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Nouvelles internationales
par Daniel Pinós le 29 novembre 2020

Cuba : Manifestation devant le ministère de la culture pour protester contre la répression contre les artistes du mouvement San Isidro

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La versión castellana que sigue al artículo

Ils sont jeunes et Cubains, ils croient que la liberté d’expression peut être un instrument de progrès vers un changement social, ils sont traqués comme des ennemis de la Révolution et veulent attirer l’attention de la communauté internationale.

Fin novembre 2018, les activistes du Mouvement San Isidro se sont réunis une première fois pour manifester dans les rues de La Havane et devant le ministère de la Culture. Leur but : la dérogation du projet du décret-loi 349 destiné à restreindre la créativité de toute activité artistique dans l’Île. Depuis le début du Mouvement, nos compagnons de l’Atelier libertaire Alfredo Lopez de La Havane participent aux mobilisations.

Les activistes de la campagne contre le décret 349 sont originaires de La Havane, plusieurs habitent dans le quartier d’Alamar. Ce quartier était le théâtre d’un important mouvement d’art alternatif, lequel a tenté de coexister avec les institutions culturelles officielles. Les cinémas, les théâtres et les galeries d’art appartiennent à l’État. À Alamar, avaient lieu le festival de hip-hop et le festival de poésie les plus importants de l’Île, jusqu’au jour où ils ont été interrompus et finalement supprimés par le ministère de la Culture. L’un des membres du Mouvement San Isidro, Michel Matos, était le producteur du festival de musiques hip hop et électronique Rotilla, l’événement le plus populaire parmi la jeunesse à La Havane.


Qui sont les militants du Mouvement San Isidro ?

Ils ont adopté le nom de San Isidro après le soutien manifesté par les habitants de ce quartier homonyme, situé dans la partie la plus ancienne de La Havane. Lors d’un concert de musique organisé pour protester contre le décret-loi 349, les artistes ont été victimes de la répression de la police, alors les habitants du quartier se sont révoltés contre les forces de l’ordre. Selon la Constitution, ils avaient le droit d’exprimer leur mécontentement. Ils étaient conseillés par Laritza Diversent, une avocate cubaine responsable de Cubalex, bureau indépendant de conseil légal qui a été contraint à l’exil après avoir subi la pression de la Sécurité de l’État.

Le Mouvement San Isidro n’a pas de visibilité à Cuba, car la télévision, la radio et la presse appartiennent à l’État. Les seules informations que les médias officiels reprennent sont des accusations contre les activistes les traitant de contre-révolutionnaires à la solde de la CIA. Rien de nouveau dans le traitement de la dissidence.

La diffusion de leurs activités se fait grâce à Internet ou par téléphone portable. Les artistes qui participent aux événements sont systématiquement harcelés par la Sécurité de l’État, notamment avec une présence policière constante. Ainsi, le public qui souhaite les soutenir est découragé par peur des représailles et finit par se désister, ou bien cette même Sécurité de l’État donne de fausses informations concernant la date et les horaires des événements, afin de désorienter le public. Pourtant, grâce à la campagne contre le décret 349, ils ont réussi un grand coup médiatique : les gens les suivaient sur les réseaux sociaux, et si beaucoup avaient peur de se joindre à leurs manifestations, ils approuvaient leur action en les saluant dans la rue.

