éditorial du n°3
Il ne s'agissait rien moins que d'éplucher l'opportunité d'un ministère chargé des affaires courantes (sic) de la jeunesse. Prise de conscience, efficacité, problèmes, tout le vocabulaire planifié fleurit une nouvelle fois : mais de quels problèmes s'agit-il ? En effet, c'est bien là qu'il s'en pose un !
Existe-t-il une différence entre le gosse gobant Ernest Lavisse et son aîné crevant pour l'avoir appliqué ? L'adolescent écrasé par la hiérarchie de l'ancienneté subit-il un sort pis que celui de l'homme mûr en lutte avec les bien-nés ?
Dans les domaines de l'esprit, le brassage des idées contribue à l'humanisme ; dans la vie sociale, au sens matériel du terme, un égal brassage de forces, de batailles de chaque jour, intégre jeunes et vieux, jusqu'à ce que l'« opération bascule » assure un renouvellement des effectifs. Et c'est un immense travail au corps que livre l'homme de toutes conditions contre une quelconque opopression, de la pudibonderie à fleurs de lys jusqu'à l'esclavage économique rouge ou étoilé ; le but de cette bataille, c'est la réalisation de l'homme dans un état maximum de liberté, plus fort que notre expression libertaire peut-être : l'Indépendance.
Cloportes de l'embrigadement juvénile, généraux du loisir dirigé et populaire - ou art d'accommoder les restes - commissaires des kolkhoses du dimanche, nous voyons déjà votre longue théorie devant l'étal de la fromagerie Marianne ; que Mendès-France en ouvre vite les portes, et allez vite rejoindre vos aïnés dans le genre, du burgrave de Kniebis aux liqueurs de l'Enseignements et des fuites. Là, repus de votre désir de direction, vous pérorez peut-être cette supériorité de l'imbécile à qui échoit une parcelle de l'autorité : vos actes inutiles sauteront aux yeux des dupes encore pleines d'espoir : votre jeunesse comprendra qu'il lui vaut mieux jouer des coudes, et qu'une bureaucratisation de plus ne peut guère la servir.
Le ML