Reprenons ce qu’on nous vole ! Autoréduction chez Carrefour, à Nantes, le 31 décembre 2013

mis en ligne le 22 janvier 2014
« Carrefour empoche des milliers d’euros par le biais des exonérations de cotisations sociales, mais cela ne l’empêche pas de vouloir encore grappiller sur le salaire de milliers de smicards », déclare François Dumoulin, avocat de la CGT.
L’action directe non violente est, dans le cadre de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (péages gratuits d’autoroutes, sabotage des mares de compensation, des engins de chantier, etc.), comme dans celui d’une lutte globale contre le capitalisme et ses applications concrètes, un des moyens de nous faire entendre en tant que militants contestataires de l’ordre social et économique d’un système mercantile mortifère.
Le groupe Carrefour, précurseur du concept d’hypermarchés dans les années 1960, aux pratiques esclavagistes maintes fois dénoncées par les syndicats et les salariés, était une cible de choix. Un des symboles totémiques de la domination et de l’exploitation capitaliste. Carrefour, qui est un expert en matière de racket généralisé des consommateurs, fournisseurs et salariés. C’est donc tout naturellement qu’une action caddie à zéro euros, à l’initiative des clowns activistes du Clownistan est partie de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes le dernier jour de l’année 2013, à 14 heures.
Une centaine de clowns investissent le Carrefour de la Beaujoire à Nantes. Une fois arrivés sur le parking du centre commercial de la Beaujoire, vers 15 heures, il suffit de quelques minutes aux militants pour investir l’hypermarché, malgré une faible opposition des vigiles qui tentent de fermer les grilles d’entrée sans succès.
L’autoréduction (un groupe de consommateurs où d’usagers qui refusent de payer le prix d’une partie où de la totalité d’un produit où d’un service) menée le soir du réveillon n’est apparemment pas très appréciée par l’enseigne, qui a de suite fait appel aux forces du désordre venues rapidement sur les lieux.
À 15h30, le bloc de béton et d’acier décoré de guirlandes clignotantes est complètement bouclé par les flics arrivés sur place (police, BAC, DGSI, gardes mobiles, PJ, etc.). Les activistes l’occuperont jusqu’à l’évacuation totale du bâtiment à 22 heures, suite à de nombreuses violences policières et arrestations. Des potes seront gazés, blessés où encore tazés. Douze de nos camarades sont arrêtés. Six finiront en garde à vue à l’hôtel de police de Nantes. Trois seront lourdement condamnés le jeudi 3 janvier par le tribunal de Nantes à respectivement six, cinq et quatre mois de prison avec sursis ainsi qu’à de fortes amendes (5 000 euros).
Une certaine presse bourgeoise relaie l’info en parlant de tentative de « racket » avortée grâce à l’arrivée des forces de répression du capital. Il est d’ailleurs à noter que les journaux se sont efforcés de minimiser la portée de cette action de Caddies gratuits. Le nombre de participants et de flics venus les réprimer a été divisé par deux. Selon la presse bourgeoise (Le Figaro, Presse Océan, etc.), les flics étaient une centaine, alors qu’ils étaient au moins le double et le nombre d’activistes sur place était bien plus important que les soixante annoncés dans la presse et à la radio.
La journée du 31 décembre se solde par un bordel assez jouissif, dont le point culminant est la fermeture d’un des temples de la société de consommation. La perte sur le chiffre d’affaires pour l’enseigne tricolore oscille entre 50 000 et 200 000 euros.

Bob-92-Zinn
Blog Mediapart