éditorial du n°1117
Aujourd'hui, la social-démocratie au pouvoir nous prépare une loi, présentée au conseil des ministres du mercredi 25 mars, visant à endiguer, voire supprimer la misère et l'exclusion. Mais, dans le même temps, elle maintient dans la précarité la plus totale au niveau de leur condition de vie des milliers de travailleurs immigrés sans papier. Les seules perspectives que leur promet notre belle république sont l'expulsion ou au mieux le maintien dans la clandestinité, servant ainsi de main d'œuvre flexible à merci, sans droit ni titre, dans des secteurs tel que le bâtiment ou le textile, et cela au plus grand profit du patronat.
Dernièrement, Tony Blair, le nouveau symbole d'une gauche «républicaine et libérale», affirmait devant les députés français que «la gestion de l'économie n'est ni de droite ni de gauche ; elle est bonne ou mauvaise». Pour une fois, un représentant de gauche a le mérite d'être clair et de lever l'hypocrisie sur la capacité de la gauche à gérer différemment l'économie. En effet cette division politicienne entre la droite et la gauche n'est finalement qu'une illusion masquant l'action de gouvernements gérant, via l'État, les intérêts des mêmes classes dominantes. Lorsque l'économie est bonne pour les patrons, elle est mauvaise pour les travailleurs et quand elle est bonne pour les travailleurs elle devient mauvaise pour les patrons. Quant aux lois cherchant à colmater cet antagonisme d'intérêt, derrière des effets d'annonces et de bons sentiments «humanistes» affichées, elles ne règlent rien aux causes du problème et prennent bien garde de laisser suffisamment d'échappatoires, de possibilités de détournement pour ne pas entraver la bonne marche des profits. Encore une fois, seule la transformation radicale par l'action directe de ce système économique fondé sur l'exploitation et l'inégalité pourra changer notre quotidien.