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Nouvelles internationales
par Anton Tsak le 17 janvier 2023

Message d’ Anton Tsak, solidaire de la lutte des ukrainiens, anarchiste en guerre.

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Un article écrit par un camarade francophone, qui est parti en Ukraine au début de la guerre pour donner un coup de main avec operation solidarity puis solidarity collectives.



Salut camarades,

Je vais essayer de vous présenter ce qui se pense en Ukraine en ce moment. Comme certain·es d’entre vous le savent, ici, la Russie de Poutine a lancé une invasion totale en février dernier, certain·es sauront aussi que déjà en 2014, une annexion avait eu lieu de régions a l’est de l‘Ukraine par cette même Russie.

Ce qui se sait plus rarement, c’est le fait qu’un mouvement libertaire existe en Ukraine, et qu’après 2014, ou la société ukrainienne avait fait le choix de s’approcher de l’Europe, et donc de s’éloigner de la Russie, suite aux évènements connus sous le nom d’ euro-maïdan. Dans le mouvement anti-autoritaire se discutait les différentes manières de réagir, face a une invasion qui allait arriver, un jour ou l’autre. Et qui finalement commença ce 24 février 2022.
Les idées pacifistes de plusieurs anarchistes ici (lien en anglais), se confrontèrent avec le temps a la réalité de ce qu’est une invasion totale, un désir de destruction si puissant, qu’il transformerait tout imaginaire de survie, si ce n’est par le combat. Comment alors, penser l’anarchie, la société, le peuple, la nation, l’État ? Quelle place prendraient les camarades dans ces combats ? Différentes idées émergèrent, liées à différents scénarios, défaite de l’armée ukrainienne ou alors guerre de front.

Des entraînements eurent lieu ces dernières années, pour pouvoir participer comme partisans, donc en cas de défaite de l’armée ukrainienne, dans un pays sous occupation. D’autres se préparaient, ou avaient déjà joint les rangs de l’armée. Il n’y pas eu de décision unanime, mais des discussions et des désaccords. On ne choisit pas toujours le terrain du combat, et l’armée Russe est celle qui propose la guerre d’artillerie. Guerre de frontière donc, vu que l’invasion totale a échoué.
Invasion repoussée grâce à la résistance active de toute la population, on se souvient des pluies de cocktails molotovs, dont la recette avait été donnée directement par les médias, ainsi que des manuels pour protéger les quartiers. Ainsi que des formations locales de l’armée, de quartiers, ou villages, constituées de civils et qui avaient été créées pour cette occasion quelques années auparavant. On se souvient des manifestations dans les territoires où passaient l’armée russe, qui continuaient, malgré les tirs, situations désespérées, et d’humains utilisant leur dernier outil pour se battre, leur corps.

Aujourd’hui il est tard et le passé ne sera jamais autre, sauf s’il se trouve réécrit, par des mains soigneuses de cacher la cruauté, souvenons-nous de Boucha et Irpin, les ordres donnés pour choquer et provoquer la phobie. Mais les ukrainien·nes n’ont pas couru devant la phobie. En sont sorti·es grandi·es, contre toute attente, et accompagné·es de cette pensée : plus jamais ça. Nous devons faire comprendre aux Russes, plus jamais ça.

J’écris ces lignes au lendemain du bombardement qui a détruit samedi un immeuble à Dnipro, dans l’est qui a fait au moins 35 morts, dont deux enfants, et des dizaines de blessés, Trente-neuf personnes ont été sauvées, 75 ont été blessées et le sort de 35 autres habitants de l’immeuble est inconnu pour l’instant. Plus jamais ça.

Effectivement de nombreux Russes se jettent dans la guerre, obéissent aux ordres, menacent toute vie face à eux. Effectivement, pour l’instant nous n’attendons de nulle part d’autre que de nos propres forces, avec celle de nos alliés, pour en finir de cette barbarie. Si la Russie envahit l’Ukraine, si nous arrêtons de tuer ces hordes de soldats Russes. Alors, ces mêmes Russes tueront tous les soldats ainsi que tous les militants politiques en Ukraine.

“On demande aux Russes « comment est-il possible » après trois décennies de politique impériale de la Fédération de Russie (et avant cela de l’URSS et de l’Empire russe) que les soldats du nouvel empire marchent dans les pays voisins pour conquérir de nouveaux territoires et asservir de nouveaux peuples ? Comment est-il possible que pendant une guerre sanglante, vous vous souciiez plus de la fermeture de McDonald’s que de la santé et de la sécurité de vos voisins ? Comment est-il possible que les Russes parlent au monde entier du régime sanglant de Poutine, mais que beaucoup dans toute leur vie n’ont jamais essayé de combattre le régime ? Comment est-il possible que dans un pays de 144 millions d’habitants, seulement quelques dizaines de milliers (au mieux) sortent pour protester ?” (lien en anglais)

Aussi en Russie, se trouve des saboteurs·euses, qui avaient et ont conscience de ce qui se passe, ils/elles se trouvent soutenues par le groupe BOAK, et ces camarades bien que ne pouvant pas par eux même arrêter la machine de guerre russe, font leur part de ce combat que nous menons. Nous saluons leur travail.




