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par Vea Popovici le 21 décembre 2020

Roumanie - Luttes pandémiques dans la reproduction sociale : coordinations intersectionnelles entre le logement et les luttes essentielles des travailleur.e.s. en Roumanie.

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Traduction (de l’anglais) Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA
25.11.2020. Publié par Musafiri în Casa Jurnalistului. Version anglaise par Transnational Social Strikes


Veda Popovici, cofondatrice de divers collectifs locaux anti-autoritaires, anarchistes et féministes tels que la coopérative autonome Macaz, la bibliothèque alternative, le groupe féministe Dysnomia et la Gazette of Political Art, milite à Bucarest dans le Front commun pour le Droit au Logement, elle est également membre du réseau E.A.S.T [Luttes Essentielles Contre la Violence Patriarcale]. Elle explique ici l’intersectionnalité des problèmes de logement, d’exploitation de la main-d’œuvre essentielle, de violence patriarcale et raciste, qui se recoupent et en particulier pendant la pandémie. Elle est convaincue de la nécessité de s’organiser au niveau transnational afin d’apporter une réponse collective. NdT.



La crise sociale, sanitaire et économique provoquée par la pandémie du COVID-19 a fait remonter des problèmes politiques sous-jacents dans les sociétés partout dans le monde, obligeant les mouvements sociaux à repenser leurs projets, réorganiser leurs tactiques et leur pratique. Au cours des derniers mois, de nouvelles coordinations ont émergé et des efforts de part et d’autre des frontières ont été consacrés à la formation de réseaux transnationaux. Les mouvements de lutte pour le droit au logement se sont développés en 2020. L’injustice en matière de logement est une expérience commune aux travailleurs essentiels, ce qui permet de repérer efficacement les domaines d’action intersectionnelles. Analysé de près par les militants du droit au logement, ce repérage offre de nouvelles possibilités de solidarité et d’action transnationales radicales.

L’histoire nous le montre, le capitalisme fait face à toute nouvelle crise par des réadaptations rapides afin d’assurer sa propre survie. Cependant, la réorganisation du capital s’est accompagnée d’une intensification de la crise pandémique, et a pesé de façon encore plus insupportable sur les personnes travailleuses tandis que les autorités agissaient sans surprise comme courroie de transmission des entreprises et les élites privées. De mars à juin, les gouvernements et les municipalités du monde entier ont adopté une kyrielle de lois sur le logement qui semblaient alléger la charge du logement. Même s’il favorisait de façon disproportionnée les entreprises, ce corps législatif comprenait des mesures sociales impensables un mois auparavant. A présent, elles avaient été adoptées sans trop de remous. Les moratoires sur les expulsions, le gel des loyers, les baisses de loyer, le report des crédits immobiliers ont tous été adopés vite fait, à la surprise les militants du droit au logement. Au moment où l’ONU a appelé, début avril, à des moratoires sur les expulsions et les saisies, plusieurs pays appliquaient déjà de telles mesures. Le logement s’est retrouvé au cœur du débat politique, avec les économistes libéraux lançant des alertes quant au risque d’une crise du logement. Il s’est avéré très vite que ces mesures répondaient à une grande stratégie de simple report mais pas en réalité de soulagement face à la crise.




S’organiser pour le droit au logement en pleine pandémie COVID-19

Tout en adaptant leurs exigences et leurs actions de soutien à la nouvelle législation, les militant.e.s se sont trouvé.e.s confronté.e.s à une crise du logement subitement accrue. Comme désormais la santé et même la survie dépendaient de la capacité à rester chez soi et d’éviter un maximum les contacts présentiels, les personnes déjà mal logées couraient un risque élevé.

La Coalition d’action européenne pour le Droit au Logement et à la Ville (CAE), un réseau transnational d’organisations communautaires de droit au logement à travers l’Europe, a publié un rapport sur la crise sanitaire, sociale et financière déclenchée par la pandémie COVID-19 et sur la façon dont elle a affecté les conditions de logement et le droit au logement pendant la période mars-juin 2020. Me fondant ma participation à cette recherche, il semble juste de conclure que les conditions de logement ont empiré et que, dans le même temps, nos réseaux à travers le monde se sont renforcés et ont avancé en matière de solidarité et d’organisation internationales.

