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par Daniel • le 14 juillet 2018
« L’Amour et la Révolution », le nouveau film de Yannis Yolountas
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Entrevue avec le réalisateur
Article extrait du « Monde libertaire » n° 1793 de mars 2018
Daniel : Depuis les films Ne vivons plus comme des esclaves et Je lutte donc je suis, comment la Grèce que tu as filmée a-t-elle vécu?
Yannis Yolountas : Les médias occidentaux à la botte du pouvoir veulent faire avaler que la Grèce va mieux, mais la réalité est tout autre. La péninsule hellénique est tout simplement devenue une aubaine pour les investisseurs de tous poils : baisse de moitié des salaires, casse du droit du travail, réduction de la couverture sociale, baisse du prix des terrains et des anciennes infrastructures. Alors oui, en effet, la croissance est de retour, mais il s’agit uniquement de la croissance du portefeuille des classes dominantes, rien d’autre. Cela ne fait que confirmer que la Grèce est le laboratoire en Europe du durcissement du capitalisme. Autre indicateur, les médias en laisse évoquent également les petits boulots qui réapparaissent ; sauf que, maintenant, il faut aller trimer pour un salaire dérisoire sans aucun droit ou presque. En résumé, la crise grecque s’est avérée un simple retour en arrière économique et social, de quelques dizaines d’années, et c’est qui se passe aussi dans l’Hexagone, seul le rythme diffère. En Grèce, tout nous laisse penser que cette offensive n’est pas terminée. Elle ne sera jamais terminée ; les riches et les puissants n’en auront jamais assez.
D. : Les centres médicaux et sociaux autogérés, les cuisines sociales tiennent-ils bon dans l’adversité ?
Y.Y. : Oui, rien de ce nous avons présenté n’a disparu. Au contraire : les centres médicaux et sociaux autogérés se sont multipliés, la cuisine sociale L’Autre Humain est passée de trois à quinze lieux simultanément et, surtout, le mouvement social accueille depuis trois ans des milliers de migrants arrachés aux griffes de l’État qui les enferme dans des camps abominables. La « crise des réfugiés » a été une excellente occasion de montrer la société qu’on désire : solidaire, libertaire, égalitaire, autogestionnaire, sans patrie ni frontières. Même si cela a demandé une énergie énorme à nos compagnons, le résultat est impressionnant, notamment à Exarcheia où plus de la moitié des squats de réfugiés athéniens ont été ouverts. La devise désormais, c’est : « On vit ensemble, on lutte ensemble. »
D. : Ton nouveau film, L’Amour et la Révolution 1 est une observation de l’évolution de la Grèce actuelle. Comment faire des nouveaux films avec des sujets déjà abordés et avec des personnages connus grâce à tes deux premiers films ?
Y.Y. : Parmi les vingt-cinq personnages principaux, il n’y en a que quatre qui ont participé aux films précédents et ils ne sont pas de simples témoins : Mimi a participé au lancement du Notara 26, premier squat de la « crise des réfugiés » à Athènes ; Vangelis est très impliqué dans la résistance du quartier d’Exarcheia menacé d’évacuation par le pouvoir ; Babis a cofondé une équipe médicale pour intervenir hors d’Exarcheia et a participé à reprendre le bastion des néo-nazis à Athènes (la sinistre place Agios-Pantélémonas) ; Kostas a diversifié les activités du réseau des cuisines sociales en proposant également des douches, des machines à laver, un espace enfant et un point Internet aux sans-abris de toutes provenances. Bref, on ne vient aux nouvelles que quand il y en a. Idem pour les sujets du film : tout est nouveau. Par exemple, c’est la première fois que l’on voit dans un film la résistance contre le projet d’un nouvel aéroport en Crète, une lutte qui rappelle un peu Notre-Dame-des-Landes. Dans ce film également, on peut découvrir le formidable groupe anarchiste Rouvikonas qui défraie la chronique en Grèce et ridiculise le pouvoir. J’invite vivement les anarchistes francophones à examiner de près ce que font nos compagnons athéniens : Rouvikonas est devenu le principal symbole de la résistance en moins de quatre ans. Il porte haut les idées anarchistes, sabote les structures oppressives, tourne en dérision ceux qui prétendent nous gouverner, intervient deux à trois fois par semaine, toujours par surprise, avec une « gnaque » et un courage exemplaires. Rouvikonas ne s’attaque pas physiquement aux personnes, mais fait des dégâts matériels et symboliques considérables. C’est une sorte de « Robin des villes » collectif qui fait la joie des opprimés.
