À nos bons souvenirs
Quatre mois après, le pays commence à rire jaune. 20% du capital de France Télécom vont être côtés en bourse et la marche inéluctable vers la privatisation de l'entreprise qui va nous «aider à aimer l'an 2000» verra sans aucun doute le statut de fonctionnaire fondre comme neige au soleil, insidieusement mais sûrement. Air France n'échappera pas non plus à l'inévitable «privatisation sociale», comme la qualifiait le désormais hors course Christian Blanc, et malgré le camarade sans peur et sans reproches Gayssot qui affirmait qu'il ne serait pas «l'homme de la privatisation» (à relire l'intéressant article du Monde libertaire, du 11 septembre dernier, intitulé : [- art2638]). La compagnie d'assurance GAN semble elle aussi se diriger, encore timidement cependant, vers l'ouverture de son marché. On apprend également, de la bouche du Premier ministre, qui proposait dans son programme électoral la réduction du temps de travail sans perte de salaire, que le passage aux 35 heures payées 39 serait «anti-économique» ! Allègre nous fait constater que les enseignants de l'Éducation nationale sont des flemmards qui s'ignorent puisqu'ils abusent sans vergogne, nous dit-il, des congés maladies et qu'ils confondent la période de formation et la période où les cours sont à assurer. Voynet, pour sa part, après avoir annoncé l'augmentation du prix du gazole pour inciter à l'utilisation de voitures moins polluantes, et donc en conséquence après avoir tâté des menaces des routiers de paralysie du pays, se plie aux exigences économiques plutôt qu'écologiques, avec la hausse prochaine de tous les carburants. Et de tels exemples se ramassent à la pelle...
Comme ils sont beaux les souvenirs encore frais de campagne... avec leur lot d'illusions désillusionnées que la rentrée sociale agitée annonce (deux appels à la grève et à la manifestation sont à ce jour lancés avec la journée d'action des employés de France Télécom le 30 septembre et celle des employés de la SNCF le 8 octobre) ! À votre avis, quelle tendance politique, des communistes ou des écologistes, se sentira la première engourdie, dans ses dires et ses actions à mener, par le pouvoir et son dur exercice ? Quoi qu'il en soit, et quel qu'amusant puisse être ce petit jeu de devinettes, la réalité politique, économique et sociale actuelle nous fait une fois de plus prendre conscience de la nécessité de s'exprimer dans la rue, et non dans les urnes. Elle nous aide également à dénoncer de nouveau le pouvoir politique, sur son strapontin, qui n'est recherché que par des marionnettes aux allégeances de l'économie capitaliste. De tout cela, nous en avons toujours été fermement convaincus.
@nne