Le succès de la politique culturelle de la Révolution, initiée en 1959 par Fidel Castro, réside en grande partie dans le fait d’être parvenu à diviser la communauté artistique et intellectuelle. Cependant, l’annonce du décret 349 a généré un mécontentement tellement massif que, pour la première fois, un groupe de jeunes liés aux institutions de l’État a soutenu la protestation des artistes indépendants. Une trentaine de jeunes ont signé une lettre demandant une réunion avec le ministre de la Culture, dont l’objectif était de revoir et de réécrire le décret-loi. Bien que les artistes indépendants, exigent la dérogation totale du projet de loi. Ce geste de solidarité fut un événement sans précédent. Par ailleurs, ils ont sollicité une réunion avec le ministère, mais ils ont été dans un premier temps ignorés. Cela fait partie de la stratégie du gouvernement afin de discréditer l’existence légale des dissidents. Toutefois, ces jeunes ont été reçus par le vice-ministre de la Culture, mais la réunion n’a pas donnée de résultats favorables. Au premier regard, la manifestation devant le ministère de la Culture visait ponctuellement le décret 349, mais il est plus juste de considérer qu’elle a été au fil des années le catalyseur d’un sentiment grandissant de frustration par rapport à une politique d’interdiction et de censure…
Pour les artistes unis contre le décret-loi 349, il était clair que le gouvernement cubain ne voulait pas de l’existence d’un art indépendant de l’État. Nous en avions la preuve, avec la suppression des festivals de hip-hop et de poésie mentionnés plus haut, mais surtout celle de la Biennale de La Havane et du Festival du jeune cinéma. Par conséquent, le décret 349 était la réponse officielle à ce type d’événements. Cela a été pour les artistes une déclaration de guerre, le gouvernement ne s’attendait pas à un tel rejet populaire en réponse. La manifestation, c’est-à-dire une présence pacifique de l’art devant la plus importante institution de la culture, était leur dernier recours pour empêcher l’entrée en vigueur du décret, le 7 décembre 2019.

Le harcèlement, les menaces, les arrestations se sont succédé pendant toute la campagne, non seulement après la convocation devant le ministère de la Culture. Par exemple, le Mouvement San Isidro a essayé de réaliser une méditation collective dans un parc public, mais tous les artistes participant à la réunion ont été encerclés par la police. Plusieurs ont été incarcérés pendant des heures. Pour le gouvernement cubain, la dissidence n’est pas reconnue comme un droit, par conséquent, toute personne qui proteste contre un dessein officiel est considéré comme délinquant et classé dans un dossier CR (contre-révolutionnaire). Ce stigmate se maintient pour toute la vie.

Le peu de temps qu’ils ont été incarcérés a montré que la répercussion internationale avait été importante, et que le gouvernement était préoccupé par les implications que supposait la répression. La réponse officielle fut donnée par le biais d’un programme à la télévision, où les autorités justifiaient la nécessité d’appliquer le décret 349. Cependant, il a été dit que l’entrée en vigueur de celui-ci ne se ferait pas dans l’immédiat, et que les normatives devaient être revues et discutées. Pour le mouvement, ceci représentait une victoire. Mais, espérer que le gouvernement cubain reconnaisse une erreur publiquement relève de l’utopie, car il existe trop d’arrogance de sa part, de peur de perdre le contrôle absolu sur la population.

Une grève de la faim et ses conséquences

Entre le 9 et le 19 novembre dernier, les autorités ont de nouveau arbitrairement détenu et harcelé un grand nombre de membres du mouvement San Isidro, souvent à plusieurs reprises. Les membres du mouvement, qui comprend des artistes, des poètes, des militants LGBTI, des universitaires et des journalistes indépendants, ont protesté ces derniers jours contre l’emprisonnement du rappeur Denis Solis Gonzalez. Denis Solis a été arrêté le 9 novembre et, le 11 novembre, il a été jugé et condamné à huit mois de prison pour « outrage », une infraction incompatible avec le droit international des droits de l’homme. Il est détenu à Valle Grande, une prison de haute sécurité située dans la banlieue de La Havane.