Bref, même si les restrictions ont considérablement nui à la capacité d’organisation et de poursuite de leurs activités, des groupes à travers le continent se sont adaptés à la situation et ont réagi promptement et avec constance. Les principales modalités d’action ont été: a) l’entraide et l’aide directe; b) les campagnes, la défense juridique et les listes de revendications; c) le soutien, le suivi et le conseil; d) la grève des loyers ou la baisse des loyers; e) l’action directe; f) les coordinations. La plupart des organisations ont utilisé au moins deux de ces tactiques dans une stratégie de cohésion pendant toute une période, de mars à mai 2020. Le rapport détaillé de la CAE montre que les militants s’attendent à ce que la crise s’intensifie l’année prochaine du côté des problèmes de logement et de contrôles accrus à cet égard.

Les efforts coordonnés de la CAE pour devenir une plate-forme pour de nombreux groupes et mouvements locaux, notamment en publiant les 15 revendications face à la pandémie COVID-19 au début de la pandémie, le 28 mars. Les revendications, basées sur des campagnes en ligne, des tracts et productions de divers groupes membres de la CAE, mettent en avant des questions clés à développer dans les mois à venir : «Moratoire sur les expulsions en Europe!», «Pas de coupes des services publics, indépendamment des dettes ou de la situation !» ou "Suspension de toutes les pénalités pour non-paiement du loyer ou des services publics!" ainsi que des revendications radicales essayant d’anticiper de nouvelles actions possibles : «Réquisition publique immédiate des hôtels, des appartements touristiques, des maisons de vacances et de tous les immeubles inoccupés pour reloger les sans-abri et les personnes vivant en surnombre !», «Décriminalisation des occupations de bâtiments vacants ! » et «Décriminalisation de toutes les formes de logement informelles, alternatives, éphémères et mobiles !».

Inspiré par les demandes de la CAE, le Block for Housing, une coordination nationale d’organisations de droit au logement en Roumanie a publié le "Manifeste pour le Droit au Logement : Contre la pandémie du capitalisme et du racisme". Le texte sert d’axe d’une campagne plus vaste développée par le Bloc en réponse à la crise pandémique et inclut des modalités de campagne en ligne, de pression sur les autorités et de soutien à l’usage de ses groupes sur le terrain. Comme de nombreux autres mouvements à travers le monde, le Bloc a consacré le mois de mai aux droits des personnes travailleuses. Dans le contexte de la pandémie, une vision intersectionnelle comprenant le lien entre travail et logement est devenue essentielle dans la stratégie 2020 des coordinations.

Un contexte local d’importance régionale


Au moment de tenter de comprendre la nature de la crise du logement dans l’espace de la CEE, il nous faut dépasser le mythe des «propriétaires naturels», une construction politique au service de la légitimation du capital immobilier. Les grandes sociétés de propriétaires comme celles de l’espace post-socialiste ne peuvent remplacer un logement sûr ou adéquat. Comme le montre l’étude de Florea et Vincze, l’accession à la propriété ne garantit pas une meilleure qualité de vie mais c’est « la seule ressource précaire dans une économie de marché déréglementée » pour la majorité de la population roumaine.

Si la grande majorité des ménages ne payent pas de crédit immobilier, cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas de dettes. L’accès à un logement public reste fortement limité, le parc de logements sociaux a chuté passant de 30% à moins de 2% en 30 ans. Dans le même temps, le marché immobilier dans les grandes villes a augmenté avec une moyenne de 43% rien qu’au cours des 5 dernières années. Avec le taux de surpeuplement le plus élevé (près de la moitié de la population totale) et le taux de privation de logement le plus sévère (37% des ménages pauvres et 16% de tous les ménages) en Europe, la Roumanie était déjà en proie à une crise profonde du logement au début de la pandémie.

