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Littérature
par Patrick Schindler • le 8 novembre 2021
Début novembre, le rat noir est là
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Début novembre, le Rat noir vous propose de retrouver Petros Markaris et son irrésistible commissaire Charitos ; puis, un petit tour en Suisse avec Gottfried Keller dans Seldwyla, son village imaginaire ; Les pieds dans le plat avec René Crevel suivit du Prolégomène au 8ème manifeste du surréalisme de Jehan van Langhehoven qui lui faisant écho ; Jacques de Lacretelle nous entraîne avec son Silberman dans une belle leçon d’antiracisme. Quand bien même Lacretelle s’engagea dix ans plus tard, dans les Croix de feu, puis, le très réactionnaire et nationaliste Parti social français … Un écrivain antiraciste, mais royaliste : Personne n’est parfait ! Ensuite, un petit tour dans La vraie vie d’Adeline Donnadieu et enfin, petite promenade le long du 45ème parallèle, avec Chirstophe Dabitch.
Petros Markaris et la publicité meurtrière
Ce qui est plaisant dans les polars de Markaris c’est ses sa façon de nous faire le portrait sans concession des villes dans lesquelles se déroulent l’action. Ici, Salonique, Athènes et La Cannée. L’Athènes d’après les jeux olympiques de 2004, ce grand gâchis. Ses bâtiments sportifs pillés après les événements dans lesquels en présent en guenille, se réfugient les migrants afghans. Nuits athéniennes durant lesquelles fourmillent toute une faune après que la chaleur diurne a fait place à la douceur de vivre. Mais surtout le plaisir consiste à déguster comme des Souvlakia, les considérations du commissaire sur le gouvernement grec dont les actions ressemblent à celles des tortues, dans un pays où le mavro (le « black ») et l’illégalité sont plus « art de vivre » que magouille. Mais ce polar est aussi l’occasion pour Markaris de nous montrer combien son commissaire n’est pas aussi réactionnaire qu’il en a l’air. Ainsi quand il enquête sur le milieu gay athénien et interroge la sœur d’une victime, celle-ci répond : « Quand mon père est rentré à la maison, il a voulu savoir si mon frère était gay. S’il était doté du « bon phallus », s’il était un mec, un vrai de vrai, de ceux qui sont dignes d’être grecs ». Il lui a répondu que sa vie sexuelle ne regardait que lui. Mon père l’a passé à tabac. » Aspect hélas encore bien vivant dans la Grèce actuel, loin du folklore superficiel réservé aux touristes, cette Grèce encore par trop xénophobe et homophobe !
Gottfried Keller et les gens de Seldwyla
Dans le premier tome, Pancrace le boudeur met en scène une famille pauvre et monoparentale dont la sœur Ether, gentille et taquine, passe son temps à humilier son frère Pancrace dont le seul recours est la bouderie. Lassé de l’inactivité et du manque de perspective dans son village, pas feignant, il part un jour sur les routes allemandes. En chemin il accepte tous les petits boulots qu’on lui propose. A Hambourg, il embarque avec l’armée pour les Indes orientales et ne rentre à Seldwyla qu’après de nombreuses années, bardé d’histoires à raconter à sa mère et sa sœur qui ne pensaient plus le revoir. Mais braves paysannes elles, s’endorment tandis qu’il raconte ! Auront-elles tout manqué ?
Roméo et Juliette à la campagne nous raconte l’histoire de deux paysans seldwiliens, Manz et Marti, qui cultivent chacun leur champ, séparé par une parcelle abandonnée. L’un comme l’autre, la convoite. Ce qui va entraîner des conséquences terribles pour leurs deux familles, mais surtout leurs deux enfants, Sali le rêveur et la belle et douce, Verni. Leur amour infantile leur permettra-t-il d’affronter les obstacles qui vont se dresser contre eux ?
Mme Amrain et son cadet est l’histoire d’une famille de trois enfants. Leur père est expulsé de sa carrière de pierre par des spéculateurs et, de dépit, quitte femme et enfants. Mme Amrain se retrouve seule et met tous ses espoirs dans son cadet, Fritz lui donnant une éducation à la mode de Charles Fourier. Frtiz se montrera-t-il à la hauteur des espoirs de sa mère ?
Dans Les trois artisans peigneurs, trois compagnons artisans travaillent dans une fabrique de peigne de Seldwyla. Mais, à la suite d’évènements fâcheux, leur patron doit se séparer de deux d’entre eux et n’en garder qu’un. Comment choisir le meilleur ? Le petit chat Miroir est un conte philosophique qui met en scène une vieille dame et son chat « qui parle ». Mais celui-ci va être la victime d’un sorcier lui proposant de signer un contrat diabolique. Qui, des deux triomphera ?