Après une semaine de grève de la faim et de la soif, l’état de santé des membres du mouvement San Isidro qui demandent la libération de Denis Solis est préoccupant. De nombreuses personnes ont posté des messages de soutien et appelé les réseaux sociaux à abandonner la grève avec des expressions telles que : « Nous vous voulons en vie ».
Luis Manuel Otero Alcántar et quatorze autres Cubains ont été expulsés jeudi soir du siège du Mouvement San Isidro à La Havane pour un crime présumé de propagation de l’épidémie de Covid-19, selon les médias d’État cubains. Le gouvernement cubain a allégué du crime de propagation de l’épidémie de Covid-19 pour arrêter les artistes et les militants réunis au siège du Mouvement San Isidro. Un groupe d’artistes cubains a alors demandé aux autorités de dialoguer avec les membres du Mouvement San Isidro, puis d’écouter les jeunes présents au siège du ministère de la Culture. La police cubaine a fait irruption jeudi soir au siège du Mouvement San Isidro, où depuis dix jours des artistes sont en grève de la faim et de la soif pour exiger la libération du rappeur Denis Solis.

La police a maintenu une quinzaine de personnes en état d’arrestation pendant plusieurs heures. Parmi eux se trouvaient des journalistes, des artistes et des enseignants réunis pour protester contre la répression et les politiques du gouvernement qui restreignent de plus en plus la liberté d’expression. Plusieurs de ces personnes arrêtées ont été libérées quelques heures plus tard. Suite à ces arrestations, des écrivains et des journalistes du monde entier ont dénoncé l’expulsion du siège et ont exigé la libération des détenus, qui a commencé quelques heures plus tard.
Les membres du mouvement San Isidro à Cuba ont été arrêtés, ont vu leurs droits fondamentaux restreints – en particulier leur droit à la liberté d’expression et de mouvement – et ont été criminalisés simplement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits fondamentaux. Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, a déclaré : « Les membres du Mouvement San Isidro sont dans un état de déshydratation et de famine qui peut provoquer un effondrement de leurs organes, c’est une situation sanitaire compliquée ».

Les membres du Mouvement San Isidro, l’artiste Luis Manuel Otero Alcántara et le chanteur Maykel Castillo (Osorbo), poursuivent leur grève de la faim jusqu’à ce que le gouvernement cubain libère le rappeur protestataire Denis Solis. Luis Manuel Otero Alcántara se trouve maintenant à l’hôpital Fajardo de La Havane et poursuit sa grève de la faim », rapporte le compte Twitter officiel du Mouvement San Isidro. Luis Manuel Otero Alcantara refuse d’aller ailleurs que chez lui, rue Damas à La Havane, où se trouve le siège du mouvement.




(Le rappeur cubain Maykel Castillo pendant son jeûne)
(El rapero cubano Maykel Castillo durante su ayuno)

L’action de la police politique contre le Mouvement San Isidro a provoqué une manifestation pacifique de soutien. Un rassemblement a suivi au siège du ministère de la Culture, les activistes sont tous deux soutenus par des artistes cubains à l’intérieur et à l’extérieur de l’île. « Au Mouvement San Isidro, merci beaucoup pour ce que vous faites, pour ce que vous construisez (…) les fondations d’un Cuba libre, un nouveau Cuba », a déclaré le chanteur Yotuel Romero.

Une réunion au ministère de la Culture

Vendredi, Amnesty International a déclaré Luis Manuel Otero Alcantara, leader du mouvement San Isidro, prisonnier de conscience et a demandé sa libération. Amnesty International a appelé le gouvernement cubain à cesser de harceler les membres du Mouvement San Isidro et s’est inquiétée de la situation de la conservatrice d’art Anamely Ramos, qui est également sous surveillance policière au domicile de la professeure Omara Ruiz Urquiola.

Alors que des centaines d’artistes, d’intellectuels, de militants et d’autres Cubains se sont réunis ce vendredi devant le ministère de la Culture et que les autorités ont accepté de dialoguer, dans les environs, les forces de répression ont tenté d’empêcher l’arrivée devant le ministère de la Culture de plusieurs personnes. Plusieurs témoins ont rapporté l’utilisation de gaz lacrymogènes contre ceux qui ont tenté de rejoindre le rassemblement devant le ministère.




