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Arts et Spectacles
par Alfredo Fernandes le 3 juin 2019

Alcheringa

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Qu’elle signification peut encore avoir de nos jours le fait de se dire ou se revendiquer du surréalisme ? C’est la question que me posa un ami à la réception de ce premier numéro de la revue, du groupe surréaliste de Paris, intitulée Alcheringa. Autrement posée, la question reviendrait à se demander la place que dans nos vies, enserrées peu ou prou dans le carcan des aliénations produites par la société capitaliste, nous faisons à la révolte et à l’utopie, donc à la poésie, qui sont les seules pourvoyeuses de sens ? La réponse se trouve, bien sûr, dans la revue.





En levée de rideau, c’est justement par le mot révolte que Guy Girard nous invite à entrer par une PORTE-FENÊTRE ouvrant, loin devant, sur la critique d’une société dominée par la marchandise, société -hélas- de nous connue, en laquelle l’être se réduit à l’avoir. Mais, ainsi que nous le suggère le titre même de la revue (Alcheringa est un mot issu d’une langue des aborigènes australiens qui signifie : le temps des rêves.), il n’est pas question de s’en tenir à un constat faisant la part belle à un pessimisme de confort et par trop propice à tous les replis et toutes les désertions. Car, à travers les voix de ses participants, c’est bien pour une communion de la pensée critique avec la pensée poétique que la revue toute entière plaide. Ce qui, au moins sur ce point, la place dans la continuité de ce que le surréalisme a toujours voulu être.

De même que « le réel est tout ce qui excède la réalité », le surréalisme fut et demeure ce cri de l’esprit où la poésie, sous toutes ses formes, déborde le poème de toutes parts. Les jeux collectifs, ici l’interprétation à plusieurs voix d’un même rêve, là les collages dont quelques spécimens, pour notre grand plaisir, se donnent à voir et, plus encore ces récits de rêves qui, de-ci de-là émaillent la revue, bref tout ce qui ressort d’une pratique autre et collective de la poésie vient témoigner de ces débordements salutaires où l’imagination est, en effet, la reine de nos facultés.

Nous avons dit que dans le surréalisme la poésie débordait le poème. Cela ne signifie nullement que le poème, en tant que tel, serait devenu désuet ou superflu. Le beau et énigmatique poème d’Ana Orozco intitulé « Je défais la laine » en est la confirmation. A son tour, Joël Gayraud, dans son article « Aimer comme rêver », nous invite à reprendre ou poursuivre une méditation sur l’amour qui serait comme la continuation de la poésie par d’autres moyens. Plus loin encore, c’est autour de Claude Lucien-Cauët de questionner la notion d’automatisme dans l’œuvre du peintre Rik Lina.

Abondamment illustrée, la revue Alcheringa se place résolument sous le signe du rêve lequel, nous le savons, est l’horizon de tous les possibles. Ainsi, d’Elise Aru, Michèle Bachelet, Hervé Delabarre, Michel Zimbacca, S.D.Chrostowska à Michael Löwy (tous les participants ne sont pas ici cités), la Sublime Porte des rêves, où l’utopie se conjugue avec la liberté, est bien cette ouverture donnant sur de futures aurores boréales.

Alfredo Fernandes
Revue en vente à la Librairie-Publico.
Pour tout contact : alcheringa.revue@gmail.com
PAR : Alfredo Fernandes
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