« Rendez-nous nos postes ! » : l’éducation se mobilise à Besançon

mis en ligne le 14 avril 2011
Lundi 4 avril : quelques centaines de manifestants (parents/enseignants) envahissent l’inspection académique du Doubs pour s’opposer aux suppressions de postes et aux fermetures de classes. Tout avait commencé par un pique-nique le midi. Au moment du comité technique paritaire, nous avons donc occupé les locaux et demandé à ce que l’inspectrice envoie un courrier au ministère afin de bien signifier que nous n’acceptions pas cette situation. Nous avons été délogés par les CRS vers 21 heures.
Le lendemain, une assemblée générale d’une centaine de personnes s’est tenue, toujours devant l’inspection académique, afin d’organiser la suite, notamment une action « boucan d’enfer » prévue pour le mercredi.
Mercredi 6 avril : 500 manifestants (lycéens, enseignants, parents d’élèves avec leurs enfants) ont organisé une marche bruyante jusqu’au rectorat. Là, après quelques bousculades, la police a fait usage de ses matraques et de gaz lacrymogènes.
Jeudi 7 avril : nouveau rassemblement devant l’inspection académique. Une centaine de personnes se sont heurtées à un déploiement de CRS impressionnant.
En perspective, un rendez-vous festif mardi 12 avril pour un « printemps des écoles » et l’idée de mettre en place une coordination nationale afin d’envisager d’autres formes d’actions. La mobilisation se poursuit et se poursuivra jusqu’au bout !

Plusieurs mois de mobilisation
La mobilisation des écoles, collèges et lycées a commencé par la manifestation nationale du 10 février. Les annonces de suppressions de postes sont massives. Personne n’est épargnée. Les BTS sont particulièrement visés et ripostent. Les écoles se mobilisent. Face à l’agitation, les élus de droite demandent à ce que les mesures de carte scolaire soient repoussées après les élections cantonales. Ils obtiennent satisfaction mais ne gagneront pas pour autant les élections.
La prochaine mobilisation nationale est annoncée au 19 mars. Pas question de laisser s’égrainer un calendrier de démobilisation avec une journée de grève tous les deux mois et un rendez-vous citoyen le samedi, en alternance.
Une coordination des parents d’élèves se met en place. Toute la semaine avant le 19 mars, des actions sont menées dans toutes les écoles : occupations, blocages, apéros et petit déj militants, journées lycée/collège morts, etc. La manifestation du 19 est une réussite. La mobilisation se poursuit et s’amplifie. La coordination s’étoffe. De nouvelles écoles s’organisent en réseau, notamment dans le secteur rural. Les élus prennent position. De nouvelles écoles entrent dans le combat. Le début des réunions paritaires marque le début des hostilités et commence par un réveil en fanfare devant l’inspection académique, puis un pique-nique militant qui réunit une centaine de personnes.

Des enjeux importants
Malgré la mobilisation, la nouvelle carte scolaire a été entérinée. Trente-cinq postes sont supprimés parmi lesquels vingt-cinq classes. Grosse attaque contres les écoles maternelles, les écoles des quartiers sensibles et le milieu rural, etc., bref, tout le monde !
Concrètement, les seuils d’ouverture et de fermeture ne sont plus respectés. Il faut fermer des postes quitte à entasser les élèves dans les classes. Tout ce qui relève de l’aide aux élèves en difficultés est sabré. Il n’y a même plus de formation organisée.
La réponse de l’inspection académique et du rectorat, hormis la répression policière, est que les classes « peuvent fonctionner » avec de gros effectifs et que les difficultés peuvent être traitées via l’aide personnalisée, ces deux heures hebdomadaires supplémentaires. Nous nous étions élevés contre la mise en place de ce dispositif qui allait conduire à la disparition des Réseaux d’aide aux enfants en difficulté et qui stigmatisait ces élèves. Nous avions malheureusement raison.
Les suppressions de postes de remplaçants accompagnent la mise en place de la mastérisation. À terme, les remplaçants seront piochés parmi les étudiants qui ont raté le concours, instaurant encore plus de précarité au sein de l’éducation nationale.
Il y a une logique de casse de l’Éducation nationale et plus généralement des services publics. Pour riposter, il va falloir dépasser le stade des luttes locales et organiser une coordination des écoles et des parents en lutte. Les organisations syndicales ont un rôle important à jouer dans cette lutte collective. C’est l’objectif que nous nous sommes fixés sur Besançon et sa région.