« Les Français de la débâcle : juin-septembre 1940, un si bel été »

Qu'il s'agisse du camp de concentration « ordinaire » de Drancy ¹, de la police vichyste ², des juifs dans la collaboration, des bavures policières ³ ou, aujourd'hui de la débâcle de 1940, Maurice Rajsfus garde le même objectif : rétablir des faits et retrouver les éléments historiques d'une mémoire collective manipulée et occultée. Son travail d'investigation, à la fois de journaliste et d'historien, est toujours engagé. Sa dénonciation de la manipulation de la mémoire et de la récupération de l'histoire est toujours aussi virulente. Jeune témoin de cette période mouvementée de la Seconde Guerre mondiale, Maurice Rajsfus s'attache à analyser une réalité sans cesse reconstruite et sublimée depuis.

« Tous résistants », voilà qui faisait vibrer les fibres patriotiques et, surtout, masquait une réalité souvent peu glorieuse et même crapuleuse. S'identifier au héros ou à l'héroïne qui avait risqué sa vie pour résister a permis de passer à la trappe des attitudes souvent ambigües. Il est plus confortable de se réclamer d'une résistance de la première heure à l'occupant ou à ses valets que d'avouer sa lâcheté ou encore un ralliement de la dernière heure.

Quelle a été la dimension humaine de la débâcle de 1940 ? Quels sont les décrets qui ont annoncé Vichy bien avant 1940 ? À ces questions, Les Français de la débâcle apporte des éléments de réflexion sur la collaboration à un régime autoritaire et raciste. Le racisme se reproduit sous d'autres formes et son acceptation est aussi lourde de conséquences. Combien ont dénoncé les lois Debré et les ont combattues ? Les Français de la débâcle, un texte qui apprend la vigilance.

C.P.

 

 

 

¹. Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944.
². La police de Vichy, les forces de l'ordre françaises au service de la Gestapo, 1940-1944.
³. La police hors la loi, des milliers de bavures sans ordonnance depuis 1968.