Dans le second tome Des gens de Sedwila, la ville a bien changé et ne ressemble plus à ce qu’elle a été : ses habitants se sont convertis à la spéculation. Ils sont devenus taciturnes, laconiques et ne rient plus. Gottfried Keller prend donc le parti de continuer à nous raconter le Sedwila des jours heureux.
L’habit qui fait l’homme, l’histoire de Wenzel Stapinski, pauvre petit tailleur venu chercher du travail à Goldach, bourgade voisine de Sedwila où il est entraîné dans une histoire qui le dépasse.
Dans L’artisan de son bonheur un certain John Kabys va être lui aussi entraîné par hasard dans une aventure abracadabrante, conte philosophique comme seul Keller est capable d’en inventer.
Les lettres d’amour détournées nous présentent un négociant piqué de littérature et qui va imposer à sa femme de devenir sa muse. Celle-ci, très peu portée sur la chose, va bien être obligée de trouver un subterfuge pour ne pas décevoir son fou de mari.
Dietegen a pour thème les affrontements entre les joyeux habitants de Seldwila et leurs belliqueux voisins de Ruechenstein. Affrontements qui vont atteindre le paroxysme et seront néfastes à l’amour que se portent deux jeunes gens de ces villages ennemis. Encore une très belle histoire.
Les contes de Gottfried Keller sont, « en plein », magiques. Mais ils ont, « en déliés », tous marqués par son amour des hommes, et fleuris d’une faune et d’une flore particulièrement généreuses, dans les belle vallées et montagnes de sa Suisse natale. Ses dialogues sont parsemés des dictons et des coutumes de la petite ville fictive de Seldwyla. Aussi frais et parfumés que les bonbons suisses aux herbes ! Mais ce qui est tout aussi délicieux c’est de voir en arrière-fond de chacun des contes, les traces de ses convictions anticonformistes, non-violentes et anticléricales. Véritable enchantement. Dépaysement assuré.
René Crevel met les pieds dans le plat
Mais, à présent, mettons Les Pieds dans le plat, dernier livre que René Crevel publia avant son suicide, en 1936. Lorsque Klaus Mann en reçu un exemplaire dédicacé, il écrivit ceci dans son journal : « Son livre est d’un comique effroyable, d’une inventivité effrayante. Il reflète l’atmosphère des années 30. Habité de protagonistes des plus loufoques et d’autres inspirés de personnages célèbres, dont la plupart finissent par se retrouver dans l’esprit du national-socialisme. L’ouvrage s’achève par ce terrible avertissement : « Il fait un de ces froid sur la planète. » On ne saurait mieux dire de ce roman éclectique qui commence par cette phrase : « Du soleil et de la tradition. Une lumière éclatante et le ferme propos de ne pas se laisser éblouir […] La mélancolie aux dents de brouillard ne sait mordre que dans du clair de lune. » Si Les pieds dans le plat est un livre si troublant, cela tient certainement du fait qu’il concrétise l’aboutissement de l’expérience surréaliste de Crevel, avant que celui-ci comme les autres éléments indésirables du groupe, en soient chassé par le « grand gourou » André Breton, parce que « trop différents ». Pour le cas Crevel n’y aurait-il pas eu de la part de Breton un peu d’homophobie ? Dans la forme, Les pieds dans le plat tient souvent de l’expression surréaliste. Pour le fond, il s’agit d’une réflexion intense sur le monde. Véritable coup de gueule, règlement de compte définitif envers tout ce qui dégoûtait René Crevel dans cette « société hypocrite de l’entre-deux guerres ». Regard illuminé d’un voyant suicidaire sur un monde factice, une société de faux-semblants « où les humains ne font que se caricaturer ». Et dire que certains critiques, pauvres fous, n’ont voulu voir dans ce récit qu’un « grand pêlemêle délicieusement embrouillé » …
