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par Didier • le 23 janvier 2023
Reprise en main en temps de grève, CAUCHEMAR POUR RTE.
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Article extrait du Monde libertaire n° 1845 de décembre 2022
En situation révolutionnaire, la reprise en main de l’outil de travail est une étape décisive en vue de l’expropriation des possédants , mais, dans le cadre capitaliste actuel, elle constitue une piqûre de rappel, l’émergence d’un peu de gestion directe dans le quotidien de la lutte de classes. Elle peut aller jusqu’au « licenciement » du patron, comme ce fut le cas en 2012 pour une entreprise de fabrication de fenêtres à Goose Island (Illinois, États-Unis). Mais, la plupart du temps, elle consiste en période de grève à prendre le contrôle des tâches de production indépendamment de toute directive hiérarchique.
C’est ce que font traditionnellement les travailleurs du service public de l’énergie. Depuis le printemps 2022, EDF et RTE sont entrées dans une zone de turbulences, et pas qu’un peu.
Il faut dire qu’il y a de quoi ruer dans les brancards : par communiqué de presse, la direction de RTE annonce pour 2021 « un chiffre d’affaires de 5 254 millions d’euros, en hausse de 11 % par rapport à 2020 ». Les profits s’élèvent à 661 millions d’euros, dont 66 seulement suffiraient à une augmentation générale des salaires de 10 %.
Lancé le 21 février 2022 à Nantes, le conflit s’étend dans tout l’ouest pour culminer le 2 juin, jour où une coupure de deux heures prive la région d’Angers de courant. Pour la direction de RTE, on frise l’apocalypse, elle dépose plainte. C’est ainsi que, le 7 septembre, Mathieu Poli, 29 ans, agent RTE à Saumur, un des dix présumés auteurs de l’action, est entendu par la police, qui sait recevoir, comme on sait. S’ensuit un arrêt maladie prévu pour un mois, et, le 17 octobre, tombe la nouvelle du suicide de Mathieu. Une enquête devra déterminer si la mort est en lien avec les conditions de travail à RTE. Le suspense est insoutenable… Peut-être apprendrons-nous, ébahis, que Mathieu était membre d’une secte d’extraterrestres venus prêcher la sobriété énergétique pour précipiter la fin du monde, va savoir…
Comme si la coupe ne débordait pas depuis des siècles, le 4 octobre, quatre salariés en poste au groupe maintenance réseau de Flandres-Hainaut, à Valenciennes, ont été réveillés dès potron minet à leur domicile par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ; perquisition du matériel informatique, y compris la tablette des gosses, tout y passe, jusqu’à la garde à vue de 96 heures prévue en cas de terrorisme. Les faits reprochés ? Les quatre agents auraient « passé des postes en local » entre juin et juillet, alors qu’ils faisaient grève. En d’autres termes, ils se seraient, par ordinateur, substitués à leur hiérarchie qui ne pouvait plus télécommander les postes électriques. Dit autrement : reprise en main. Précision utile, pour les usagers, aucune coupure de courant ; jusqu’où iront donc les terroristes et autres preneurs d’otages ?
Par communiqué, RTE évoque des « agissements graves ». C’est même le parquet de Paris qui décide de saisir la DGSI devant « la sensibilité des infrastructures touchées », le « risque majeur que ces dégradations auraient pu entraîner » et le « statut d’opérateur d’importance vitale de RTE ». On ignore à ce jour les résultats de leur passage en commission de discipline du 28 octobre. Ils seront présentés le 28 février 2023 devant le tribunal correctionnel.
Pour chapeauter ces menées répressives, RTE s’est adjoint un directeur de la sécurité haut de gamme : il s’agit de Marc
L’exemple de RTE est criant : le patronat et l’État vivent comme un cauchemar éveillé toute velléité de reprise en main dans le climat social actuel. Pour nous autres, anarchistes, c’est une belle incitation à amplifier les pratiques de gestion directe en cas de grève. Pour pouvoir aller plus loin. Enfin.
Didier, La Sociale, Rennes
C’est ce que font traditionnellement les travailleurs du service public de l’énergie. Depuis le printemps 2022, EDF et RTE sont entrées dans une zone de turbulences, et pas qu’un peu.
Il faut dire qu’il y a de quoi ruer dans les brancards : par communiqué de presse, la direction de RTE annonce pour 2021 « un chiffre d’affaires de 5 254 millions d’euros, en hausse de 11 % par rapport à 2020 ». Les profits s’élèvent à 661 millions d’euros, dont 66 seulement suffiraient à une augmentation générale des salaires de 10 %.
Lancé le 21 février 2022 à Nantes, le conflit s’étend dans tout l’ouest pour culminer le 2 juin, jour où une coupure de deux heures prive la région d’Angers de courant. Pour la direction de RTE, on frise l’apocalypse, elle dépose plainte. C’est ainsi que, le 7 septembre, Mathieu Poli, 29 ans, agent RTE à Saumur, un des dix présumés auteurs de l’action, est entendu par la police, qui sait recevoir, comme on sait. S’ensuit un arrêt maladie prévu pour un mois, et, le 17 octobre, tombe la nouvelle du suicide de Mathieu. Une enquête devra déterminer si la mort est en lien avec les conditions de travail à RTE. Le suspense est insoutenable… Peut-être apprendrons-nous, ébahis, que Mathieu était membre d’une secte d’extraterrestres venus prêcher la sobriété énergétique pour précipiter la fin du monde, va savoir…
Comme si la coupe ne débordait pas depuis des siècles, le 4 octobre, quatre salariés en poste au groupe maintenance réseau de Flandres-Hainaut, à Valenciennes, ont été réveillés dès potron minet à leur domicile par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ; perquisition du matériel informatique, y compris la tablette des gosses, tout y passe, jusqu’à la garde à vue de 96 heures prévue en cas de terrorisme. Les faits reprochés ? Les quatre agents auraient « passé des postes en local » entre juin et juillet, alors qu’ils faisaient grève. En d’autres termes, ils se seraient, par ordinateur, substitués à leur hiérarchie qui ne pouvait plus télécommander les postes électriques. Dit autrement : reprise en main. Précision utile, pour les usagers, aucune coupure de courant ; jusqu’où iront donc les terroristes et autres preneurs d’otages ?
Par communiqué, RTE évoque des « agissements graves ». C’est même le parquet de Paris qui décide de saisir la DGSI devant « la sensibilité des infrastructures touchées », le « risque majeur que ces dégradations auraient pu entraîner » et le « statut d’opérateur d’importance vitale de RTE ». On ignore à ce jour les résultats de leur passage en commission de discipline du 28 octobre. Ils seront présentés le 28 février 2023 devant le tribunal correctionnel.
Pour chapeauter ces menées répressives, RTE s’est adjoint un directeur de la sécurité haut de gamme : il s’agit de Marc
L’exemple de RTE est criant : le patronat et l’État vivent comme un cauchemar éveillé toute velléité de reprise en main dans le climat social actuel. Pour nous autres, anarchistes, c’est une belle incitation à amplifier les pratiques de gestion directe en cas de grève. Pour pouvoir aller plus loin. Enfin.
Didier, La Sociale, Rennes
PAR : Didier
Groupe La Sociale, Rennes
Groupe La Sociale, Rennes
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