine public » ? Daniel Perrin n’oublie pas de faire la comparaison avec les politiques menées dans les autres pays européens.
Le siècle des Lumières va-t-il opérer un virage avec l’arrivée des grand naturalistes (Buffon, Varenne de Feuille), etc. ? Quid pendant la Révolution ? Comment va-t-elle faire face à l’accroissement de la population ? Au besoin de plus en plus pressant de terres agricoles ? Aux dégradations incontrôlées ? Son impulsion sera-t-elle assez puissante ? Faudra-t-il conserver dans son intégrité ou vendre partiellement le domaine ? Confisquer les terres des Eglises ? Et dans ce cas, comment l’organiser ? Faudra-t-il réviser le pouvoir souvent abusif exercé par les officiers des Eaux et Forêts, sous l’ancien Régime ? Autant de questions auxquelles Daniel Perron tente de répondre en analysant les débats ayant eu lieu, de l’ouverture des Etats généraux en 1789, au coup d’Etat de Napoléon Bonaparte en 1799. Puis durant la guerre civile, le Directoire, le Consulat et enfin, l’Empire, la forêt va-t-elle, elle aussi, se doter d’un code ? Quid à la Restauration ? Faudra-t-il attendre la nouvelle loi de 1827 pour voir arriver une nouvelle ère ? A quand la création de la première école forestière ? Et ailleurs en Europe ? Toujours est-il qu’à partir de 1827, la loi devient plus rigide et donne lieu à des révoltes paysannes (Guerre des Demoiselles en Ariège en 1929), car elle remet en question la notion de « droit coutumier » dans l’utilisation des ressources de la forêt. Le jeune Karl Marx dénonce alors une dérive de l’Etat portant atteinte aux populations pauvres, au profit des nouveaux propriétaires privés. Mais cette question ne va-t-elle pas bientôt passer au second plan alors que les inondations se multiplient à cause du défrichement intensif dans les plaines ? Comment va s’y prendre le Second Empire pour faire face à la fixation des dunes, à l’assèchement des marais et au gazonnement des régions montagneuses ? La politique mise en place perdurera-t-elle sous IIIème République ? Comment indemniser les terres expropriées ou pour aménager le territoire, sinon en recourant une fois encore au législatif ? Nouveaux débats ? Faudra-t-il transférer la gestion des forêts du ministère des Finances à celui de l’Agriculture ? Que de questions, auxquelles Daniel Perron prend le temps de répondre !
La Première guerre mondiale va-t-elle rebattre les cartes ? La forêt, principal fournisseur de ressource aux armées, deviendra-t-elle symbole cocardier ? Nouveau chapitre passionnant. A la fin d’une guerre destructrice aussi bien au niveau humain que matériel, comment « réparer » les 53% d’hectares forestiers et agricoles détruits par les dégâts collatéraux ? Comment remplacer les hommes disparus au combat ? Comment faire face à l’envolée des prix ? Combien de temps pour revenir à l’équilibre ? Ci-fait, la société ayant évolué entre les deux guerre, que proposeront les socialistes pour « Rendre la forêt, espace public, aux citoyens » ? Prendront-ils exemple sur les autres pays européens, la Nouvelle-Zélande ou le Japon ? Comment, dans les années 1920, les gouvernements réagiront face aux incendies de forêt ? Comment organiseront-ils les secours, la prévention et les premières indemnités aux sinistrés ? Sous la Seconde guerre mondiale, le Maréchal Pétain va-t-il nous refaire le coup d’une forêt comme symbole de sa « révolution nationale » ? Daniel Perron va s’arrêter longuement sur cette période jusqu’à ce que la forêt devienne le refuge des réseaux de la Résistance... Mais, la Libération saura-t-elle changer la manière de penser la forêt ? La contrainte économique et la productivité prendront-elle le « lead », au détriment du reste ? Que va changer la création de l’ONF dans les années 60 ? Combien de temps faudra-t-il encore attendre pour voir arriver la petite révolution de la pensée environnementaliste, puis la notion de « gestion durable de la forêt » ? Les années 2000 ? Quid à l’international face aux dangers du réchauffement climatique et de la déforestation massive ? La France sera-t-elle capable de relever de tels défis ? Ou le « pays de Descartes », comme le suggère Daniel Perron, devra-t-il « regarder ailleurs et confronter son histoire à d’autres visions du monde ? » … Cet ouvrage, doté d’une documentation phénoménale, émaillée de nombreuses et pertinentes citations, notes et références répond à beaucoup de ces questions. Edifiant !