Le héros des Pieds dans le Plat est un journaliste « conservateur parisien » qui ne se prend pas moins pour « le prince des journalistes », à la raideur cadavérique qui « s’attendrit sur lui-même et s’attendrit sur ses souvenirs. Il fond. » C’est à travers lui que nous allons découvrir les autres protagonistes du roman. Ce « prince des journalistes » dont la mère « se fit saillir au coin d’un bois et qui pis est : du côté pile. Comment l’enfant à naître n’aurait-il pas subi le contre-coup de cette odieuse violence » Est-ce la cause de son épilepsie ou le fait que lorsque le père fut mis au courant de la chose arrivée à sa « sodomisée malgré elle » de femme, il s’engagea dans l’armée et se fit tuer en héros ? Ainsi, l’enfance du journaliste ne fut pas heureuse. Sa mère devenue veuve tombe alors dans la mélancolie, avant de se suicider en enfonçant une bougie dans « les muqueuses de son palais qui, elles, n’avaient jamais été visitées » ! Ainsi commence la vie du « prince des journaliste ». Devenu orphelin ; il va accéder à la va-comme-je-te pousse à l’âge adulte, élevé par des cousines. Cet ado qui « croit que le symbole des apôtres est une tasse consacrée, ou le saint bol, où buvaient à la régalade les petits amis de Jésus-Christ ». Rendu à l’âge adulte, pour faire contrepoids à une enfance si particulière, il se transforme, non sans mal, en un « citoyen-journaliste, respectable et respecté », réactionnaire « à souhait ». Même si parfois, le malin lui joue encore des tours, comme dans la scène délicieuse où à Notre Dame le jour de l’enterrement du Président de la République, il fait négligemment tomber son chapeau qui se retrouve entre les cuisses du charmant jeune homme blond se trouvant à côté de lui … Et c’est grâce à celui-ci que notre prince des journalistes va être « introduit » dans les hautes sphères du Grand monde. Celle d’une grande dame, Esperanza, épouse du duc de Monte Putina, « qui a connu du succès dans les trois genres : le genre poule, le genre artiste et enfin, le genre distingué » Esperanza, l’amie de la Marquise de Sussex (la « Suce-sexe » comme l’appellent les mauvaises langues). Voici donc notre prince invité dans la villa de cette dernière dans le midi, où va se dérouler le reste de l’histoire. En compagnie de la majestueuse Augusta, vieille aristocrate qui y réside, « Habsbourg par le mariage, hongroise par la naissance, tchécoslovaque par le cœur, paneuropéenne par l’intelligence et presque végétarienne » et de leurs invités de la « crème de la crème ». Notre prince des journalistes va idéaliser ces trois femmes, ses « trois grâces ». Esperanza qui a gardé son esprit gaulois, Primerose, la beauté fanée et Augusta, la politique. Nous assistons alors à de magnifiques dialogues entre ces trois femmes, (dont deux ex-poules qui ont du mal à vieillir), leurs maris, Rub, le fils chétif d’Esperanza qu’elle terrorise et leurs invités à cette « grande réception capiteuse du capitalisme ». Synovie, la poétesse « lauréate de l’Académie des Jeux floraux experte à la délectation morose » ; Marie Torchon, romancière au populisme opportuniste, « comme son nom l’indique ». Un couple d’Américains de passage ; un psychiatre soignant le gratin des institutions. Mais tandis que le déjeuner peut commencer, grande stupeur, tout s’arrête : ils ne sont que treize à table ! Où dénicher le quatorzième et qui sera-t-il ? l’homme invisible ? un cannibale ? Don Juan ? Une fois les choses posées, nous vous laissons la surprise et découvrir parallèlement le passé cocardier d’avant la guerre de 14, de tous les personnages mis en présence lors de ce déjeuner.
Mais, rapidement Crevel semble s’en désintéresser, comme un gosse qui a assez joué. Il se plonge dans une longue digression politique sur les funestes années des « Von Papen et autres qui ont fait la courte échelle à Hitler ». Années où régna l’antisémitisme en maître, même jusqu’au plus profond des sanatoriums « où les prêtres préparent le menu des conférences à l’eau bénite devant une bourgeoisie cracheuse, qui crache sur elle-même et invente dieu ». Longue et délicieuse parenthèse après laquelle, René Crevel reprend le récit du déjeuner des treize convives qui, n’ayant pas trouvé de quatorzième, se termine en eau de boudin, tandis que chacun s’embourbe. Qui, dans ses délires poético-hystériques, qui, psychiatriques, qui encore, nationaux-socialistes. Sorte de Tango de l’apocalypse. Jusqu’à sa conclusion. « La suite à la prochaine guerre », nous dit Crevel comme un immense clin d’œil prémonitoire !
Les Pieds dans le plat. Roman magistral. Véritable Chef d’œuvre, dont on ne sort pas vraiment indemne. Délicieuse peinture d’une époque perturbée, désuète, des plus « grandes heures d’une Europe des entre-deux ». Caricature de ces aristocrates, de ces demi-mondaines et de ces opportunistes naviguant entre « nostalgie du monde d’avant, avec un zeste de race pure », d’une Europe « déjà trop usée » avant l’arrivée d’une nouvelle coulée de lave.