D. : Comment expliquer que tu sois le seul au cinéma à explorer ce sujet d’une Grèce en rébellion contre l’ordre capitaliste et le fascisme ?
Y.Y. : Je ne suis pas le seul à faire des films sur la situation en Grèce, mais le fait est que les autres ne critiquent, au mieux, que le néolibéralisme, sans jamais attaquer le capitalisme tout entier et encore moins la société autoritaire. Pourtant, ce qui est intéressant en Grèce aujourd’hui n’est pas l’opposition parlementaire très faible qui peine à percer à la gauche de Syriza, mais bien la multitude d’actions puissantes et radicales du mouvement social en rupture totale avec toutes les formes institutionnelles. Même chose pour l’antifascisme : en Grèce, Aube dorée n’est en rien l’affaire personnelle de quiconque, mais un combat collectif de longue haleine que mènent de façon très organisée les antifascistes à travers trois axes précis : l’action directe (riposte antifasciste, réoccupation de places, contre-manifs, hacking de sites néonazis, destruction de locaux, sabotage d’événements), l’éducation populaire (formation historique et politique, débats, ouverture de centres sociaux, créations artistiques) et la solidarité sans distinction d’origine ou de couleur de peau qui est notre réponse au « diviser pour régner » du pouvoir. C’est ça l’antifascisme : quelque chose de très concret, nécessairement collectif, méticuleusement organisé, surtout quand on a en face à soi des néonazis dangereux ou des identitaires procéduriers. Tout cela, bien sûr, nous le présentons dans L’Amour et la Révolution à travers les actions du groupe le plus reconnu en Grèce pour son action antifasciste, Distomo. Ce groupe porte le nom d’un village massacré par les nazis allemands durant la deuxième guerre mondiale. Distomo a mené des dizaines d’actions exemplaires et a repoussé les organisations fascistes dans les cordes, depuis trois ans, alors même que l’État Syriza relâchait les instigateurs de l’assassinat de Pavlos Fyssas et ne faisait quasiment rien pour freiner les violences racistes. Il y a aussi une autre raison pour laquelle notre démarche cinématographique est originale : presque tous les autres documentaristes qui se sont penchés sur la Grèce ces dernières années étaient des journalistes de médias mainstream, c’est-à-dire à la botte du pouvoir. A l’inverse, le mouvement social grec, dans son immense majorité boycotte encore plus qu’ailleurs en Europe tous les médias dominants. L’un des slogans les plus courants en manif est « Flics, journalistes (mainstream), néonazis, toutes les saloperies bossent ensemble ! » Pareillement, nous refusons totalement de répondre aux invitations des valets du pouvoir pour faire la promotion de nos films, de même que les soirées petits fours en grande pompe. En terme de cinéma documentaire, nous sommes donc dans deux démarches non seulement différentes, mais clairement opposées. En plus, nos films servent à financer les luttes, les initiatives solidaires autogérées et à soutenir politiquement et financièrement des groupes comme Rouvikonas dans leurs énormes frais de justice. Nous ne sommes pas des « parachutés » sur un terrain inconnu qui volent des images et se font passer pour ce qu’ils ne sont pas durant une ou deux semaines. Nous sommes des membres comme les autres du mouvement social qui veut contrer le silence médiatique et la désinformation à son sujet.
D. : Abordes-tu le sujet de l’évolution et/ou de l’impasse des différentes stratégies de ruptures et de résistances populaires ?
Y.Y. : Bien sûr. Dans le prolongement de l’ouverture de Je lutte donc je suis, nous confirmons le bilan catastrophique du « frein Tsipras » qui n’a absolument rien freiné du tout et qui, au contraire, a été un facilitateur des réformes scélérates en endormant durant plus d’un an le mouvement social en jouant la comédie aux côtés du Tartuffe Varoufakis. Durant l’une des séquences de L’Amour et la Révolution, Kostas de la cuisine sociale s’est installé volontairement devant le siège de Syriza pour montrer à ses cadres la misère provoquée par sa politique et les pauvres gens trahis. Le service de sécurité de Syriza a aussitôt essayé de nous empêcher de filmer, mais les sans-abris nous ont rapidement défendu et ont fait renoncer les molosses en oreillettes et lunettes noires. Les sans-abris ont même formé un rempart pour nous permettre de filmer cette scène honteuse : la cuisine sociale toujours plus nombreuse sous les bureaux des traîtres. C’était épique !
