Les Socialistes sont-ils antifascistes ?
Il convient cependant de se souvenir que le parti socialiste espagnol a soutenu tacitement la dictature de Primo de Rivera, le parti socialiste italien a cohabité avec Mussolini dans les premiers temps, la gauche allemande avait réuni plus de voix que le national-socialisme et n'empêcha pas Hitler de devenir chancelier, enfin que le Font populaire a refusé d'intervenir officiellement contre le fascisme en Espagne.
Qu'en est-il aujourd'hui ?
Les élections régionales ont démontré que les socialistes n'étaient pas prêts à se retirer au profit d'un front républicain et démocratique, qui aurait écarté la menace de l'appoint fasciste. En fait, ils auraient alors gardé en main les atouts qu'ils ont laissé prendre par le FN.
Il faut aussi rappeler que Jean-Pierre Chevènement, marchant sur les traces de son prédécesseur, M. Debré, a répondu qu'il n'était pas question d'interdire les milices fascistes.
Enfin, quand on constate l'absence de réponses aux arguments de l'extrême droite, alors qu'un ancien premier ministre socialiste avait eu la sottise de déclarer qu'elle pose les bonnes questions, quand on s'active à résoudre des problèmes de fond par une nouvelle combinaison électorale, quand on voit le FN poursuivre la tactique habituelle des «faisceaux», qui consiste à encadrer toutes les collectivités scolaires, culturelles, territoriales, professionnelles et militaires de la société, il est plus que temps de s'interroger sur les gesticulations frénétiques et impuissantes. En cherchant à noyer le poisson, le parti de M. Jospin serait-il en train de se noyer
Il y a quelques années, l'historien socialiste Jacques Droz avait émis un commentaire sévère au sujet de l'antifascisme de l'entre-deux guerres : «La réflexion antifasciste semble avoir été incapable de déterminer où s'arrêtait le fascisme et quelle était sa nature» [[Jacques Droz. Histoire de l'antifascisme en Europe 1923-1939. Éd. La Découverte.]]. Il faut souhaiter qu'il n'en sera pas de même aujourd'hui.
Ronald Creagh