Trois petites phrases piquées ici et là, entre les pages. « Il ressuscite. Mais ressusciter à une chose, c’est mourir à une autre. » / « Ma maman est morte après une césarienne et c’est pourquoi mon petit frère s’appelle César. » / « L’Anglaise on l’appelle Canari parce qu’elle teint ses cheveux en jaune, elle est si maigre qu’elle fait peur aux hommes » La fin du volume présente un dossier qui rassemble deux documents essentiels pour éclairer l’état d’esprit de ce René Crevel de 1934, ainsi que six lettres qu’il écrivit au sanatorium de Davos à Tristan Tzara, entre la mi-1934 et le début 1935, l’année de son suicide.
Prolégomène au 8ème manifeste du surréalisme de Jehan van Langhehoven
Si un lecteur du Rat noir venait à lui poser cette question : « Connais-tu un survivant du surréalisme ou à défaut un de ses héritiers ? », il répondrait sans hésiter « Oui, je connais un des derniers ces Mohicans : il s’agit de Jehan van Langhehoven ». Personnage déjà présenté dans cette rubrique, à propos de son épique Revolvita ! Aujourd’hui, Jehan ressort sa « plume-carabine de foire », « prétexte aux poètes à faire des cartons », avec son Prolégomène au 8ème manifeste, suivi du Surréalisme raconté à Mamadou Slang et à sa bande au Rendez-vous des amis (éd. L’harmattan, 9 €).
Dans ce petit volume, il nous lance le défi de « regarder le soleil ainsi que la mort » en bon « branleux dans la culotte du néant » ! Rien de trop « Vite mon arc, mes flèches, que je tire dans les horloges ». « Il y a urgence à traverser le miroir et nul bris de verre jamais sur le parquet ciré », nous prévient-il en préambule. Et de nous transporter sur son rythme effréné, dans le « redoutable » Paris de 1934, sur les traces de… René Crevel ! Et mettre à sa suite, Les pieds dans le plat. Avec ce « fêlé corrompu d’haleine » : « Oh grands vents qui avez emporté René dans les tumultes d’un tuyau à gaz, emportez-moi ». Ainsi fait. Mais Jehan, non content de caresser les rats au passage, nous embarque ensuite sur un « manège-chenille devenu fou » nous perdre sur des hauteurs grandiloquentes, où au hasard de ces pages encore rouges de colère sont citées ou détournées entre autres « quelques perles aux cochons » lancées par Breton, Jacques Vacher, Beckett, Hölderlin, Arthur le Rimb’, Lao Tseu, Lautréamont et autres Baudelaire et Aimé Césaire, ceci à un train d’enfer, digne de Orphée de Jacques Offenbach. Enivrés de vitesse, nous suivons les traces laissées par les surréalistes. Dans la seconde partie, Jehan essaye d’expliquer à Mamadou Slang et sa bande au « Ménilmucheux » Rendez-vous des amis « où les canotiers ne sont plus qu’un songe et les frasques surréalistes des années 30, une vague référence pour un rappeur » qui pourrait bien en ramasser quelques miettes et les faire rimer en Slam. Faire la nique à tous les autres surréels embourgeoisés. Ne garder que la Quinte-essence ou la quinte de toux de René Crevel, « l’increvable » !
Silberman de Jacques de Lacretelle
C’est la rentrée des classes. Le narrateur retrouve son lycée et son meilleur copain, Philippe Robin, fils de notaire que la mère du narrateur se réjouit qu’il fréquente. Cependant tandis qu’ils se retrouvent, un écart se creuse entre les deux amis. Le narrateur a passé des vacances on ne peut plus ordinaires chez son grand-père protestant à la campagne dans le midi. Robin lui raconte les siennes, des vacances de riche qu’il a passé avec son oncle à Arcachon, après avoir quitté Houlgate, parce « qu’il y avait trop de juifs » ! Or, il se trouve justement qu’un nouvel élève leur est présenté en ce jour de rentrée. Il s’agit du petit Silberman que Robin a croisé à Houlgate. En classe d’anglais, le narrateur se retrouve à côté de lui et a toute latitude pour l’observer. Ce petit Silberman, élève brillant qui pourrait sembler un peu crâneur, mais solitaire et se méfiant des autres élèves. Cependant, son érudition pique la curiosité intellectuelle du narrateur, lui, élève plutôt médiocre et l’éveille à une autre perception des choses et notamment de sa passion : la littérature, son hobby encore mal maitrisé « Voir un marbre remuer ne m’eut pas moins ému » ! Les deux gamins s’apprivoisent et se rapprochent. Mais Silberman confie un jour au narrateur qu’il n’aurait jamais pensé qu’ils puissent devenir amis. « Pourquoi ? », lui demande-t-il ? « Parce que je suis juif ! » … Le narrateur ne l’entend pas ainsi et continue à le fréquenter tandis que Robin l’oblige à choisir entre lui et de dernier. Et il choisit sciemment Silberman. Ce ne lui épargnera plus rien. Toutes les difficultés avec les autres élèves de la classe, mais aussi avec ses parents et… Lui-même. Silberman devient la tête de juif du lycée, en ces années où la Ligue des Français de France triomphe et que son discours antisémite se transforme en actes. Jusqu’où la violence et la perfidie antisémite iront-t-elles ? Quelles issues pour Silberman et pour le narrateur ?
