éditorial du n° 1359
Combien sommes-nous à avoir rejoint le mouvement libertaire par dégoût de l'armée et des ses zélotes ? Souvenons-nous qu'un an de service c'était pas seulement chiant. Ce que l'armée américaine commet actuellement en Irak, loin de nous surprendre, nous ramène à de bien tristes réalités. C'est bien le rôle de l'armée, de toutes les armées du monde, que de servir de trique à l'État. Le culte de la force, l'enivrante odeur de la poudre, les rangers crottées et la fraternité de chambrées après quatre ou cinq bières, la Convention de Genève, voilà la grandeur des âmes. Les guerres doivent être propres, aseptisées et surtout montrables. Il en va du droit à l'image et de ses retombées financières. Mais l'autre grande différence entre les guerres d'après guerre des années cinquante et aujourd'hui, c'est que la torture s'affiche dans le poste à vingt heures et les responsables sont contraints de le reconnaître. Loin de se commettre dans des villas discrètes, ce sont dorénavant sous les objectifs et les lampions de correspondants de guerre que s'opèrent les humiliations, les viols, les dégradations, que se donnent les coups, tout ce qu'un militaire ne peut s'empêcher de faire. On connaît ces formes de totalitarisme. On appelait ça le fascisme. Et alors ? Ce sont bien quelques vagues sentiments de honte et de culpabilité entre les résultats du Kéno et la soirée Spécial Police. Les responsables restent en place, les lampistes sont sanctionnés, l'approvisionnement en pétrole des Occidentaux est sauf, l'autorité rétablie et Bush peut aller prier pour sa future réélection. Qu'il en profite...