Contre les expulsions de Roms de Montreuil et d'ailleurs
réagissons !
Le squat du 47, rue Paul-Doumer ne fait pas exception à la règle. La fin de la trêve hivernale, fixée au 15 mars, représente une lourde menace pour la quarantaine de familles roms, dont une dizaine de femmes enceintes et une vingtaine d'enfants de moins de six ans, qui occupent les lieux depuis septembre 2001.En un an et demi, la situation de ces personnes s'est totalement transformée : la cour, véritable cloaque, a été remblayée de graviers par la mairie, des toilettes ont été installées, les personnes se sont vu ouvrir des droits à l'aide médicale d'État, les enfants sont scolarisés depuis bientôt un an à l'école primaire. Des enfants et des adultes souffrant de maladies graves ont enfin été pris en charge médicalement et, dernière victoire en date, les pré-adolescents ont maintenant le droit de fréquenter le collège, après un an de démarches à l'Inspection académique.
Une nouvelle expulsion, après bien d'autres, réduirait à néant tous ces efforts. Pour autant, cette situation n'est pas acceptable. Or il faut se persuader que les Roms ne retourneront à aucun prix en Roumanie et que, si on les y force, ils seront à nouveau amenés à prendre la route de l'exil, comme l'ont démontré toutes les expulsions qui ont eu lieu ces dix dernières années. Tous les rapports européens concluent à des discriminations fortes en Roumanie sur les populations roms : discriminations à l'emploi, à l'accès au travail, aux soins et à l'école. Dans ce contexte violent et xénophobe, les Roms s'exilent depuis la chute du régime Ceaucescu et se heurtent en Europe, et plus particulièrement en France, à des conditions d'accueil là aussi très discriminatoires : les expulsions incessantes, la non-ouverture de droits à l'AME, le refus par les municipalités de scolariser les enfants, qui provoquent un stress et développent des pathologies qui ont pour effet de quintupler la mortalité infantile et de réduire la durée de vie à 60 ans…
Depuis plus d'un an, la Ddass et la préfecture, via l'association Emmaüs alternatives, ont tenté de garantir les droits fondamentaux des personnes, quelles que soient leurs origines. Cependant, les démarches de demande d'asile territorial ont toutes échoué, et la plupart des familles se retrouvent dans des situations administratives qui les rejettent dans l'illégalité. Seule une politique d'accueil est à même de régler le problème de l'immigration clandestine. Les expulsions n'ont jamais endigué ni stoppé cette immigration. Elles n'ont fait qu'aggraver les conditions de vie des personnes. Or il est inconcevable de s'acharner de la sorte sur des citoyens roumains, qui deviendront des citoyens européens à l'aube de 2007… c'est-à-dire dans quatre ans. Ce qui sera possible de faire dans quatre ans, justifie-t-il qu'on expulse de force des personnes qui ont pour la plupart plusieurs années d'ancienneté sur le territoire français ? D'autant que de l'aveu même d'une ONG roumaine, missionnée par Sarkozy, les autorités roumaines ne sont pas à même de garantir la sécurité, l'intégrité et l'égalité des Roms, aussi citoyens roumains.
La fête de solidarité organisée par les Roms et le Collectif de soutien de Montreuil, le 8 février dernier, a rassemblé plus de huit cents personnes venues exprimer leur sympathie et leur refus de criminaliser une population dans le dénuement et la précarité la plus absolue. C'est un début de mobilisation que nous devons amplifier afin d'alerter les pouvoirs publics sur leurs responsabilités, en opposant à la répression et au tout-sécuritaire, la détermination des actions solidaires et justes.
L'urgence sociale est absolue : réaffirmons les droits fondamentaux et empêchons l'irréparable de se produire ! Nous vous attendons nombreux !
Les Roms de Montreuil et le Collectif de soutien