« Orwell devant ses calomniateurs : quelques observations »
Cette fameuse liste n'est pas une découverte puisqu'elle figure dans la biographie de B. Crick Georges Orwell, une vie, Balland, 1982) et il suffit ensuite de lire tout simplement la lettre d'Orwell à Celia Kirwan pour démonter cette « orwellerie » en quelque sorte : Orwell, malade, a reçu au sanatorium la visite d'une amie proche, la belle-sœur d'Arthur Koestler, lui-même ami très proche d'Orwell. À cette amie qui lui parlait de ses activités dans le cadre de la lutte menée par le gouvernement travailliste de l'époque contre la propagande stalinienne, il a indiqué les noms de gens dignes de confiance pour participer d'une façon ou d'une autre à une telle campagne. Revenant là-dessus dans sa lettre, il lui mentionne également l'existence d'un carnet où il a noté le nom de journalistes et d'écrivains dont il faut au contraire, selon lui, se défier parce qu'ils soutiennent plus ou moins ouvertement la politique de Staline.
Orwell n'a donc rien « proposé » au Foreign Office pas plus qu'il n'a adressé quoi que ce soit à l'Information research department, et il n'a jamais dénoncé personne. Et les mêmes de poursuivre… « […] voici en dernier ressort ce que prétend révéler ce petit roman d'espionnage : Orwell était bien un antistalinien ! »
Décidément Big Brother a encore de beaux jours devant lui : « Le plus effrayant dans le totalitarisme n'est pas qu'il commette des "atrocités" mais qu'il détruise la notion même de réalité objective ; il prétend contrôler le passé aussi bien que l'avenir. » (Orwell, Tribune, 4 février 1944).