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Théories politiques
par Elena Martinez le 21 février 2021

Ecoféminisme et révolution sociale

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Traduction Monica Jornet Groupe gaston Couté FA




Ces jours-ci, tandis que j’écrivais, j’ai fini de planter dans mon potager et j’observe les tomates, poivrons, courgettes et blettes, un peu étiolées lorsqu’elles étaient en pot, pousser et reverdir à présent en pleine terre quand je les arrose.
Des idées me traversent l’esprit, souveraineté alimentaire, écoféminisme, Rojava. Ce sont des journées étranges et observer ce petit potager et le voir pousser, m’aide aussi à mieux supporter cette situation qui semble n’en jamais finir [le confinement et la pandémie Covid 19]. C’est comme s’accrocher à la vie, comme si cette petite expérience me faisait vivre plus intensément ce lien si important avec la terre et avec le reste de l’humanité.
Le terme écoféminisme est né il y a déjà 44 ans. Et c’est une femme qui l’a créé, de plus elle était anarchiste : Françoise d’Eaubonne, fille d’une Aragonaise et d’un anarcho-syndicaliste français, fait du lien entre le souci de l’environnement et l’égalité hommes femmes le fondement d’une nouvelle société. L’écrivaine et penseuse française introduit également dans son livre "Le féminisme ou la mort", le terme "Phallocratie". "La Phallocratie est le fondement même d’un ordre qui ne peut qu’assassiner la Nature au nom du profit, s’il est capitaliste, et au nom du progrès, s’il est socialiste". Ni plus ni moins.
[...] Le droit des peuples à s’alimenter et à décider de ce qu’ils veulent produire, est incompatible avec les politiques néolibérales qui donnent la priorité au commerce international. Le système agricole ne cherche pas à alimenter les personnes mais à produire davantage. Il n’a absolument pas contribué à éradiquer la faim dans le monde. Au contraire, il a augmenté la dépendance des populations envers les importations agricoles et renforcé l’industrialisation de l’agriculture, mettant ainsi en péril le patrimoine génétique, culturel et environnemental de la planète, ainsi que notre santé.
Le rôle des femmes dans la défense de l’environnement dans des endroits aussi emblématiques que l’Amérique latine a été déterminant. On pourrait même dire que de ce côté-ci du monde il y a eu une féminisation des luttes sociales. Le mouvement féministe en Argentine, ou des noms comme celui de Bertha Cáceres, féministe et environnementaliste du Honduras, placent très haut le rôle important de l’écoféminisme pour s’organiser face au nouvel ordre mondial qui se prépare.
Les principes de l’économie sociale ont pour objectif d’augmenter les ressources des sociétés au lieu de les exploiter, et les principes de l’égalité garantissent que la révolution sera féministe ou ne sera pas.
Cependant cela ne veut pas dire que nous devions devenir les salvatrices du monde, ni qu’il faille revenir au vieux concept de retour de la femme au foyer ou à une mystique de la maternité. Bien au contraire. Nous voulons participer sur un pied d’égalité, en bâtissant la paix. C’est le modèle social actuel qui nous inonde de modèles genrés : les tâches domestiques, les soins. Il n’y a rien qui empêche les hommes de développer des capacités pour ces tâches avec au moins autant de bonheur et d’affection que n’importe laquelle d’entre nous. C’est seulement le discours du pouvoir qui adapte les genres à son gré et en fonction de ses intérêts. On cherche à mettre en avant l’individu face au collectif, la concurrence au lieu du partage et de la coopération, mais il faut prendre un autre chemin.
[...] Nous ne pouvons rester sans réagir. Nous, les anarchistes, savons parfaitement que si nous nous organisons, nous pouvons obtenir l’impossible. Nous n’avons rien à démontrer, juste à montrer. Les collectivités nées en 1936 sont un exemple de Révolution Sociale qui a bouleversé le monde. À présent, notre regard prend une teinte violette et se gorge de vie. C’est pourquoi, dans nos messages, entre nos lignes, se glisse aussi ce mot qui, comme tant d’autres, a adopté le préfixe "éco". Écoféminisme. Écologie et Féminisme. Deux ingrédients qui nous indiquent un nouvel horizon. Comme au Rojava. Il ne nous reste plus qu’à passer à l’action.

Dossier CNT nº 424. Écologie Sociale

PAR : Elena Martinez
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le 23 février 2021 00:01:38 par Philippe

Les sophismes ne font pas peur...