La loi de 1905 entérine la séparation des Églises et de l’État, et, par là même, la laïcité comme principe d’organisation de l’État.

Pas de quoi sauter au plafond pour les anarchistes, et cela à double titre.

D’une part, en tant qu’anarchistes, nous nous déclarons athées et peu nous chaut que les différentes Églises soient séparées de l’État, puisque ce sont pour nous deux réalités à combattre.

D’autre part, ce n’est pas le vote d’une loi qui nous dicte notre propre éthique, nos principes de vie en accord avec notre conscience.

Mais, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, en France en 2025, nous subissons au quotidien, et les lois, et l’État, et les diverses religions qui tentent de s’incruster dans la vie de tous les jours. Qu’on pense aux motivations des Bolloré et autres Stérin, dont la stratégie de construction d’une hégémonie culturelle est basée sur un hypercatholicisme. Le puant milliardaire Stérin veut consacrer l’intégralité de sa fortune au « redressement de la France et à la promotion du Christ ».

On voit qu’on est loin de la société libertaire.

Mais, au fait, quand on la mettra en place, faudra-t-il convertir de force tous ces croyants à l’athéisme ? Que fera-t-on de tous ces cathos, juifs, bouddhistes, musulmans et autres orthodoxes ?

Ne devrait-on pas s’appuyer sur ce principe de laïcité et le faire évoluer en y intégrant les questions de lutte contre les dominations, de liberté, de justice sociale ? En le rapprochant de nos principes anarchistes ?

Doit-on ignorer ce débat et se contenter d’un instrument politique de neutralité bienveillante et d’ordre républicain ?

Car, prenons y garde, si nous ne nous emparons pas de la réflexion et du débat sur ce sujet, la neutralité affichée risque bien d’aboutir à la neutralisation des libertés de conscience et d’expression. À la neutralisation de la liberté.