D. : Comment vont vos ami.e.s qui, au fil de vos films, sont presque devenus les nôtres ?
Y.Y. : Ils vont vous le dire eux-mêmes ! Il faut venir voir le film, en discuter avec nous et avec le public dans les salles ! Si certains compagnons peinent à s’offrir le ticket d’entrée quand la projection-débat est dans un cinéma, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter ; comme nous le faisions pour les films précédents, nous utilisons à chaque séance le droit du réalisateur à inviter quelques spectateurs. Et puis, courant avril, après quelques semaines de test, la version définitive du film sera mise en ligne gratuitement. Si vous voulez des nouvelles des personnages de nos films précédents, il y a un autre moyen : venir avec nous lors du prochain convoi solidaire en Grèce 2 qui partira en mai ! A l’arrivée à Exarcheia, nous hisserons ensemble les drapeaux noirs ou rouges et noirs par les fenêtres des fourgons !
D. : Tu voulais ajouter quelque chose ?
Y.Y. : Oui, préciser que c’est le groupe tarnais de la Fédération anarchiste (FA), les ELAFF, qui nous a aidé à finaliser L’Amour et la Révolution. Nous avons carrément squatté chez l’un des compagnons en réunissant une bonne partie du groupe pour bosser sur les derniers détails. C’était formidable. Cela nous rappelle que le premier de nos trois films a été lancé grâce à la FA : en mars 2013, Le Monde libertaire avait publié un supplément gratuit de quatre pages sur le projet de Ne vivons plus comme des esclaves qui était encore en tournage et manquait de moyens. Radio-Libertaire en avait également beaucoup parlé. L’aventure de ces trois films est donc aussi la vôtre. Merci à tous les compagnons !
Propos recueillis par Daniel
1. Bande-annonce et agenda des projections-débats sur www.lamouretlarevolution.net
2. Contact pour le prochain convoi et liste des besoins : solidarite@anepos.net Un autre documentaire raconte actuellement le convoi solidaire en Grèce de mars 2017, réalisé par Eloïse Lebourg avec la participation de Yannis : Sur la route d’Exarcheia (bande-annonce sur Youtube). Contact : redaction@mediacoop.fr
Yannis Yolountas : Les médias occidentaux à la botte du pouvoir veulent faire avaler que la Grèce va mieux, mais la réalité est tout autre. La péninsule hellénique est tout simplement devenue une aubaine pour les investisseurs de tous poils : baisse de moitié des salaires, casse du droit du travail, réduction de la couverture sociale, baisse du prix des terrains et des anciennes infrastructures. Alors oui, en effet, la croissance est de retour, mais il s’agit uniquement de la croissance du portefeuille des classes dominantes, rien d’autre. Cela ne fait que confirmer que la Grèce est le laboratoire en Europe du durcissement du capitalisme. Autre indicateur, les médias en laisse évoquent également les petits boulots qui réapparaissent ; sauf que, maintenant, il faut aller trimer pour un salaire dérisoire sans aucun droit ou presque. En résumé, la crise grecque s’est avérée un simple retour en arrière économique et social, de quelques dizaines d’années, et c’est qui se passe aussi dans l’Hexagone, seul le rythme diffère. En Grèce, tout nous laisse penser que cette offensive n’est pas terminée. Elle ne sera jamais terminée ; les riches et les puissants n’en auront jamais assez.
D. : Les centres médicaux et sociaux autogérés, les cuisines sociales tiennent-ils bon dans l’adversité ?
Y.Y. : Oui, rien de ce nous avons présenté n’a disparu. Au contraire : les centres médicaux et sociaux autogérés se sont multipliés, la cuisine sociale L’Autre Humain est passée de trois à quinze lieux simultanément et, surtout, le mouvement social accueille depuis trois ans des milliers de migrants arrachés aux griffes de l’État qui les enferme dans des camps abominables. La « crise des réfugiés » a été une excellente occasion de montrer la société qu’on désire : solidaire, libertaire, égalitaire, autogestionnaire, sans patrie ni frontières. Même si cela a demandé une énergie énorme à nos compagnons, le résultat est impressionnant, notamment à Exarcheia où plus de la moitié des squats de réfugiés athéniens ont été ouverts. La devise désormais, c’est : « On vit ensemble, on lutte ensemble. »
D. : Ton nouveau film, L’Amour et la Révolution 1 est une observation de l’évolution de la Grèce actuelle. Comment faire des nouveaux films avec des sujets déjà abordés et avec des personnages connus grâce à tes deux premiers films ?