Avec un pourcentage de personnes travailleuses au salaire minimum ou sous le salaire minimum (280 euros) entre 32 et 40% (en fonction de la déclaration ou non du revenu), conserver un logement décent est une lutte même pour les propriétaires. Près de 50% de tous les contrats de travail étant au salaire minimum, cela prouve qu’un pourcentage élevé des personnes travailleuses prennent plusieurs emplois pour joindre les deux bouts tandis que le secteur privé retient les plus pauvres avec de bas salaires.

Même si on observe une tendance à l’augmentation constante de l’écart entre les riches et les pauvres depuis 10 ans, la crise de cette année a provoqué la résiliation de plus de 400 000 contrats de travail à la fin mai. Selon des chiffres récents, la Roumanie pourrait bien avoir quelques 6 millions de personnes juste au-dessus ou en dessous du seuil de pauvreté, soit environ la moitié de la population active. L’importante augmentation du chômage concerne les femmes, 48% (alors que le chômage parmi les travailleurs a augmenté de 16%).

Tous ces processus sont la conséquence naturelle des privatisations forcée au cours des 30 dernières années. Avec des capitaux privés apportés par des structures financières transnationales pour générer une précarisation de la main-d’œuvre afin qu’elle serve pour les emplois non attractifs en Europe occidentale. Fournisseur d’une main-d’œuvre bon marché, la semi-périphérie de la CEE partage une histoire récente de réformes néolibérales qui ont établi le cadre de l’aggravation de la crise en cours. Dans le même temps, les plus touchés - les femmes, les migrant.e.s et les personnes travailleuses essentiels - ont été en première ligne de la contestation et des revendications de droits.

Travailleurs de la CEE - à l’intersection du racisme, de la violence de genre et de la privation de logement

Les mêmes inégalités structurelles géopolitiques ont frappé les personnes travailleuses migrantes en Europe centrale et en Europe orientale. Il y a eu l’histoire des asperges qui a horrifié le monde entier. Présentée comme une anecdote divertissante, elle est pourtant représentative en ce qui concerne un secteur déterminant de l’emploi, la main-d’œuvre migrante saisonnière, les travailleurs agricoles de la CEE. À la mi-avril de cette année, un travailleur de Roumanie est décédé des suites du coronavirus contracté dans la ferme d’asperges pour laquelle il travaillait dans le sud de l’Allemagne. Une vingtaine de travailleurs ont été infectés en raison du manque de protection par l’employeur. L’événement a donné lieu à un vaste débat sur la protection et les droits des travailleurs d’Europe de l’Est et contre la conservation des habitudes alimentaires des populations d’Europe occidentale. En clair, le mode de vie des sociétés occidentales se maintient au prix de la vie de la main-d’œuvre bon marché et précaire de l’Europe de l’Est.

Le travail migrant est devenu de plus en plus risqué, cela s’ajoute aux problèmes de logement, de perte d’emploi, d’exploitation sexuelle et de violence sexiste. La nouvelle organisation "DREPT pour la justice, le respect, l’égalité, la protection et la transparence" a été déterminante pour les travailleurs migrant.e.s au cours des six derniers mois. Au départ, le groupe faisait du soutien en ligne pour les travailleur.e.s sociaux de Roumanie travaillant en Autriche, puis il est devenu une organisation syndicale, efficace grâce à des efforts d’entraide et de défense des personnes travailleuses. À travers des événements publics, elle sensibilise et élargit sa communauté. Associé au le Bloc pour le logement et avec d’autres groupes pour la justice sociale, le DREPT a réussi à attirer l’attention sur les difficultés des travailleurs migrants, principalement des femmes. Ils montrent par exemple que le personnel de soins migrant - en grande majorité des femmes - est depuis mars systématiquement dévalorisé et sous-payé. Illustrant les asymétries entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe de l’Est, ce type de travail, bien que jugé essentiel, a été exclu des subventions gouvernementales d’urgence.

