Sois sage, oh, ma douleur !
Certes, la situation a changé depuis l'après 68. Le paysage syndical s'est recentré, voire pire encore... Des alternatives syndicales sont apparues comme SUD ou la CNT. Ce qui nous apparaissait hier comme irréalisable est aujourd'hui largement cité, commenté dans les médias. Il n'en reste pas moins que le problème de fond reste le même : où faut-il militer pour avoir de l'influence sur le monde du travail ?
En 1976, l'Alliance syndicaliste écrivait « actuellement, nous pensons qu'il faut être là où les travailleurs sont organisés ». Être, au plan syndical, dans une structure regroupant la majorité des salariés d'une entreprise ou d'une localité pour favoriser une organisation plus combative a toujours été un choix cornélien.
L'histoire du mouvement ouvrier, français et international, a toujours oscillé entre les deux positions[[Souvent à son détriment, quand la CGT SR fut créée en 1926, elle n'entraîna pas l'adhésion unanime de la militance syndicaliste révolutionnaire ou anarcho-syndicaliste. Près d'un demi-millier d'adhérents au début des années trente pouvait faire titrer au Libertaire : « CGT SR égale CGT sans rien ».]]. Si l'on regarde avec objectivité les derniers événements sociaux de notre Hexagone, le poids dans la balance vient encore, que cela plaise ou non, des centrales dites représentatives. Alors, SUD ou CNT ne servent-ils que de faire-valoir aux diverses oppositions confédérales ? Nous n'en sommes pas à attendre que des pans entiers du mouvement social rentrent dans la dissidence. À chacun, à chacune son libre choix de militer syndicalement où il veut, sans exclusivité de boutique, qu'elle soit petite ou grande. Au lieu d'incantations partisanes, de la réflexion et de l'action, dans l'unité !