(Manifestation devant le ministère de la Culture à La Havane)
(Manifestación frente al Ministerio de Cultura en La Habana)

Le ministère de la Culture a promis de suivre la situation de Denis Solis et Luis Manuel Otero Alcantara, membres du Mouvement San Isidro. Vendredi, le ministère de la Culture a fait une série de promesses aux représentants de quelque 300 personnes, qui se sont réunis devant son siège à La Havane.

La poète Katherine Bisquet a lu les promesses du ministère de la Culture :
– ouvrir un canal de dialogue entre les institutions et les artistes indépendants.
– suivre d’urgence la situation du rappeur protestataire Denis Solis et de l’artiste indépendant Luis Manuel Otero Alcantara.
– l’Association Hermanos Saíz (AHS) [note] s’est engagée à revoir sa déclaration hostile au Mouvement San Isidro.
– un agenda de travail multiple sera organisé avec des propositions de thèmes provenant des deux parties : “toutes les questions culturelles avec tous les artistes cubains”.
– nous pourrons nous rencontrer sans être harcelés dans les espaces culturels indépendants. “Il y aura une trêve avec les espaces indépendants.”
– le ministre de la culture, Alpidio Alonso Grau, rencontrera la semaine prochaine un groupe d’artistes.
– permettre aux personnes présentes devant le ministère de la culture de rentrer chez elles librement, sans être harcelées par la police politique.

Quelles perspectives existent pour le Mouvement San Isidro ?


Le sit-in devant le bâtiment du ministère de la culture, dans le quartier du Vedado, s’est produit en raison de l’expulsion des quatorze Cubains qui manifestaient pacifiquement au siège du Mouvement San Isidro. Ces événements ont contribué à cimenter la cohésion du Mouvement, ils n’ont pas entamé sa détermination, car ils sont persuadés que l’union a été la clé de leur sécurité. Ils sont concentrés chacun sur leur projet personnel, mais la solidarité ressentie pendant la campagne est toujours là : d’autres artistes, liés à l’État, se sont prononcés depuis leurs propres plates-formes pour exprimer leur désaccord avec le décret-loi 349.

Après le retrait de Raúl Castro, Cuba vient de franchir une étape importante de son histoire avec le projet de nouvelle constitution. Cuba est en train de vivre une sorte d’éveil. Les réactions suscitées par le 349 montrent une confluence de forces, laquelle a surpris tout le monde. C’est une secousse graduelle de la conscience collective. Le mécontentement est général, et beaucoup l’expriment librement dans la rue comme jamais auparavant. De plus en plus de gens commencent à se sentir impliqués même dans d’autres domaines. Pour ne donner qu’un exemple, après la dernière tornade qui a touché l’île, les victimes de la catastrophe ont livré leur témoignage aux activistes et aux médias non-officiels, même en sachant qu’ils risquaient la répression pour cela. Les étudiants universitaires se sont mobilisés spontanément pour aider la population, et les propriétaires des restaurants ont apporté de la nourriture gratuitement, ce que le gouvernement n’a pas fait.

La fin de l’ère Castro permet d’envisager une lente, mais certaine, ouverture vers le reste du monde, notamment à travers les réseaux sociaux, et donc plus de transparence en ce qui concerne la difficile réalité de la société cubaine. Dans le monde d’aujourd’hui, la parole se libère et la culture traverse les frontières nécessairement par les médias et les réseaux sociaux.

De nombreux médias d’opposition au régime et des chaînes de télévision et de radio dans différents pays (les États-Unis, la France, l’Espagne, l’Argentine, le Chili…) ont repris les informations fournies par le Mouvement San Isidro. Pendant la répression, les artistes ont compris qu’ils n’étaient pas seuls, cela les a encouragés parce que la pression de l’État, avec tous ses recours, est une expérience terrible.

