La Poste, mieux que EDF et Gaz de France ?
mis en ligne le 15 octobre 2009
« Il n’y aura pas de privatisation d’EDF et de Gaz de France, c’est clair, c’est simple et c’est net ! » (6 avril 2004 à Chinon, Indre-et-Loire), « EDF-GDF ne sera pas privatisée, ni aujourd’hui ni demain, pour une raison simple : le gouvernement de la France veut que l’état conserve la majorité du capital de cette grande entreprise »… On pourrait rallonger sans peine les promesses de Sarkozy éternel candidat/président, c’est le métier de politicien de promettre la lune !On rappellera aux lectrices et lecteurs du Monde libertaire qu’aujourd’hui, l’État ne détient plus que 35 % de GDF, devenu une entreprise privée comme les autres.
Aujourd’hui, on nous repasse le même plat, les mêmes discours sur La Poste. Souvenons-nous que pour EDF-GDF, la résistance syndicale à la privatisation avait tergiversé entre les intérêts « pragmatiques » des diverses boutiques syndicales représentatives 1. C’est pourquoi l’initiative du samedi 3 octobre apportait une brise de fraîcheur. Oh, bien sûr dans le Landerneau libertaire, les avis divergeaient, mais (à mon avis) sans acrimonie.
« Pourquoi ne pas dire non » semblait même prendre le dessus sur « jamais un bulletin dans une urne 2. »
Le résultat a été probant et le lundi suivant, des quotidiens pouvaient pavoiser sur le succès de la « votation, arme citoyenne ». Reste à savoir, le moment d’euphorie passé, comment et sous quelle forme va perdurer cette mobilisation. Notons tout d’abord que dans les 60 organisations politiques, syndicales et associatives qui composent le Comité national contre la privatisation de La Poste, celles et ceux qui travaillent ne sont pas mis en avant. Les organisations syndicales auraient dû être le fer de lance, l’élément moteur de ce combat et ne pas se contenter d’un second rôle, d’apporter leur pierre à l’édifice 3. élargir le mouvement, certes, mais servir de tremplin à autre chose pose le problème.
Des observateurs zélés de la scène politique (avant que l’ouragan Frédéric Mitterrand n’arrive !) déclaraient à l’envi que tout ça allait requinquer la gauche française. D’autres voix érudites parlaient même d’« un levier pour l’opposition », ou même déclaraient la gauche « interpellée par le succès de la votation », ou annonçaient que « La Poste redynamise le clivage gauche-droite ».
Certes, ça sème le désarroi dans le camp gouvernemental, mais le but est de s’opposer à la privatisation d’un service public. Pas de redorer le blason du Parti socialiste ou de remonter les ruines du Colonel-Fabien, sans parler des autres.
Mais le mouvement syndical, empêtré dans ses contradictions, ne semble pas au top pour s’opposer à la privatisation de La Poste. Un référendum pour maintenir un service public ? On peut douter et rester dubitatif.
1. Avec toujours en toile de fond l’histoire/légende pomme de discorde de la représentativité syndicale. Ah, unité syndicale, fais-tu partie désormais des chimères du temps passé ?
2. Nombre d’anarchosyndicalistes votent dans leur syndicat. Pour les prud’hommes, disons que ça fait débat…, tout comme le cas présent et d’autres.
3. Il y a certes eu des débats au niveau syndical, il faudra y revenir. En tout cas on peut être sûr que l’absence de la CFDT dans le Comité n’est dû ni à une crise d’ouvriérisme ni à un retour au concept d’autonomie ouvrière.