Y.Y. : Parmi les vingt-cinq personnages principaux, il n’y en a que quatre qui ont participé aux films précédents et ils ne sont pas de simples témoins : Mimi a participé au lancement du Notara 26, premier squat de la « crise des réfugiés » à Athènes ; Vangelis est très impliqué dans la résistance du quartier d’Exarcheia menacé d’évacuation par le pouvoir ; Babis a cofondé une équipe médicale pour intervenir hors d’Exarcheia et a participé à reprendre le bastion des néo-nazis à Athènes (la sinistre place Agios-Pantélémonas) ; Kostas a diversifié les activités du réseau des cuisines sociales en proposant également des douches, des machines à laver, un espace enfant et un point Internet aux sans-abris de toutes provenances. Bref, on ne vient aux nouvelles que quand il y en a. Idem pour les sujets du film : tout est nouveau. Par exemple, c’est la première fois que l’on voit dans un film la résistance contre le projet d’un nouvel aéroport en Crète, une lutte qui rappelle un peu Notre-Dame-des-Landes. Dans ce film également, on peut découvrir le formidable groupe anarchiste Rouvikonas qui défraie la chronique en Grèce et ridiculise le pouvoir. J’invite vivement les anarchistes francophones à examiner de près ce que font nos compagnons athéniens : Rouvikonas est devenu le principal symbole de la résistance en moins de quatre ans. Il porte haut les idées anarchistes, sabote les structures oppressives, tourne en dérision ceux qui prétendent nous gouverner, intervient deux à trois fois par semaine, toujours par surprise, avec une « gnaque » et un courage exemplaires. Rouvikonas ne s’attaque pas physiquement aux personnes, mais fait des dégâts matériels et symboliques considérables. C’est une sorte de « Robin des villes » collectif qui fait la joie des opprimés.
D. : Comment expliquer que tu sois le seul au cinéma à explorer ce sujet d’une Grèce en rébellion contre l’ordre capitaliste et le fascisme ?
Y.Y. : Je ne suis pas le seul à faire des films sur la situation en Grèce, mais le fait est que les autres ne critiquent, au mieux, que le néolibéralisme, sans jamais attaquer le capitalisme tout entier et encore moins la société autoritaire. Pourtant, ce qui est intéressant en Grèce aujourd’hui n’est pas l’opposition parlementaire très faible qui peine à percer à la gauche de Syriza, mais bien la multitude d’actions puissantes et radicales du mouvement social en rupture totale avec toutes les formes institutionnelles. Même chose pour l’antifascisme : en Grèce, Aube dorée n’est en rien l’affaire personnelle de quiconque, mais un combat collectif de longue haleine que mènent de façon très organisée les antifascistes à travers trois axes précis : l’action directe (riposte antifasciste, réoccupation de places, contre-manifs, hacking de sites néonazis, destruction de locaux, sabotage d’événements), l’éducation populaire (formation historique et politique, débats, ouverture de centres sociaux, créations artistiques) et la solidarité sans distinction d’origine ou de couleur de peau qui est notre réponse au « diviser pour régner » du pouvoir. C’est ça l’antifascisme : quelque chose de très concret, nécessairement collectif, méticuleusement organisé, surtout quand on a en face à soi des néonazis dangereux ou des identitaires procéduriers. Tout cela, bien sûr, nous le présentons dans L’Amour et la Révolution à travers les actions du groupe le plus reconnu en Grèce pour son action antifasciste, Distomo. Ce groupe porte le nom d’un village massacré par les nazis allemands durant la deuxième guerre mondiale. Distomo a mené des dizaines d’actions exemplaires et a repoussé les organisations fascistes dans les cordes, depuis trois ans, alors même que l’État Syriza relâchait les instigateurs de l’assassinat de Pavlos Fyssas et ne faisait quasiment rien pour freiner les violences racistes. Il y a aussi une autre raison pour laquelle notre démarche cinématographique est originale : presque tous les autres documentaristes qui se sont penchés sur la Grèce ces dernières années étaient des journalistes de médias mainstream, c’est-à-dire à la botte du pouvoir. A l’inverse, le mouvement social grec, dans son immense majorité boycotte encore plus qu’ailleurs en Europe tous les médias dominants. L’un des slogans les plus courants en manif est « Flics, journalistes (mainstream), néonazis, toutes les saloperies bossent ensemble ! » Pareillement, nous refusons totalement de répondre aux invitations des valets du pouvoir pour faire la promotion de nos films, de même que les soirées petits fours en grande pompe. En terme de cinéma documentaire, nous sommes donc dans deux démarches non seulement différentes, mais clairement opposées. En plus, nos films servent à financer les luttes, les initiatives solidaires autogérées et à soutenir politiquement et financièrement des groupes comme Rouvikonas dans leurs énormes frais de justice. Nous ne sommes pas des « parachutés » sur un terrain inconnu qui volent des images et se font passer pour ce qu’ils ne sont pas durant une ou deux semaines. Nous sommes des membres comme les autres du mouvement social qui veut contrer le silence médiatique et la désinformation à son sujet.