Il y a trop de lassitude cumulée, trop de scepticisme. Les Cubains commencent à comprendre qu’ils forment un seul peuple, mais un peuple longtemps divisé par une politique inefficace qui a ravagé le pays et généré beaucoup de souffrance. Les autorités peuvent continuer à harceler, intimider, détenir et criminaliser les artistes et les intellectuels de la pensée alternative, mais elles ne peuvent pas emprisonner leurs idées.

Daniel Pinós. Groupes d’appui aux libertaires et aux syndicalistes indépendants de Cuba

CUBA:
MANIFESTACIÓN FRENTE AL MINISTERIO DE CULTURA PARA PROTESTAR CONTRA LA REPRESIÓN CONTRA LOS ARTISTAS DEL MOVIMIENTO DE SAN ISIDRO


Son jóvenes y cubanos, creen que la libertad de expresión puede ser un instrumento de progreso hacia el cambio social, son perseguidos como enemigos de la Revolución y quieren atraer la atención de la comunidad internacional.
A finales de noviembre de 2018, los activistas del Movimiento de San Isidro se reunieron por primera vez para manifestarse en las calles de La Habana y frente al Ministerio de Cultura. Su objetivo: la derogación del proyecto de decreto ley 349 destinado a restringir la creatividad de cualquier actividad artística en la isla. Desde el inicio del Movimiento, nuestros compañeros del Taller Libertario Alfredo López de La Habana han participado en las movilizaciones.
Los activistas de la campaña contra el Decreto 349 son originarios de La Habana, muchos de ellos viven en el barrio de Alamar. Este barrio fue escenario de un importante movimiento artístico alternativo, que trató de coexistir con las instituciones culturales oficiales. Los cines, teatros y galerías de arte pertenecen al Estado. Alamar fue la sede del festival de hip-hop y poesía más importante de la isla, hasta que fue interrumpido y finalmente cancelado por el Ministerio de Cultura. Uno de los miembros del Movimiento de San Isidro, Michel Matos, fue el productor del Festival de Hip Hop y Música Electrónica de Rotilla, el evento más popular entre los jóvenes de La Habana.

¿Quiénes son los activistas del Movimiento de San Isidro?

