éditorial du n°1376
Le grand homme avait le pouvoir. Le grand homme avait l'argent - ce qui n'est pas sans poser de problèmes successoraux... Le grand homme était la Cause, il était l'Idée, il était la Palestine. Et couic, le voilà mort.
Arafat était le fils de la diplomatie délicate des temps de la guerre froide. Il est parvenu à imposer son autorité en incarnant le point d'équilibre des factions palestiniennes. Et ce pouvoir une fois constitué est devenu personnel (« Qui t'a fait roi ? - Qui t'a fait baron ? », échange bien connu depuis Jules jusqu'à Tito...). Ce genre de pourrissement - si tant est qu'il y ait eu du bon au début - ne vaut rien pour les peuples. Le raïs vieillissant s'accroche au pouvoir de toutes ses griffes... et tant pis si les problèmes terribles ne sont jamais réglés !
Bien malin qui pourra dire l'avenir dans la région. Entre les arrivistes pressés de signer le premier accord, même très défavorable, avec Israël, et les fondamentalistes religieux, le grand écart sera périlleux. Chacun défendra ses intérêts de faction, intérêts de pouvoir ou d'argent.
Mais ces temps incertains pourraient être féconds. Le peuple de Palestine a l'occasion de jouer une carte : celle du fédéralisme, celle des conseils indépendants des groupes politiciens ou militaires, pour faire entendre ses aspirations à la paix, et le prix qu'il entend payer pour cela. Ce qui implique un bouleversement des équilibres dans le camp palestinien, et de rudes tensions. Voudra-t-il se donner ce moyen, ou préfèrera-t-il se choisir une nouvelle idole ?