Que les églises se vident, voilà qui n’est pas pour déplaire à tout anarchiste qui se respecte. Mais la hiérarchie catholique, elle, cherche à enrayer cette tendance lourde par tous les moyens imaginables.
C’est ainsi que, le 5 septembre dernier, la cathédrale de Metz a accueilli 700 personnes pour la présentation des Dragonnes, les joueuses du Metz Handball, sous la forme bien peu religieuse d’un défilé de mode, en short et maillot (jaune) de l’équipe dans un premier temps, en tenue de soirée pour finir.
Concordat oblige, aux côtés des puissances d’argent qui financent le club, la classe politique locale avait honoré l’événement de sa présence et faisait assaut de bondieuserie : « Que la lanterne du bon Dieu éclaire votre chemin vers les sommets », s’est exclamé Patrick Weiten, le président du conseil départemental de Moselle, visiblement touché par la grâce. Le chanoine coûtre [note] de la cathédrale, l’abbé Dominique Thiry, pour sa part, félicitait le club sportif pour son « audace » d’avoir sollicité le diocèse pour cet événement.

Réquisitionner les lieux religieux pour les rendre utiles à tous, qu’ils accueillent des défilés de mode, cela s’est déjà fait ailleurs, cela n’a rien de choquant en soi, et c’est encore mieux si, au préalable, on a pendu le curé des lieux avec les tripes des politiciens du coin...
Sauf que Metz est un repère de cathos traditionalistes, que Civitas y a des militants, et que tout ce petit monde ne comptait pas laisser impuni l’affront fait à leur sainte mère l’Église par des mécréants.
C’est ainsi qu’une foule immense de sept fidèles a investi le 17 septembre les marches de l’autel du lieu naguère profané, qu’elle a aspergé le sol d’eau bénite (absente des bénitiers depuis la crise sanitaire, un comble...) exorcisé les lieux, et que des prières de réparation ont été ânonnées pour demander le pardon divin après le défilé de sportives à moitié nues (en catho, ça veut dire « en short ») auprès de l’autel. La plus illuminée de ces drôles de paroissiens n’était autre que Cassandre Fristot, déjà connue à Metz pour avoir brandi une pancarte antisémite lors d’une manifestation contre le pass sanitaire en 2021.

Pour info, le président du club de handball, Monsieur Weizman, serait israélite, déicide par conséquent. Ce qui fait écrire à Jules Putois, le bien nommé : « Pourquoi n’a-t-il pas choisi la synagogue de Metz pour organiser la soirée e(n l’honneur de l’équipe de handball ? » [ici] Parce qu’il y a un complot judéo-maçonnique, tout s’éclaire...
Tout ce pitoyable folklore s’est terminé, à la demande du chanoine, par une intervention des pandores, qui savaient à quel saint se vouer...


Depuis, les tradis se retrouvent le mercredi soir Place Saint-Jacques pour des prières de rue devant la statue de la vierge libératrice de la bonne ville de Metz. Les Zemmour et Le Pen ne s’en émeuvent guère.
Tant que les inégalités de toutes sortes continueront à s’aggraver, les obscurantistes prospéreront. Et même si des querelles intestines semblent miner les hiérarchies religieuses, elles savent toujours trouver des terrains d’entente pour exercer leur domination sur les consciences et sur les corps.

Didier, La Sociale, Rennes