Dans un sale État > « Glaçant », « accablant », « inimaginable » etc.
Dans un sale État
par Thierry de LAVAU le 23 décembre 2016

« Glaçant », « accablant », « inimaginable » etc.

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Depuis ce 9 novembre 2016, on trouve tout un merveilleux florilège de qualificatifs naïfs et outrés qui viennent fleurir sur les réseaux sociaux pour acter de l’élection à la présidence suprême des États-Unis d’Amérique de M. Donald TRUMP.


Glaçant, ça l’est si on imagine juste un instant que le nouvel élu dispose à sa guise d’un arsenal conséquent, de toute la puissance de feu nucléaire américaine et d’une volonté tenace de redonner des couleurs à l’Empire américain. Si on ajoute à cela une police raciste surarmée, des agences de communication et de contrôle high-tech, on peut se montrer inquiet.

Accablant, bien sûr, si on admet enfin que tout ça s’est produit en utilisant tous les dispositifs de la démocratie, de son système électoral, de son système de représentation.

Inimaginable, certainement pas si on évalue correctement la fracture établie - en schématisant à outrance - entre les élites d’une part et les laissés pour compte d’autre part.

Passée l’émotion bien naïve, il faudra bien au final se poser la question du pourquoi.
Là, on peut certainement vous aider mais, disons-le tout de suite, ça va être douloureux, implacable.

La gauche sociale-démocrate s’est acharnée depuis des lustres à courir, pour les adopter, après le libéralisme et les concessions de classes. Elle a détruit la classe ouvrière, laminé la paysannerie, en un mot elle a exclu tous les acteurs capables de produire, pour favoriser les financiers qui alimentaient le système en engrangeant au passage de somptueux dividendes. Or chacun sait, selon l’antique formule, qu’« il ne faut pas désespérer Billancourt », comme d’ailleurs, il ne faut pas engager les jeunes des cités à s’inscrire sur les listes électorales pour ensuite trahir leurs espoirs et brouiller leurs messages. Car, tous ces manquements à la parole donnée, aux promesses exprimées, finissent par se payer cash quand il s’agit de passer à la caisse.

Même si comparaison, n’est pas raison, il suffit de se rappeler qu’en 1933 la trahison par la gauche a poussé une grande partie des masses laborieuses à se précipiter dans les bras ouverts du fascisme.

Ô ! elle est rutilante cette démocratie ! Ce système perverti et corrompu jusqu’à la moelle, fait ainsi et de manière, une fois encore, éclatante, preuve de son manque de pertinence pour nous mettre à l’abri de ces "accidents".

Pour que cette formule de société ait une chance minime de contribuer à construire un "monde meilleur" il faudrait qu’elle s’affranchisse des lobbies, qu’elle se débarrasse une bonne fois pour toutes de ces élites formées dans les mêmes écoles et appartenant aux mêmes réseaux, qu’elle traque jusqu’aux ultimes métastases du capitalisme et, qu’enfin, elle supprime définitivement l’État.
Évidemment, cela revient à lui demander de se suicider sans contrepartie.

On l’aura bien compris, il ne s’agit pas d’aménager le capitalisme pour le rendre plus social, plus écologique, plus humain, plus on-ne-sait-pas-quoi. Il s’agit de déconstruire ce monde pour en bâtir un nécessairement différent, avec comme point de référence non négociable, l’égalité sociale.

Nul besoin d’être grand clerc, prophète ou Madame Irma pour comprendre que le mur qui va nous stopper net dans cette course insensée, se rapproche à vitesse grand V.
Bardés de ceinture de sécurité, de capteurs, on s’ausculte via des sondages pour s’espérer indemnes, mais nous sommes déjà de la chair à canon, de la chair à flicaille, des souris de laboratoire, des organismes décérébrés, des poussières d’humanité.





Ne nous leurrons pas, il y aura encore des illusionnistes pour vous faire miroiter le mirage des urnes. Il y aura aussi d’habiles hypnotiseurs pour vous susurrer à l’oreille le choix du candidat idéal, propre et bien sous tous rapports. N’y allez pas, changez pour votre propre rêve, visitez ces aventures imaginables1, reprenez vous sérieusement en main car, seuls vous, et seulement VOUS, êtes assez expérimentés pour juger de ce que vous voulez.

Servez-vous jusqu’à plus soif et, surtout, n’oubliez pas de partager, à défaut le choc sera violent, destructeur, effroyable.


Thierry de LAVAU
Émission Traffic sur Radio Libertaire
9 novembre 2016




1 Collectif, ZAD partout : Zone à défendre à Notre-Dame-des-Landes, Montreuil, L’Insomniaque, 2013
PAR : Thierry de LAVAU
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