Adoptaron el nombre de San Isidro por el apoyo de los habitantes de este barrio homónimo, situado en la parte más antigua de La Habana. Durante un concierto de música organizado para protestar contra el Decreto Ley 349, los artistas fueron víctimas de la represión policial, por lo que los residentes del barrio se rebelaron contra las fuerzas del orden. Según la Constitución, tenían el derecho de expresar su descontento. Fueron asesorados por Laritza Diversent, una abogada cubana a cargo de Cubalex, una oficina de asesoramiento jurídico independiente que se vio obligada a exiliarse tras ser presionada por la Seguridad del Estado.
El Movimiento de San Isidro no tiene visibilidad en Cuba porque la televisión, la radio y la prensa pertenecen al Estado. La única información que los medios oficiales reportan son acusaciones contra activistas que los llaman contrarrevolucionarios a sueldo de la CIA. No hay nada nuevo en el tratamiento de la disidencia.
La difusión de sus actividades se realiza a través de Internet o por teléfono móvil. Los artistas que participan en los eventos son sistemáticamente acosados por la Seguridad del Estado, incluyendo una constante presencia policial. Así, el público que desea apoyarlos se desalienta por miedo a las represalias y termina por retirarse, o la misma Seguridad del Estado da información falsa sobre la fecha y la hora de los hechos para confundir al público. Sin embargo, gracias a la campaña contra el Decreto 349, lograron un gran golpe mediático: la gente los seguía en las redes sociales, y aunque muchos tenían miedo de unirse a sus manifestaciones, aprobaron su acción saludándolos en la calle.
El éxito de la política cultural de la Revolución, iniciada en 1959 por Fidel Castro, radica en gran medida en el hecho de que logró dividir la comunidad artística e intelectual. Sin embargo, el anuncio del Decreto 349 generó un descontento tan masivo que, por primera vez, un grupo de jóvenes vinculados a instituciones estatales apoyó la protesta de los artistas independientes. Unos 30 jóvenes firmaron una carta solicitando una reunión con el Ministro de Cultura, con el fin de revisar y reescribir el decreto-ley. Aunque los artistas independientes exigieron una exención total del proyecto de ley. Este gesto de solidaridad fue un acontecimiento sin precedentes. Además, solicitaron una reunión con el ministerio, pero fueron inicialmente ignorados. Esto es parte de la estrategia del gobierno para desacreditar la existencia legal de los disidentes. Sin embargo, fueron recibidos por el Viceministro de Cultura, pero la reunión no dio resultados favorables. A primera vista, la manifestación frente al Ministerio de Cultura estaba puntualmente dirigida al Decreto 349, pero es más exacto considerar que fue a lo largo de los años el catalizador de una creciente sensación de frustración con una política de prohibición y censura .
Para los artistas unidos contra el Decreto Ley 349, estaba claro que el gobierno cubano no quería la existencia de un arte independiente del estado. Lo demostramos con la supresión de los festivales de hip-hop y de poesía ya mencionados, pero sobre todo la Bienal de La Habana y el Festival de Cine Joven. Por lo tanto, el Decreto 349 fue la respuesta oficial a este tipo de eventos. Para los artistas fue una declaración de guerra, el gobierno no esperaba tal rechazo popular como respuesta. La manifestación, una presencia pacífica del arte frente a la institución más importante de la cultura, fue su último recurso para evitar que el decreto entrara en vigor el 7 de diciembre de 2019.
El acoso, las amenazas y los arrestos se sucedieron a lo largo de la campaña, no sólo después de la citación ante el Ministerio de Cultura. Por ejemplo, el Movimiento de San Isidro intentó llevar a cabo una meditación colectiva en un parque público, pero todos los artistas que participaron en la reunión fueron rodeados por la policía. Varios fueron encarcelados durante horas. Para el gobierno cubano, la disidencia no está reconocida como un derecho, por lo que cualquiera que proteste contra un diseño oficial es considerado un criminal y es clasificado como un caso CR (contrarrevolucionario). Este estigma continúa por el resto de la vida.
El corto tiempo que estuvieron encarcelados demostró que las repercusiones internacionales habían sido significativas y que el gobierno estaba preocupado por las implicaciones de la represión. La respuesta oficial se dio a través de un programa de televisión en el que las autoridades justificaron la necesidad de aplicar el Decreto 349. Sin embargo, se dijo que su entrada en vigor no se produciría inmediatamente y que era necesario revisar y debatir los reglamentos. Para el movimiento, esto representaba una victoria. Pero esperar que el gobierno cubano reconozca públicamente un error es una utopía, porque hay demasiada arrogancia de su parte, por miedo a perder el control absoluto sobre la población.

