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par Gabrielle Negrel • le 3 novembre 2018
Marseille, un mur de la honte au cœur de la ville !
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Alerté par des copains anars du quartier de La Plaine à Marseille, Le Monde libertaire relaie un article de Gabrielle Negrel paru le 31 octobre 2018 sur le site Pressenza International Press Agency
A quoi ressemble ce projet ? Couper la place en deux par une rue, abattre plus d’une centaine d’arbres (alors qu’ils devaient être replantés), beaucoup ont déjà été tronçonnés, parmi eux sept tilleuls abattus par erreur.
Plus rien ne sera gratuit, il faudra toujours avoir le porte-monnaie ouvert et plein, l’usage sera considéré comme une déviance à combattre, la place publique disparaîtra au profit de la consommation et par extension ce quartier populaire mourra. Les travaux dureront trois ans au minimum, beaucoup de petits commerçants actuels n’y survivront pas. Le bruit sera insupportable, certains partiront ce qui permettra l’augmentation des loyers et expulsera ceux qui ont peu de moyens financiers, qui ne correspondent pas à la norme imposée.
Tous les habitants et usagers de La Plaine ne rejoignent pas forcément la contestation, ce qui par contre unit tout le monde est la nécessité de rénover La Plaine. Une rénovation qui doit être faites réellement avec les habitants, en respectant la diversité et l’usage du lieu.
Pourquoi depuis de nombreuses années rien n’a été fait pour améliorer le quartier malgré les demandes des habitants, notamment concernant l’éclairage, comment faire avec les dealers, rénover les écoles ? La réponse est simple, laisser pourrir un quartier est la justification des élus/des spéculateurs pour imposer par la violence leur monde.
M. Gérard Chenoz adjoint au maire et président de la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise) dirige les travaux, il affirme : « pour que les gens soient mélangés il faut que certains partent », « les aménagements devront être pensés de manière à interdire tout usage déviant de l’espace », n’hésitant pas à insulter les hommes et les femmes qui défendent une vie de quartier en les traitant de « punks à chien, de casseur ».
Ce qui se passe à la Plaine va au-delà de ce quartier, de cette ville, de ce pays. Ce projet dit de « requalification » est le symbole sombre et triste de cette société déshumanisante, de cette nouvelle façon de concevoir les villes, ce que l’on nomme la « gentrification », c’est à dire chasser les pauvres des centres villes pour y installer les gens qui consomment, considérés comme les créateurs de richesse. Les places publiques, les quartiers populaires n’existeront plus et seront remplacées par des lieux de consommation.
Voulons-nous vivre dans un monde, un pays, une ville, un quartier « aseptisé » ou rien ne dépasse ni à l’extérieur, ni à l’intérieur et tout se ressemble, un environnement où les arbres vont être remplacés par des brumisateurs. La prochaine étape est-elle que toutes les personnes non normées, qui ne sont pas « les créateurs de richesse » voulus par la société seront décrétés « malade ». Que vont-ils faire de nous ? Nous abattre comme les arbres, abattus parce que soi disant malades ou nous parquer derrière un grand mur de béton haut de 2m50 et nous laisser crever ?
Ce qui se joue aujourd’hui à Marseille, à La Plaine, c’est notre devenir, le devenir des villes, de comment nous allons habiter, comment nous allons être et faire ensemble. A la Plaine une résistance urbaine s’organise, avec les moyens qu’elle a, qu’elle invente.
Le chant de la Plaine résonne chaque jour « Nous sommes tous des enfants de La Plaine ».
Article relayé par Pat de Botul de la Fédération anarchiste
PAR : Gabrielle Negrel
Militante pour la non-violence et les droits humains, Gabrielle Négrel, aide-soignante de formation, a été syndicaliste avant d’écrire pour Pressenza
Militante pour la non-violence et les droits humains, Gabrielle Négrel, aide-soignante de formation, a été syndicaliste avant d’écrire pour Pressenza
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