Ces expériences sont également en lien direct avec le racisme structurel et social - dont la crise actuelle a également provoqué une augmentation. Quoique très variées à travers l’Europe, je me concentrerai, dans les limites d’un article, sur le racisme anti-Rom.
Alors que le racisme anti-Rom reste au cœur de l’injustice relative au logement en Roumanie, la nouvelle crise a approfondi les discours déshumanisants et criminalisants à leur égard. Étant donné que l’état d’urgence en Roumanie a suspendu plusieurs droits humains, il faut s’attendre à ce que les plus vulnérables en fassent les frais, les personnes dont les droits étaient déjà flottants. D’après la militante rom pour le logement, Maria Stoica, les mesures d’état d’urgence ne signifiaient pas grand-chose pour les communautés roms pauvres, leurs droits étant continuellement non respectés depuis des années. Stoica réside dans la communauté de Cantonului, près de Cluj, et nous raconte comment la communication avec les autorités y perçue l. Lorsqu’on dit à sa communauté « Restez chez vous », on lui dit en fait: «restez là-bas dans votre pauvreté, nous ne voulons pas vous voir, nous ne voulons pas entendre vos plaintes». En avril, un incendie s’est déclaré dans l’une des communautés riveraines de la décharge de Cluj : l’un des habitants a mis le feu à sa baraque pour protester contre le manque de protection face à la pandémie. Un autre jour, la police a fait une descente équipée d’un équipement anti-émeute et a jeté des gaz lacrymogènes pour pousser les personnes assises à l’extérieur à rentrer chez eux se mettre à l’abri.
Nicoleta Vișan, une compagne du mouvement pour le droit au logement, raconte aussi les nombreux épisodes de violence policière raciste contre les Roms qu’on lui signale en ligne et dont les communautés de Bucarest et alentours sont les victimes. Elle parle notamment des violentes descentes aléatoires de police au domicile de Roms. Sous prétexte de discipliner des éléments incontrôlés ne respectant pas les mesures de distanciation, l’État a renforcé sa position anti-Rom, passant à un niveau supérieur de violence physique directe. Outre la brutalité policière, le racisme ouvert contre les Roms s’est traduit par des restrictions d’accès aux services publics par les municipalités et par une recrudescence des représentations stéréotypées et déshumanisantes dans les médias. Les militant.e.s du droit au logement de la région ont exprimé leur inquiétude quant à l’augmentation de la surveillance et de la répression et à une réorganisation complète de la violence exercée par les forces de l’ordre. Les personnes qui y sont exposées en première ligne à sont les mêmes qui sont déjà déjà poussées à’intersection de diverses injustices.

C’est le cas des habitants de la communauté de Cantonului, près de la décharge de la ville de Cluj. Parmi eux, des agents de nettoyage cherchent depuis deux ou trois ans à monter un syndicat. Pendant l’état d’urgence, leur situation s’est précarisée de plus en plus. Si l’on considère principalement les heures supplémentaires, la nouvelle législation a réduit le maximum autorisé et beaucoup étaient renvoyés chez eux sans savoir s’ils seront payés, mis au chômage technique ou licenciés. Les efforts de ces travailleurs pour se syndiquer sont rendus inutiles avec la nouvelle législation sur l’état d’urgence, qui suspend tous les droits d’organisation ou de grève.

Pour ceux qui endurent déjà une injustice intersectionnelle, la crise peut sembler simplement peser davantage comme le dit Nicoleta Vișan. Si nous voulons placer les expériences et les perspectives des organisateurs et travailleurs au premier plan de nos luttes, nous devons changer le récit de la crise : contrairement à ce que prétendent les récits dominants, nous ne vivons pas du tout des temps extraordinaires mais juste une nouvelle étape du vrai visage du capitalisme.

L’espace genré de la maison

L’espace de la maison a longtemps été identifié comme un champ de bataille dans la littérature et les organisations féministes. La crise actuelle a ajouté une nouveau degré de tension. Le capitalisme repose sur du travail domestique non rémunéré, aussi le nouveau capitalisme coronavirus compte désormais sur l’espace domestique pour compenser la violence déclenchée par la pandémie. La crise du logement déjà existante n’a fait que mettre en lumière la dureté des conditions de vie dans une maison surpeuplée ou du non accès à des services essentiels.