Una huelga de hambre y sus consecuencias
Entre el 9 y el 19 de noviembre, las autoridades volvieron a detener y acosar arbitrariamente a un gran número de miembros del movimiento de San Isidro, a menudo en varias ocasiones. Los miembros del movimiento, que incluye artistas, poetas, activistas LGBTI, académicos y periodistas independientes, han estado protestando en los últimos días contra el encarcelamiento del rapero Denis Solís González. Denis Solís fue detenido el 9 de noviembre y el 11 de noviembre fue juzgado y condenado a ocho meses de prisión por "desacato", delito incompatible con el derecho internacional de los derechos humanos. Está detenido en Valle Grande, una prisión de alta seguridad en las afueras de La Habana.
Después de una semana de huelga de hambre y sed, el estado de salud de los miembros del movimiento de San Isidro que piden la liberación de Denis Solís es preocupante. Muchas personas han publicado mensajes de apoyo y han pedido a las redes sociales que abandonen la huelga con expresiones como: "Te queremos vivo".
Luis Manuel Otero Alcántar y otros catorce cubanos fueron expulsados el jueves por la noche de la sede del Movimiento San Isidro en La Habana por un supuesto delito de difusión de la epidemia de Covid-19, según los medios de comunicación estatales cubanos. El gobierno cubano alegó el delito de propagación de la epidemia de Covid-19 para detener a los artistas y activistas reunidos en la sede del Movimiento de San Isidro. Un grupo de artistas cubanos pidió entonces a las autoridades que dialogaran con los miembros del Movimiento de San Isidro y que luego escucharan a los jóvenes presentes en la sede del Ministerio de Cultura. La policía cubana irrumpió en la sede del Movimiento San Isidro el jueves por la noche, donde los artistas han estado en huelga de hambre y sed durante los últimos diez días para exigir la liberación del rapero Denis Solís.
La policía mantuvo a unas 15 personas bajo arresto durante varias horas. Entre ellos se encontraban periodistas, artistas y profesores que se reunieron para protestar contra la represión y las políticas gubernamentales que restringen cada vez más la libertad de expresión. Varios de los arrestados fueron liberados unas horas después. Tras las detenciones, escritores y periodistas de todo el mundo denunciaron la expulsión de la sede y exigieron la liberación de los detenidos, que comenzó unas horas más tarde.
Los miembros del movimiento San Isidro de Cuba han sido detenidos, se han restringido sus derechos fundamentales -en particular su derecho a la libertad de expresión y de circulación- y han sido criminalizados simplemente por ejercer pacíficamente sus derechos humanos. Erika Guevara Rosas, Directora del Programa de Amnistía Internacional para América, dijo: "Los miembros del Movimiento de San Isidro se encuentran en un estado de deshidratación e inanición que puede provocar el colapso de sus órganos, una situación de salud complicada.
Los miembros del Movimiento de San Isidro, el artista Luis Manuel Otero Alcántara y la cantante Maykel Castillo (Osorbo), continúan su huelga de hambre hasta que el gobierno cubano libere al rapero de protesta Denis Solís. Luis Manuel Otero Alcántara está ahora en el Hospital Fajardo de La Habana y continúa su huelga de hambre", informa la cuenta oficial de Twitter del Movimiento de San Isidro. Luis Manuel Otero Alcántara se niega a ir a otro lugar que no sea su casa en la calle Damasco de La Habana, donde se encuentra la sede del movimiento.
La acción de la policía política contra el Movimiento de San Isidro provocó una manifestación pacífica de apoyo. Una manifestación seguida en la sede del Ministerio de Cultura, donde los activistas son apoyados por artistas cubanos dentro y fuera de la isla. "Al Movimiento de San Isidro, muchas gracias por lo que están haciendo, por lo que están construyendo (...) los cimientos de una Cuba libre, una nueva Cuba", dijo el cantante Yotuel Romero.

Una reunión en el Ministerio de Cultura
El viernes, Amnistía Internacional declaró a Luis Manuel Otero Alcántara, líder del movimiento de San Isidro, preso de conciencia y pidió su liberación. Amnistía Internacional pidió al gobierno cubano que dejara de acosar a los miembros del Movimiento de San Isidro y expresó su preocupación por la situación de la comisaria de arte Anamely Ramos, que también está bajo vigilancia policial en la casa de la profesora Omara Ruiz Urquiola.
Mientras cientos de artistas, intelectuales, activistas y otros cubanos se reunieron este viernes frente al Ministerio de Cultura y las autoridades accedieron a conversar, en los alrededores, las fuerzas de represión intentaron impedir la llegada frente al Ministerio de Cultura de varias personas. Varios testigos informaron del uso de gas lacrimógeno contra los que intentaron unirse a la manifestación frente al ministerio.
El Ministerio de Cultura se ha comprometido a vigilar la situación de Denis Solís y Luis Manuel Otero Alcántara, miembros del Movimiento de San Isidro. El viernes, el Ministerio de Cultura hizo una serie de promesas a los representantes de unas 300 personas que se reunieron frente a su sede en La Habana.
La poetisa Katherine Bisquet leyó las promesas del Ministerio de Cultura:
- para abrir un canal de diálogo entre las instituciones y los artistas independientes.
- vigilar urgentemente la situación del rapero de protesta Denis Solís y del artista independiente Luis Manuel Otero Alcántara.
- la Asociación Hermanos Saíz (AHS) [note] se ha comprometido a revisar su declaración hostil al Movimiento San Isidro.
- se organizará una agenda de trabajo múltiple con propuestas de temas de ambas partes: "todos los temas culturales con todos los artistas cubanos".
- podremos reunirnos sin ser acosados en espacios culturales independientes. "Habrá una tregua con los espacios independientes".
- El Ministro de Cultura, Alpidio Alonso Grau, se reunirá con un grupo de artistas la próxima semana.
- para permitir a los presentes frente al Ministerio de Cultura volver a casa libremente, sin ser acosados por la policía política.