Petit livre. Histoire simple. Trop banale de la bêtise d’une jeunesse trompée car « trop longtemps trempée dans un bain de haine ».
La vraie vie d’Adeline Dieudonné
Moitié conte fantastique qui se transforme crescendo, en moitié thriller La Vraie vie (éd. Poche, 7,40€) est un du chef-d’œuvre du genre. L’intrigue nous est racontée sur un « train d’enfer » et dans un langage plus que fleuri, parfois d’un réalisme à faire froid dans le dos par cette petit fille plutôt fantasque et rêveuse qui va se transformer, tout au long de ce récit « palpitant », en une jeune fille affranchie, déterminée, et sans concession. Mais ce petit livre a surtout la grande qualité de nous présenter, sous la plume énergique et acérée d’Adeline Dieudonné, l’autre aspect de son héroïne. Héroïne d’une sensibilité à fleur de peau et à l’expression si poétique, qu’elle est encore capable de nous faire voir le beau parmi ce qui est le moins beau à voir. Et encore moins à vivre ! Mais le plus simple est de lui donner la parole dans quelques petites phrases choisies dans ce merveilleux récit :
« Il n’avait pas arrêté de pleuvoir cet été-là. On aurait dit que le ciel était en deuil. Que la nature elle-même commençait à envisager le suicide »
« Ma mère avait le regard d’une vache à qui on aurait expliqué le principe d’indétermination de Heisenberg »
« Il était pâle et grassouillet comme si on l’avait incubé dans une bouteille de Coca. Ses sourcils noirs étaient si froncés qu’on aurait dit un Bounty »
« Cette année-là, mon corps avait beaucoup changé. Tout s’était arrondi. Mes seins, bien sûr, mais aussi mes cuisses, mes hanches. Je ne savais pas quoi faire de tout ça »
« Je grignotais chaque instant passé avec lui comme de petits os sur lesquels il fallait prélever chaque fragment de chair »
Azimut brutal de Christophe Dabitch
Mais aussi de belles rencontres avec ces gens qui ont décidé de rester au pays, de « revivre une fois les touristes repartis après les vacances » et que l’alcool fait parler dans les vestiges de cafés de villages. Ou d’autres, qui ont décidé de venir vivre loin des centres urbains. On surprend même l’auteur à créer un classement des nouvelles populations rurales. Durant ces longues heures de marche en silence qui se prêtent si bien à la rêverie, à la méditation et aux souvenirs malgré les écorchures, les ampoules et les petits bobos. Heures durant lesquelles, Christophe Dabitch, lui, se souvient de la Bosnie et d’autres gens qui eux aussi marchent mais pour bien d’autres raisons… Au passage de deux talus, il nous raconte aussi la fabuleuse histoire d’Albert Daas le premier « touriste pathologique » qui en 1882 faisait 80 kilomètres par jour. Christophe Dabitch cherche encore à connaître l’origine des lieux dits traversés, aux noms parfois si bizarres. « Paradis », « Le Corps », « Prends-y-garde », etc. Et puis, encore et toujours ces pensées profondes que suscite la méditation : « La nature est indifférente à l’homme, elle n’a pour lui aucune attention ». Ou : « Tout le monde rêve d’ailleurs et ailleurs, c’est partout. » Charmant petit ouvrage à dévorer, plutôt en marchant !
Patrick Schindler, individuel FA Athènes
PAR : Patrick Schindler
individuel FA Athènes
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Toujours confiné, le rat de la bibliothèque a dévoré
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Vert/Brun : un "Drôle de couple" en Autriche !
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Loi sur la pénalisation des clients : billet d’humeur
Les anarchistes, toujours contre le mur !
Le Berry aux enchères
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1 |
le 7 décembre 2021 17:31:20 par Evelyne Tran |
Ouf c est du lourd ! Mais pourquoi dater l article du 22 Mai 2022 ?
2 |
le 9 décembre 2021 13:01:25 par Loran |
Merci Evelyne pour cette vigilance. C’est corrigé !