Théories politiques > Ancien article Des « PD-anars » contre la normalisation gay !
Théories politiques
par Patrick Schindler • le 16 mars 2020
Ancien article Des « PD-anars » contre la normalisation gay !
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Article en "une" le 8 novembre 2017
Dans son émission Chroniques Rebelles sur Radio libertaire, le 14 octobre dernier, Christiane Passevant recevait Alain Naze, auteur du Manifeste contre la normalisation gay [note] . Elle m’avait invité à y participer, en tant qu’ancien militant du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR). Extraits. L’émission a débuté par la diffusion d’un enregistrement, réalisé aux Beaux-Arts durant une réunion du FHAR au début des années 70. Une militante lesbienne y tenait un discours radical d’un autre temps, absolument incontournable et donnant le ton, contre la normalisation de la sexualité et les « hétéros-flics ». Toute une époque. Après ce préambule, l’interview d’Alain Naze a démarré sur la question du Mariage pour Tous. Il est bien sûr revenu sur le déchaînement qu’a entraîné cette revendication d’égalité des droits homosexuels, de la part des franges les plus réactionnaires et intégristes religieuses de la société française. C’est de par la lutte menée dans ce contexte sulfureux qu’Alain Naze a admis que le mariage pour les personnes de même sexe (ou transgenres) a incontestablement constitué une avancée sociale et l’acquisition de droits pour les LGBT [note] . Entre autres, l’obtention de la nationalité française pour les personnes immigrées, ou de la pension de réversion, en cas de décès de l’un des contractants. Je suis à ce moment intervenu, pour insister sur le fait que le mariage allait plus loin en ce sens que ne le faisait le PACS. En particulier sur la pension de la réversion, ou le maintien au domicile d’une personne homosexuelle, en cas de mort du ou de la conjoint(e). C’est au passage les raisons pour lesquelles je me suis marié en 2014. En effet, étant séropositif, je ne voulais pas laisser mon compagnon dans la mouise s’il m’advenait de disparaître. Pas question de redonner la mise à l’état ou l’appart à la famille (pour les plus « chanceux » propriétaires). Cela dit, je me dois de préciser au passage, comme je l’ai fait dans l’émission, que le fait d’être marié n’a rien changé dans ma vie, quand à ma liberté sexuelle ou autre, hors couple…
Mais si Alain Naze remet en cause, dans son Manifeste, le mariage gay, c’est pour une toute autre raison. Et de poser fort à propos, la question de savoir si ce dernier est un aboutissement en soi des revendications homosexuelles, ou une forme d’assimilation, de normalisation ? Une espèce de copié/collé des relations de couples hétéro-normées (comme on disait au beau temps du FHAR) ! Alain Naze a confirmé que les questionnements et positions légitimes du FHAR étaient visiblement toujours d’actualité. Et de nous mettre en garde à ce sujet, de ne pas aujourd’hui, nous satisfaire d’un « sage présent réformateur qui nous conduirait à voir dans le mariage pour tous une avancée décisive pour la liberté des gays ». En effet, pour Alain Naze, « La normalisation passe par la banalisation de l’identité gay, de l’uniformisation LGBT des pratiques entre personnes du même sexe ». Et de rappeler dans son livre, cette citation de Guy Hocquenghem, co-animateur du FHAR allant dans le même sens, anti-conventionnel : « Nous ne sommes pas instables, nous sommes mouvants. Aucune envie de s’ancrer. Dérivons. A bas les fixations ».