Les contraintes spatiales à domicile jour après jour ont signifié de faire face 24 heures sur 24 à des conditions de vie en surpopulation aigües. Deux conséquences majeures s’en sont suivies : une augmentation du travail reproductif social et une augmentation de la violence domestique. Comme les écoles et jardins d’enfants ainsi que d’autres entités de reproduction sociale étaient fermées, les besoins des membres du ménage ont dû être satisfaits différemment. Face à l’incapacité de l’État et des structures sociales de s’occuper de leurs membres en période de crise, les femmes sont encore une fois celles qui fournissent du travail domestique pour suppléer à ce manque. Ajoutons à cela l’augmentation de la violence domestique due aux mesures de confinement. Le domicile n’est donc pas un acquis ni un lieu sûr quand il y en a un.

Alors que la dimension politique du logement est devenue plus visible à travers l’aggravation de la crise du logement, les femmes sont aussi souvent au premier rang dans l’organisation de la vie domestique. Ces deux conditions se sont superposées au cours des derniers mois, rendant la dimension genrée de l’injustice en matière de logement plus visible. Si l’on garde à l’esprit le nombre élevé de nouveaux chômeurs parmi les femmes, l’observation de Vișan selon laquelle la crise actuelle a entraîné une pression quatre fois plus élevée pour les femmes semble terriblement juste.

L’ancienne ou la nouvelle «normalité»

Pour les sociétés que l’on considère perpétuellement en transition vers la civilisation capitaliste, comme c’est le cas des sociétés post-socialistes de la CEE, une crise est toujours vécue comme un douloureux pas de géant en arrière. Cependant, ceci n’est qu’un récit de plus au service de l’idée importée que l’Occident serait la société idéale à laquelle aspirer. Ce que l’analyse et l’organisation du mouvement local du droit au logement démontrent, c’est que la crise actuelle n’est qu’une nouvelle opportunité pour le capitalisme de se réorganiser. La région, régie par des valeurs capitalistes hégémoniques, place la propriété privée à la base de ses critères moraux : vous vivez dans un logement décent, vous devez être une bonne personne / vous vivez dans un logement surpeuplé ou n’en avez pas, il doit y avoir quelque chose de mal et de malfaisant chez vous. Dans cette ambiance, demander la réquisition publique des bâtiments et des hôtels vides, exiger des logements publics et sociaux et le logement immédiat des surpeuplés et des sans-abri passe pour la propagande communiste. Il semble tirer la société vers l’ère oubliée du socialisme réel.

Avec le consensus existant de tout l’éventail des partis politiques au pouvoir sur une position anticommuniste, de telles demandes sont pratiquement ignorées. Dans ce qui ressemble à un étrange déjà-vu de 2008, le gouvernement donne la priorité à maintenir le marché immobilier à flot, en essayant d’éviter de nouveaux effondrements dramatiques des prix. Fonctionnant comme de simples assistants à la circulation des capitaux au service de l’élite des entreprises, les gouvernements du monde entier ont concentré leurs interventions sur le maintien de la «normalité» de la crise du logement déjà existante. Dans ce contexte, l’analyse de la politique du logement s’est avérée essentielle pour comprendre les tendances de la réorganisation en cours du capitalisme.

En Roumanie, les discussions sur la «reprise économique» servent de prétexte à une militarisation et à un maintien de l’ordre accrus ainsi qu’à un soutien à l’accumulation continue du capital international . Toute allusion à la protection sociale, au soutien aux travailleurs ou à une politique de droit au logement est considérés comme populiste, ignorante ou communiste. Une différence importante par rapport à la crise de 2008 est la dépendance accrue de l’État envers l’industrie militaire. Au mieux, le retour à la «normale» annoncé par le gouvernement est un effort concentré pour revenir au business, c’est-à-dire aux conditions normales d’exploitation, de marginalisation et de violence.

Pendant ce temps, les militant.e.s du droit au logement partout dans le monde dénoncent le nouvel arrangement du capital immobilier et réclament que vienne l’heure pour les riches de payer pour ce qu’ils ont volé au moyen de l’exploitation du travail, de la spéculation immobilière et des privatisations. Construire des alliances transnationales et inter-mouvements semble plus important que jamais, si nous voulons éviter que 2020 ne soit une nouvelle page de l’histoire des désastres du capitalisme.

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PAR : Vea Popovici
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