Grève de la faim contre la double peine
Lyon
À Lyon, dix Algériens sont en grève de la faim illimitée depuis le 10 avril. Hébergés au local des JALB [[Jeunes Arabes de Lyon et Banlieue est une association communautaire. Née au milieu des années quatre-vingts, elle n'existe que dans l'agglomération lyonnaise.]], association à l'initiative de cette lutte, ils revendiquent l'abrogation de leur expulsion, leur régularisation et la fin de la double peine [[Un juge qui condamne en pénal un étranger en situation régulière à une peine d'au moins un an de prison ferme peut décider d'y ajouter une peine supplémentaire: l'interdiction du territoire. C'est ce qu'on appelle la double peine, instaurée par Pasqua en 1986. Sur ce sujet, la loi Chevènement ne change rien au dispositif antérieur.]], pratique de «bannissement» dont ils sont victimes.Aujourd'hui âgés de trente-cinq à quarante ans, parents d'enfants français et conjoints de françaises, ils sont tous nés ou arrivés très jeunes en France. Il y a des années, ils ont commis de petits délits. Ayant auparavant négligé de faire valoir leur droit à la nationalité française, toute leur vie s'est alors écroulée. À leur sortie de prison, ils ont dû plonger dans la clandestinité pour éviter une expulsion programmée. Depuis, ils sont sans-papiers.
Ne rentrant évidemment pas dans le cadre des critères de régularisation de la circulaire Chevènement, la lutte reste leur seul espoir. Déterminés, ils estiment ne rien avoir à perdre. Après plus de trois semaines, leur grève de la faim, sans apports en sucres, est entrée dans une phase critique. Ils risquent des séquelles graves et irrémédiables, leur vie même est en danger. Jeudi 30 avril, l'un d'entre eux, trop affaibli, a du être durablement hospitalisé.
Aux demandes de négociations, la préfecture répond par le silence et le mépris. Le 28 avril, Quinqueton, conseiller auprès du cabinet de Chevènement, a confirmé, par téléphone, une vague promesse d'examiner les dossiers au cas par cas contre l'arrêt du mouvement. Les grévistes ont rejeté cette proposition: ils exigent, pour chacun d'entre eux, une carte de résident, titre de séjour de dix ans qu'ils possédaient tous avant leur condamnation.
Déjà significative, plusieurs milliers de signatures sur une pétition envoyée à Jospin, la mobilisation doit encore prendre de l'ampleur. La double peine constitue incontestablement un élément de préférence nationale. Tous nos bons républicains, Chevènement en tête, proclament leur antifascisme mais acceptent sans sourciller cette entorse aux principes d'égalité qu'ils prétendent défendre. Il est vrai qu'ils n'en sont pas à une contradiction près...
Mouloud
groupe Durruti (Lyon)