D. : Abordes-tu le sujet de l’évolution et/ou de l’impasse des différentes stratégies de ruptures et de résistances populaires ?
Y.Y. : Bien sûr. Dans le prolongement de l’ouverture de Je lutte donc je suis, nous confirmons le bilan catastrophique du « frein Tsipras » qui n’a absolument rien freiné du tout et qui, au contraire, a été un facilitateur des réformes scélérates en endormant durant plus d’un an le mouvement social en jouant la comédie aux côtés du Tartuffe Varoufakis. Durant l’une des séquences de L’Amour et la Révolution, Kostas de la cuisine sociale s’est installé volontairement devant le siège de Syriza pour montrer à ses cadres la misère provoquée par sa politique et les pauvres gens trahis. Le service de sécurité de Syriza a aussitôt essayé de nous empêcher de filmer, mais les sans-abris nous ont rapidement défendu et ont fait renoncer les molosses en oreillettes et lunettes noires. Les sans-abris ont même formé un rempart pour nous permettre de filmer cette scène honteuse : la cuisine sociale toujours plus nombreuse sous les bureaux des traîtres. C’était épique !
D. : Comment vont vos ami.e.s qui, au fil de vos films, sont presque devenus les nôtres ?
Y.Y. : Ils vont vous le dire eux-mêmes ! Il faut venir voir le film, en discuter avec nous et avec le public dans les salles ! Si certains compagnons peinent à s’offrir le ticket d’entrée quand la projection-débat est dans un cinéma, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter ; comme nous le faisions pour les films précédents, nous utilisons à chaque séance le droit du réalisateur à inviter quelques spectateurs. Et puis, courant avril, après quelques semaines de test, la version définitive du film sera mise en ligne gratuitement. Si vous voulez des nouvelles des personnages de nos films précédents, il y a un autre moyen : venir avec nous lors du prochain convoi solidaire en Grèce 2 qui partira en mai ! A l’arrivée à Exarcheia, nous hisserons ensemble les drapeaux noirs ou rouges et noirs par les fenêtres des fourgons !
D. : Tu voulais ajouter quelque chose ?
Y.Y. : Oui, préciser que c’est le groupe tarnais de la Fédération anarchiste (FA), les ELAFF, qui nous a aidé à finaliser L’Amour et la Révolution. Nous avons carrément squatté chez l’un des compagnons en réunissant une bonne partie du groupe pour bosser sur les derniers détails. C’était formidable. Cela nous rappelle que le premier de nos trois films a été lancé grâce à la FA : en mars 2013, Le Monde libertaire avait publié un supplément gratuit de quatre pages sur le projet de Ne vivons plus comme des esclaves qui était encore en tournage et manquait de moyens. Radio-Libertaire en avait également beaucoup parlé. L’aventure de ces trois films est donc aussi la vôtre. Merci à tous les compagnons !
Propos recueillis par Daniel
1. Bande-annonce et agenda des projections-débats sur www.lamouretlarevolution.net
2. Contact pour le prochain convoi et liste des besoins : solidarite@anepos.net Un autre documentaire raconte actuellement le convoi solidaire en Grèce de mars 2017, réalisé par Eloïse Lebourg avec la participation de Yannis : Sur la route d’Exarcheia (bande-annonce sur Youtube). Contact : redaction@mediacoop.fr
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