La liberté, c’est la révolte : une pièce de théâtre à propos de Sacco et Vanzetti

mis en ligne le 17 janvier 2013
Nous connaissons tous plus ou moins bien l’histoire de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, et pourtant…
Cette pièce de théâtre d’Alain Guyard nous rappelle, dans ses grandes lignes, l’histoire de ces deux anarchistes italo-américains condamnés à mort en 1927, accusés d’avoir commis deux braquages et tué deux convoyeurs. L’intérêt et l’originalité de cette dramatique est la mise en avant, le témoignage de leur intimité, de leur peur et de leur courage, tout au long de cette ultime journée… Les deux comédiens Jacques Dau et Jean-Marc Catella incarnent différents personnages passant ainsi des deux cotés de la barrière, endossant successivement les rôles des condamnés, puis rentrant dans la peau des marionnettes de cette vaste mascarade que fut leur procès truqué. Le spectateur est, durant la représentation, captif de ses émotions éclectiques passant du rire à la tristesse, à l’indignation. Après Sacco, homme terrorisé, affaibli par vingt-six jours de grève de la faim, Jacques Dau incarne des faux témoins, influençables, manipulés, un agent du FBI, personnage violent prêt à toutes les bassesses pour obtenir de fausses preuves. Puis gouverneur du Massachusetts, homme politique d’un pays en crise face à l’inflation, décrédibilisé, il doit mettre un terme aux grèves qui dégénèrent en violences et affrontements. Vanzetti, lui, militant porté par un idéal révolutionnaire, est convaincu que leurs assassinats serviront la lutte des anarchistes. Jean-Marc Catella interprète aussi le rôle du juge Thayer, personnage grotesque déversant ses tirades moralistes de fervent catholique pratiquant raciste. Le comédien se glisse dans le costume du tailleur, du coiffeur, de l’électricien, du bourreau, exécutants indispensables au bon déroulement des mises à mort par électrocution.
La mise en scène est originale : Sacco, seul dans sa cellule, effrayé. L’ambiance est pesante et le temps compté, la lumière de plus en plus faible de l’ampoule… On prépare la chaise électrique. Vanzetti apparaît. Tous deux ont le teint blafard. S’agit-il d’un rêve ou ne sont-ils plus que les fantômes d’une injustice passée ? Le décor est minimaliste mais efficace, la pièce se joue devant des images d’archives projetées sur un grand tissu blanc servant aussi de décor lors de certaines scènes, et des chaises… assurant de multiples fonctions avec, pour finalité, l’assassinat par la chaise dont on ne se relève pas…
La fin, pourtant connue, nous prend à la gorge, témoins désormais affranchis sur le sort et les réflexions de ces deux hommes morts pour des idées qui étaient leur raison de vivre.

Béa
Groupe Saint-Ouen (93) de la Fédération anarchiste