Nous publions, et publierons, des témoignages de personnes qui travaillent malgré le confinement, le covid-19 et le mal être qui en découle. Ces témoignages ont été recueillis par le groupe Graine d’Anar de Lyon. Merci à lui.

Salut c’est King’s Queer !
On est un duo electro post punk. Donc nous sommes musicien.ne.s. C’est notre vrai métier, on ne vit que de cela. Nous sommes professionnel.le.s mais pas intermittent.e.s comme une grande partie des artistes. Être intermittent.e c’est compliqué, très compliqué. C’est rentrer dans un système « institutionnel » pas très adapté surtout si tu es dans un réseau de lieux autogérés, petites salles, bars, assos, etc.

Du coup tu te retrouves à toucher de l’argent seulement quand tu te produis. Tu joues pas : tu n’as rien. Pas de chômage, aucun parachute de secours… On était toujours sur la corde raide, chaque mois on serre les dents mais ça va, on arrivait à se débrouiller à coups de système D. C’est le prix de la liberté de création, d’action et de diffusion, qui nous est primordial.

En plus on faisait partie des groupes qui tournaient bien…On dit qui « tournaient » car depuis début mars tous nos concerts sont annulés pour un sacré bout de temps…

Et là c’est la banqueroute, pas de pécule de côté et aucune solution, aucune aide !

Du coup on ne peut plus payer notre loyer, nos charges etc.

Bref survivre… De surcroît c’est l’essence même de notre vie qui est mise entre parenthèses… On se retrouve comme des cons ( comme pas mal d autres personnes) avec un avenir des plus délirants : allons-nous disparaître ? Que va-t- il advenir du spectacle vivant ? Un spectacle d’écran ? Peut-être…

Mais il nous faut un peu de temps pour s’adapter, trouver d’ autres chemins de traverse… Se réinventer dans ce futur proche qui s’annonce.

Comment humaniser notre métier basé sur l’énergie collective dans la distanciation sociale ? Des tonnes de questions se posent à nous… On cogite, on cogite dans le chaos de l’instant présent…

De plus nous sommes sans cesse sollicité.e.s pour un concert, un set DJ sur les réseaux sociaux, à la fenêtre, une compilation de soutien etc.

C’est super chouette, car en ces instants pas du tout évidents pour personne, c’est primordial de partager, de faire du bien, de se remplir, de donner…Mais il y a une chose qui est quand même étrange et qui nous dérange : toutes les personnes qui travaillent à l’heure actuelle touchent un salaire, même bas, ce qui est tout à fait normal et heureusement ! Mais nous les artistes on doit tout produire gratuitement ? Pourquoi ? Oui pourquoi ?
Du coup on a mis en place un système de « chapeau virtuel », une manière de faire un don lors d’un de nos sets dj ou émissions de radio ou autre autre afin d’être rémunéré.e.s et ce qui permet de nous aider à garder la tête hors de l’eau mais pour combien de temps…
Suite au prochain numéro ha ha… en tout cas merci à toutes les personnes qui sont là, la king’s queer family qui nous soutient… Et comme on dit chez nous : Amours et révoltes !