Nous pensons bien sûr aussi à nos camarades au Biélarus, et sommes heureux d’entendre les nouvelles de sabotages et de refus de se battre. Bien sur les prisons sont tristement remplies de militant·es, et nous souhaiterions pouvoir aider à la libération, qui sait, peut-être en aurons nous l’occasion.

On trouve dans le passé des inspirations : Makhno, Taratuta, Nikiforova, tant d’histoires d’illustres combattant·es, mort·es aux combats, ou exilé·es. Très souvent sont oubliés les sans nom, tous ces militants anonymes, et sont créés des mythes, comme l’histoire de ce drapeau qui est aujourd’hui brandi comme étant celui des makhnovistes qui ne l’était sûrement pas (lien en anglais). Mais celui d’un groupe nationaliste ukrainien, avec qui avait eu lieu des coopérations stratégiques en temps de guerre. Oui l’histoire a l’air de se répéter, quand on souhaite simplifier ce qui se passe autour de nous. Mais l’Histoire ne se répète pas. Et pour l’instant participer dans les rangs de l’armée régulière est notre meilleure option. Comme anarchistes, soutenir une société dont nous faisons partie, de la manière la plus efficace est notre seul souci aujourd’hui. En nous battant contre la nation russe, aujourd’hui, nous pensons effectivement amener plus de liberté dans la région. Ensemble avec nos camarades de Russie et du Bielarus, Nous chercherons comment effectivement enterrer le nationalisme - impérialisme russe. La victoire des Ukrainien·nes est une des étapes nécessaires à cette utopie.

Nous ne sommes pas prêts à venir nous exiler encore par chez vous. Qui sait, mais nous ne le souhaitons pas. Ce que nous souhaitons, c’est la victoire totale sur l’armée russe. La chute de l’empire, mais cette fois ci, il faudra achever le pouvoir, et questionner la culture même.

Si vous souhaitez venir aider ici, il y plusieurs possibilités, libre à vous de joindre la légion étrangère de l’armée Ukrainienne, si vous avez déjà une expérience de combat. En tant que volontaire Il existe des possibilités d’aider au front, sans s’inscrire dans les rangs de l’armée. Ou si vous souhaitez amener de l’aide humanitaire, pour connaître les besoin et possibilités. Entrer en communication peut se faire par un simple mail à solidarity collectives.

Nous entendons que certain·es ne veulent pas que des armes soient envoyées en Ukraine, Cette pensée réside dans le luxe d’une pensée européenne, où, oui depuis 70 ans des pays qui se faisaient la guerre depuis des siècles, ont compris qu’ils finiraient par s’anéantir s’ils continuaient. Seulement, aujourd’hui est rappelé aux oreilles frêles de générations n’ayant pas connu la guerre, que celle-ci ne les a pas oubliées. Et qu’elle gronde plus proche que ce que les dirigeants voulaient bien faire croire. La diplomatie et la menace n’ont pas eu de prise. Et vos appels à la paix devront prendre en compte les premier·ères concernées.

Le bluff de Poutine quand à l’utilisation d’armes nucléaires ne prend plus. Et l’armée russe est en mauvaise posture. Mais la guerre sera sûrement encore longue, hélas. Et nous perdrons sûrement d’autres camarades.

L’internationalisme aujourd’hui, le soutien que l’on peut attendre de nos camarades, nous l’avons vu et bien compris, par les sommes envoyées pour l’équipement des camarades anti-autoritaire. Les dépenses sont constantes, les voitures sont détruites, et nous cherchons des idées sur le long terme. Nous espérons pouvoir contribuer de notre expérience en retour, avec les camarades du monde entier.

Je souhaiterais ici, envoyer une pensée solidaire, aux iranien·nes, qui sont sur la voie de se libérer de leurs tyrans. Rappeler que certainement, des milliers de morts sont encore à venir, que le prix sera trop élevé, pour ne jamais l’oublier. Je nous souhaite de vivre la fin de Khomeini, et du système qu’il représente. Et vous souhaite courage et persévérance.

Mes pensées vont vers nos camarades en Syrie et au Kurdistan qui payent encore le prix de la liberté, après plus de 50 ans de luttes contemporaines. Nous ne perdons pas de vue le combat que vous menez. Et vous nous trouverez toujours à vos côtés en pensées ou en présence.

Nous ferons de notre mieux, pour rappeler aux ukrainien·nes, la solidarité qui a été démontrée ces derniers mois, et pour soutenir l’opinion, que lorsqu’on en aura l’occasion, nous pourrons rendre la pareille. Pour l’instant nous avons besoin de vous, et nous ne craignons rien si ce n’est l’oubli.

Solidairement,
Anton_Tsak,
16.01.3023 – Harkiv


Pour une carte interactive du front
vous trouverez ici des interviews de camarades sur le front, avec sous titres en français.


PAR : Anton Tsak
anarchiste en guerre en Ukraine
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