¿Qué perspectivas existen para el Movimiento de San Isidro?
La sentada frente al edificio del Ministerio de Cultura en el barrio del Vedado se produjo por la expulsión de los catorce cubanos que se manifestaban pacíficamente en la sede del Movimiento de San Isidro. Estos acontecimientos ayudaron a cimentar la cohesión del Movimiento, pero no debilitaron su determinación, ya que están convencidos de que la unidad era la clave de su seguridad. Cada uno de ellos se centra en su proyecto personal, pero la solidaridad sentida durante la campaña sigue ahí: otros artistas, vinculados al Estado, se han manifestado desde sus propias plataformas para expresar su desacuerdo con el Decreto Ley 349.
Tras la retirada de Raúl Castro, Cuba acaba de dar un paso importante en su historia con el proyecto de una nueva constitución. Cuba está experimentando una especie de despertar. Las reacciones provocadas por el 349 muestran una confluencia de fuerzas, que ha sorprendido a todos. Es una sacudida gradual a la conciencia colectiva. La insatisfacción está muy extendida, y muchos la expresan libremente en las calles como nunca antes. Cada vez más gente está empezando a sentirse involucrada incluso en otras áreas. Para dar sólo un ejemplo, después de que el último tornado azotara la isla, las víctimas del desastre dieron su testimonio a los activistas y a los medios de comunicación no oficiales, incluso sabiendo que se arriesgaban a la represión por hacerlo. Los estudiantes universitarios se movilizaron espontáneamente para ayudar a la población, y los dueños de restaurantes trajeron comida gratis, lo que el gobierno no hizo.
El fin de la era de Castro permite prever una lenta pero segura apertura hacia el resto del mundo, en particular a través de las redes sociales, y por lo tanto una mayor transparencia respecto a la difícil realidad de la sociedad cubana. En el mundo actual, la palabra se está haciendo libre y la cultura cruza necesariamente las fronteras a través de los medios de comunicación y las redes sociales.
Numerosos medios de comunicación de oposición al régimen y emisoras de televisión y radio de distintos países (Estados Unidos, Francia, España, Argentina, Chile...) han recogido la información proporcionada por el Movimiento de San Isidro. Durante la represión, los artistas comprendieron que no estaban solos, esto los alentó porque la presión del Estado, con todos sus recursos, es una experiencia terrible.
Hay demasiada fatiga acumulada, demasiado escepticismo. Los cubanos están empezando a comprender que son un solo pueblo, pero un pueblo largamente dividido por una política ineficaz que ha devastado el país y generado mucho sufrimiento. Acabamos de ser testigos de la primera gran manifestación contra la dictadura de Castro. Tomó 61 años para eso. La juventud, una nueva generación militante, se lanzó sin miedo y con entusiasmo a la lucha. Las autoridades pueden seguir acosando, intimidando, deteniendo y criminalizando a los artistas e intelectuales de pensamiento alternativo, pero no pueden encarcelar sus ideas.

Daniel Pinós









PAR : Daniel Pinós
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