éditorial du n°1374
Ceux qui auront réussi à passer à travers la trémie se verront octroyer le droit d'aller manipuler des matériaux radioactifs dans les usines vétustes du groupe AFE. Lorsqu'ils développeront leur leucémie ou autre cancer, ils seront déjà expulsés depuis longtemps, ce qui aura pour avantage de ne pas les comptabiliser dans les statistiques des personnes contaminées. L'humiliation devrait pourtant s'arrêter devant ces femmes des industries avec leurs doigts bouffés aux acides et leurs poumons en rade. Comme le disait Ferré dans les années 70...
Contaminée, l'école l'est assurément par la convention liant, depuis peu, le monde enseignant et celui, peu recommandable, de la police. Non contents d'être chargés de « sécuriser (sic) les abords des collèges et lycées », les flics passeront dans les classes faire de la prévention (re-sic). C'est peu dire qu'un tabou est ici brisé, comme disent les journalistes. Sous prétexte de vérifier que cordes-à-sauter et scoubidous sont bien aux normes, c'est leur présence que les bleus imposeront aux enfants. Ils s'y feront, ils devront s'y faire, on fera en sorte qu'ils s'y fassent. L'école n'est après tout que notre premier encasernement, censé nous préparer aux autres. À ce jour, nous attendons toujours une réaction, même symbolique, des syndicats de l'enseignement. On peut toujours attendre.