Patrick Schindler, individuel FA Athènes
PAR : Patrick Schindler
individuel FA Athènes
individuel FA Athènes
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On est encore en mai, le rat lit encore ce qui lui plait
En mai le rat lit ce qui lui plait
Fin avril, le rat noir s’est découvert au fil de la lecture
Un rat noir, mi-avril
Une nouvelle Casse-rôle sur le feu !
Qu’est Exarcheia devenue ?
V’là printemps et le rat noir en direct d’Athènes
Le rat noir de la librairie. Mois de mars ou mois d’arès ? Ni dieu ni maître nom de Zeus !!!
Librairie athénienne. un message du rat noir
Le rat noir de la librairie athénienne. Février de cette année-là.
Le rat noir d’Athènes mi-janvier 2021
Le rat noir de la bibliothèque nous offre un peu de poésie pour fêter l’année nouvelle...
Volage, le rat noir de la bibliothèque change d’herbage
Octobre... Tiens, le rat noir de la bibliothèque est de retour...
Le rat noir de la bibliothèque pense à nous avant de grandes vacances...
Maurice Rajsfus, une discrétion de pâquerette dans une peau de militant acharné
Juin copieux pour le rat noir de la bibliothèque.
Juin et le rat noir de la bibliothèque
Mai : Le rat noir de la bibliothèque
Séropositif.ves ou non : Attention, une épidémie peut en cacher une autre !
Mai bientôt là, le rat de la bibliothèque lira ce qui lui plaira
Toujours confiné, le rat de la bibliothèque a dévoré
Début de printemps, le rat noir de la bibliothèque a grignoté...
Ancien article Des « PD-anars » contre la normalisation gay !
mars, le rat noir de la bibliothèque est de retour
Janvier, voilà le rat noir de la bibliothèque...
Vert/Brun : un "Drôle de couple" en Autriche !
Ancien article : Stéphane S., le poète-philosophe libertaire au « Sang Graal »
Algérie : l’abstention comme arme contre le pouvoir
Décembre 2019 : Le rat noir de la bibliothèque
1er décembre, journée mondiale contre le sida : les jeunes de moins en moins sensibilisés sur la contamination
A Paris, bientôt de la police, partout, partout !
Les Bonnes de Jean Genet vues par Robyn Orlin
N° 1 du rat noir de la bibliothèque
En octobre et novembre le ML avait reçu, le ML avait aimé
Razzia sur la culture en Turquie
Ces GJ isolés qui en veulent aux homos !
Service national universel pour les jeunes : attention, danger !
Vers l’acceptation de la diversité des familles dans la loi ?
Une petite info venue de Grèce
Le philosophe à l’épreuve des faits
La Madeleine Proust, Une vie (deuxième tome : Ma drôle de guerre, 1939-1940)
Loi sur la pénalisation des clients : billet d’humeur
Les anarchistes, toujours contre le mur !
Le Berry aux enchères
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1 |
le 3 avril 2023 08:50:22 par helena van LANGHENHOVEN |
MAGNIFIQUE ARTICLE DE PATRICK SCHINDLER SUR GILETS JAUNES ET LITTERATUR DE JEHAN VAN LANGHENHOVEN /JEROME MARTIN HARMATTAN / DEC 2022