éditorial du n° 1337
En attendant, ce que l'on qualifie de « chaos de l'après guerre », n'est rien d'autre qu'une guerre qui se poursuit et s'intensifie. Les Américains durcissent leurs actions militaires et recommencent à larguer des bombes, les attentats contre les forces d'occupation se multipliant. Conséquence : des morts, toujours plus de morts. Les Italiens, dans cette guerre, ont pour le moment les plus grosses pertes humaines depuis la seconde guerre mondiale. Qu'à cela ne tienne, Berlusconi réaffirme que ses troupes resteront et « qu'aucune intimidation ne changera notre volonté d'aider ce pays à construire un gouvernement, la sécurité et la liberté ». Pas de doute qu'en Italie la population, descendue massivement dans la rue contre la guerre, apprécie ces propos.
Quand aux pertes parmi la population civile irakienne, on évite d'en parler.
Villepin, lui, culpabilisant peut-être de ne pas avoir participé à la lutte contre l'axe du mal, se rattrape en proposant pour l'après guerre ses services pour former les policiers et les militaires irakiens. Pour lui, la priorité dans un pays sortant d'une guerre n'est pas la reconstruction des habitations, des écoles, etc. et le bien être de la population mais l'assurance de la mise en place du contrôle des individus. Le cynisme nous pousserait à affirmer que cette offensive du Quai d'Orsay n'est là que pour assurer quelques contrats juteux aux capitalos français en Irak, juste au moment où quelques brèches apparaissent dans la politique américaine. Et hélas le cynisme se confond trop à la réalité.
Compte tenu du calendrier serré - les États-Unis ont prévu d'être dégagés de l'administration irakienne en juin 2004 - et de la promesse faite par Bush de rester sur le terrain jusqu'à obtenir « un Irak libre et pacifique », nul doute qu'il n'hésitera pas à opter pour le durcissement de la logique guerrière meurtrière, prêt à tout pour son maintien au pouvoir.