Alain Naze de citer ailleurs dans son livre, la position similaire de Michel Foucault : « Plutôt que de faire valoir que les individus ont des droits fondamentaux et naturels, nous devrions essayer d’imaginer et de créer un nouveau droit relationnel qui permettrait que tous les types possibles de relations puissent exister et ne soient pas empêchés, bloqués ou annulés par des institutions rationnellement appauvrissantes ». En parlant d’institutions, Alain Naze fait bien de nous rappeler que le pape François, au début de son élection, avait « fait preuve de miséricorde vis-à-vis des homosexuels ». A condition, bien sûr que ces derniers soient « respectables »… La miséricorde ! Un sentiment que, généralement, l’église réserve aux « malades » ! Alain Naze de nous rappeler au sujet de la « tolérance », la très belle phrase de Pier Paolo Pasolini : « Dans la tolérance, on définit les différences, on analyse et isole les anomalies, on crée des ghettos. Je préférerais être condamné injustement, plutôt que toléré »... Une autre partie importante du livre d’Alain Naze enchaîne sur l’attitude communautaire des LGBT, « cette universalité LGBT, tant vantée, qui n’est jamais que l’indice du triomphe économique et culturel de l’Occident » et qui peut conduire à des dérives, notamment nationalistes. Pour lui, la globalisation gay, « c’est la logique même du colonialisme qui se rejoue ici, dans les conditions propres à un pouvoir fonctionnant désormais à la norme plus qu’à l’interdit ». Sur ce thème, il emprunte à Didier Lestrade (ex-président d’Act-UP) cette définition de l’homo-nationalisme, une tendance propre à bien des mouvements gays occidentaux. « Des minorités sexuelles, protégées par un certain nombre de lois dans des pays occidentaux, susceptibles de devenir (à leur corps défendant ou non) un élément constitutif de tous, un argumentaire contre l’obscurantisme supposé du monde musulman ». Lestrade condamnant ainsi, la lecture unilatérale, communément répandue des conditions de vie des homosexuels dans les pays ne leur reconnaissant pas ou peu de droits. Il montre que, malgré tout, « ces derniers parviennent à vivre quelque chose de ces amours interdites, tout comme c’était le cas dans la vie gay en France, avant 1981 ».
Pour rappel pour les jeunes générations, en 1960, l’homosexualité était officiellement considérée comme un « fléau social contre lequel il faut lutter ». Pour cela, la loi du 25 novembre 1960 doublait la peine encourue par les homosexuels pour outrage public à la pudeur. A cette époque, les homosexuels étaient souvent assimilés à des pédophiles et condamnés comme tels… Heureusement, les choses ont changé. Mais, elles ne sont jamais pour autant acquises. C’est pourquoi Alain Naze insiste dans son livre, sur le fait qu’il n’est pas question dans le combat contre la normalisation, d’abandonner le terrain du droit. Mais pour revenir au dangereux virage identitaire pris par la « communauté » gay, il cite fort à propos l’exemple du pinkwashing [note] en Israël. Celui-ci revenant au final, à considérer que « tout individu de confession juive aurait à se sentir solidaire de la politique de l’État d’Israël ». Et ce, afin de donner l’image d’un pays « qui respecte la démocratie, en pointe quant aux droits accordés aux LGBT »… Une tactique pour apparaître comme étant également un État du Moyen-Orient, aux avant-postes sur la question des libertés en général ! Dans son manifeste, Alain Naze se penche encore sur de multiples aspects de la normalisation gay, citant encore des auteurs tels que Walter Benjamin et autres. Une lecture bien rafraîchissante en ces temps de normalisation et de communautarismes tous azimuts !...
Mais si Alain Naze remet en cause, dans son Manifeste, le mariage gay, c’est pour une toute autre raison. Et de poser fort à propos, la question de savoir si ce dernier est un aboutissement en soi des revendications homosexuelles, ou une forme d’assimilation, de normalisation ? Une espèce de copié/collé des relations de couples hétéro-normées (comme on disait au beau temps du FHAR) ! Alain Naze a confirmé que les questionnements et positions légitimes du FHAR étaient visiblement toujours d’actualité. Et de nous mettre en garde à ce sujet, de ne pas aujourd’hui, nous satisfaire d’un « sage présent réformateur qui nous conduirait à voir dans le mariage pour tous une avancée décisive pour la liberté des gays ». En effet, pour Alain Naze, « La normalisation passe par la banalisation de l’identité gay, de l’uniformisation LGBT des pratiques entre personnes du même sexe ». Et de rappeler dans son livre, cette citation de Guy Hocquenghem, co-animateur du FHAR allant dans le même sens, anti-conventionnel : « Nous ne sommes pas instables, nous sommes mouvants. Aucune envie de s’ancrer. Dérivons. A bas les fixations ».
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PAR : Patrick Schindler
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1 |
le 26 mai 2020 20:58:52 par marniaks |
ouaah merci pour ce point de vue !