Nouvelles des affronts

mis en ligne le 10 décembre 2009
Fermer les maisons closes ! Erreur, fermons les entreprises qui emploient des travailleurs clandestins. De qui se moque-t-on ? Le travail clandestin existe depuis que la protection sociale existe et il est inhérent au capitalisme et à ses cohortes de patrons voyous. De plus, il est le résultat de l’organisation contemporaine des entreprises et du management à flux tendus et du moindre coût qui depuis trente ans ont multiplié la sous-traitance et les entreprises parasites de tout acabit… Fermons donc Bouygues, EDF, la RATP et la SNCF, etc. En bref, plus besoin de faire la grève générale, Sarko s’occupe de bloquer le pays. Un coup médiatique de plus dans un océan de désinformation, un coup de bluff au moment où plus de 5 200 « sans-papiers », en grève, pour certains depuis six semaines, occupent de nombreux chantiers et officines… Exemple de dignité et de résistance ouvrières dont les travailleurs « paupérisés » devraient s’inspirer. Mais, là encore, il faut faire attention à ne pas tomber dans l’angélisme ou la démagogie car après les papiers, l’exploitation continue. Alors vigilance tant pour les avec que pour les sans !
Pendant la démagogie, les licenciements et les suppressions d’emplois continuent. L’AP-HP (hôpitaux parisiens), soucieuse de la qualité des soins, va supprimer 1 000 postes de soignants, PSA qui roule sur les fonds publics en menace environ 6 000. Dans les chantiers navals rien ne va plus : CGA-CGM pourraient en couler 4 000 et STX (ex-Chantiers de l’Atlantique) annonce un plan de départ de 351 « volontaires ». Même empressement pour le volontariat à Nestlé Waters pour près de 19 % de l’effectif, soit environ 260 buveurs de flotte qui sont incités à dégager. SKF délocalise en Bulgarie et ce sont 380 Vendéens qui se grippent et UniCrédit solde les comptes de 100 employés.
Et pourtant les conflits partiels, trop souvent défensifs, continuent, voire se multiplient. Grève dans les transports à Rouen et à Bordeaux et dans le RER en Ile-de-France, grève à la Société Générale pour les salaires. Mouvements sociaux à Paris où les cantines ont cessé de servir la soupe et dans les bibliothèques où le généreux maire de Paris souhaite supprimer le service des transports.
En région marseillaise, ça bouge aussi : odorante et victorieuse grève des éboueurs, conflit de quinze jours au Leclerc de Vitrolles et grève illimitée à l’usine de micro-électronique Atmel à Rousset (13) où le risque de fermeture se précise. Salins du Midi, mise au régime sans sel pour 59 paludiers : grève et manifestation à Nîmes (30). Et bien sûr, la grève qui a fait pschitt le 24 novembre à l’Éducation nationale et à la Poste. De fait, une petite mobilisation à l’occasion de journées de démobilisation auxquelles personne ne croit plus mais qui légitiment l’appareil bureaucratique toujours prêt à l’auto-satisfecit et à nous laisser croire que nos lendemains de gueule de bois seront meilleurs. Et après une semaine de grève au musée Beaubourg, démarrage en début de semaine d’une grève générale et illimitée dans les musées nationaux pour protester contre la réduction probable de 2000 emplois dans un proche « avenir ». Enfin, grève illimitée encore chez Continental, cette fois à Sarreguemines où le prolo devra faire 314 heures par an de taf en plus pour le même prix, sinon c’est le chantage à la restructuration et à la fermeture.
Belle victoire juridique pour les 47 licenciés d’Olympia en 2006 : la boîte a été condamnée à leur verser 2,5 millions d’euros. Un joli bas de laine d’autant que le motif de la condamnation est de ne pas avoir proposé à ces 47 mercenaires un poste en Roumanie où ils ne seraient probablement pas allés. Quand le bâtiment va tout va, la preuve : 50 000 emplois disparus en 2009, 30 000 annoncés en 2010. La sortie de « crise » est pour demain. Les 52 400 chômeurs de plus du mois d’octobre partagent l’optimisme de nos prévisionnistes émérites.
Ailleurs dans le monde, mêmes scénarios en Chine, où la triade marxiste-léniniste sévit encore officiellement, 104 morts de plus dans une mine après un joli score de 3 200 en 2008. Dans le Hainan, 3 000 ouvrières à l’usine Triumph ont cessé le travail pour obtenir le maintien de leur prime. Espagne, protestation à Iberia contre le gel des salaires qui a entraîné la suppression de plus de 400 vols. Grève « illégale et excessive », selon les autorités, des dockers du Pirée en Grèce, qui se sont mobilisés contre le casse attendu de leur statut. Il est probable qu’une grève légale et mesurée aurait suffi, mais il y a des excités partout…
Excitation légitime quand on nous annonce encore 4 000 licenciements à Alcatel et 2 500 à AOL dans le monde, 10 000 chez Opel en Allemagne et en Belgique, 330 chez Nokia dans la recherche en Finlande et au Danemark et 540 dans le groupe Time aux États-Unis. Enfin, bagatelle pour un massacre, depuis la fin 2007, les Etats-Unis ont supprimé 7,5 millions d’emplois. Quant à Dubaï, dont on nous rebat les oreilles sur les risques de faillite, rien sur les milliers de travailleurs, aux papiers souvent confisqués, qui vont se retrouver SDF par 50 degrés à l’ombre (voir ici l’article de J.-M. Traimond).
Pour finir, enfin une vérité historique définitivement établie et un joli coup de filet. Selon Le Parisien du 24 novembre – où l’on s’apprête à virer environ 100 personnes –, neuf braqueurs du gang Karl-Marx (sic) de Bobigny ont été écroués. Leurs noms ne sont pas encore connus mais nous ne serions pas étonnés d’y retrouver Dzerjinski, Oulianov, Trotski, Duclos et autres Jules Guesde… La triade chinoise n’a qu’à bien se tenir.