Bavure à tous les niveaux
Chronique des bas-fonds
Le 3 avril 1986, un policier du commissariat de Montgeron se rendait coupable de vol qualifié dans une fourrière. Dès le lendemain, c'est ce que nous rapportait Le Monde du 7 avril 1986, Robert Pandraud, ministre délégué chargé de la Sécurité se faisait menaçant en déclarant : «La probité est la première règle de la notion de service public... Je serais impitoyable à l'égard de ceux qui, en quelque endroit qu'ils se trouvent, contreviendront à la probité qui doit être la règle absolue de la police».Dans ce même numéro du Monde, Jacques Chirac lui-même, tout nouvellement nommé premier ministre, ne déclarait-il pas le 21 mars 1986, au lendemain d'un attentat sur les Champs-Élysées : «Le gouvernement est prêt à couvrir la police si par malheur un accident arrivait».
Des accidents ne manquèrent pas d'arriver et les gouvernements successifs ont eu tout le loisir de couvrir...
Pourtant, à la lecture du Monde du 20 mars 1995, on rappelait qu'à la date du 17 mars à Créteil, l'ancien ministre de la Sécurité Robert Pandraud, était mis en examen pour «complicité de recel de biens sociaux» pour avoir «bénéficié d'un collaborateur qui n'était pas payé par lui» mais par une filiale de la Lyonnaise des Eaux. Ce collaborateur n'était autre que l'ancien secrétaire général du SIPN.
Le Canard enchaîné du 13 août 1986 déclarait avec un certain humour grinçant mais très justement : «Chacun sait que ce n'est pas la bavure qui déshonore la police mais le fait d'en parler. Nul citoyen n'ignore que ce n'est pas l'action de tirer dans le dos d'un motard ou d'un conducteur de 2 CV qui constitue un "mépris des règles du droit" mais la désagréable habitude d'en faire état, en "un véritable procès public". Tout cela ne regarde pas le public... Quand Pasqua dérape, il ne met pas le pied au milieu de la flaque !»
Pandraud a fini par mouiller ses grolles dans sa propre bavure...
Allez, à la semaine prochaine puisque la bave coule toujours. Jusque là, gaffe où vous mettez les pieds.