Le Sens des mots

Un journaliste qui sollicite par avance le pardon des compagnons libertaires est assez rare pour être passé sous silence. Cela s'est pourtant déroulé le 11 mars dernier sur les ondes de France Culture. Lors de sa revue de presse internationale quotidienne, le journaliste Marc Kravetz a, en effet, introduit de la sorte son commentaire du Jerusalem Post (hebdo palestinien en langue anglaise) dont un des articles titrait, à propos du conflit israélo-palestinien : « L'anarchie, un couteau à deux lames ».

Il faut préciser que ce Kravetz-là est l'auteur d'un livre récent d'entretiens avec le poète Armand Gatti. Il n'empêche, son attitude, respectueuse de la déontologiede sa profession, est suffisamment exceptionnelle, en ces temps de conformité ambiante, d'abus sémantiques généralisés et de manipulations en tous genres, pour ne pas être relevée.

Nous ne connaissons que trop l'usage systématiquement galvaudé qui est fait du mot « anarchie » : les pages des journaux en sont remplies. De même avec le mot voisin de « libertaire » : un paravent aujourd'hui bien utile à certains pour dissimuler leur vraie nature de... libéraux.

Alors, l'attitude de ce chroniqueur pourra paraître dérisoire : elle l'est sans doute, mais elle réchauffe notre « cœur » parfois solitaire et nous rappelle que les journalistes ne sont pas tous aux ordres.

Bernard Hennequin